Comme annoncé il y a tout juste un mois, les syndicats du secteur de l’énergie CFDT, CGT, CFE-CGC et FO, ont organisé mardi 13 mars 2018 un mouvement de grève afin de dénoncer l’ouverture à la concurrence des concessions hydrauliques françaises. Près de 400 salariés de barrages hydrauliques ont manifesté devant le Parlement européen à Strasbourg, et appelé à « enrayer » le projet « néfaste » d’ouverture à la concurrence souhaité par Bruxelles.
Si le gouvernement semble confiant pour l’avenir de la filière hydroélectrique française, les syndicats et salariés des centrales hydrauliques sont eux très inquiets et manifestent régulièrement aux quatre coins de la France. Un nouveau mouvement de grève était organisé ce mardi 13 mars 2018 devant le Parlement européen de Strasbourg et dans une vingtaine de barrages hydroélectriques à travers la France, afin de dénoncer la mort annoncée du service public énergétique et l’iniquité de cette mise en concurrence pour le premier exploitant français EDF.
« La gestion des barrages et surtout de la ressource en eau ne peut pas être soumise à la concurrence et à la loi du marché. On risque de déprécier ce bien essentiel à la vie en faisant sortir le service public du jeu », a déclaré à l’AFP Jean-Yves Segura, délégué syndical FO. En prenant à parti les députés européens devant le Parlement, l’intersyndicale espérait notamment les convaincre de « bloquer le processus » de mise en concurrence au nom de la sûreté des installations hydrauliques. Les syndicats craignent en effet que la privatisation des barrages se traduisent rapidement par une nouvelle répartition des capitaux réservés à la sécurité et à la sûreté des ouvrages vers une rétribution croissante des actionnaires privés ou des fonds de pension.
Propriétés à 100% de l’État, les barrages sont actuellement concédés en très grande majorité à EDF, qui détient environ 85% de la puissance installée, et à Engie, via ses filiales, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et la Société hydroélectrique du Midi (Shem). La Commission européenne a mis en demeure la France, en octobre 2015, d’ouvrir à la concurrence toutes ces concessions, mais aucun accord n’a été trouvé à l’heure actuelle entre le gouvernement français et Bruxelles sur les conditions de mise en oeuvre de cette concurrence. Nicolas Hulot s’est d’ailleurs voulu rassurant en affirmant récemment que la France resterait « ferme » dans les négociations en cours.
Crédits photo : FO (Twitter)