Entre la remise en cause de l’accord de Paris sur le climat, la levée des restrictions à la production d’énergies fossiles et la suppression de l’Agence américaine de protection de l’environnement, la politique climatique et environnementale de Donald Trump est à l’image du futur 45ème président des Etats-Unis : brutale et rétrograde.
La fin de la lutte contre le réchauffement climatique a-t-elle sonné avec l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche ? Mercredi 9 novembre, au petit matin, alors que le monde se réveille – ou s’endort – abasourdi, la question se pose. Car celui qui, début 2017, deviendra le 45ème président des Etats-Unis, est loin d’avoir un programme vertueux en la matière. C’est un euphémisme.
La politique du futur “homme le plus puissant de la planète” – bien que le titre fasse débat – en matière d’environnement et de climat tient en effet en un terme : “climatosceptique”. Pire qu’un statu quo – ce qui serait déjà catastrophique -, Donald Trump promet, dès son arrivée à Washington, de faire machine arrière. L’accord de Paris sur le climat, arraché l’an dernier pour maintenir la hausse des températures globales à 2 °C ? Balayé d’un revers de main. Et ce alors même que la Conférence des parties qui se tient en ce moment à Marrakech (COP22) cherche à mettre en actions la COP21. Ségolène Royal, la ministre française de l’Environnement et présidente de la Conférence de Paris, s’est à ce titre voulue rassurante : Donald Trump “ne peut pas, contrairement à ce qu’il dit, dénoncer l’accord de Paris”. Ses intentions n’en sont pas moins néfastes.
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Sous le mandat du milliardaire, les Etats-Unis annuleront dès lors les aides colossales initialement prévues aux Nations unies pour financer les programmes de lutte contre le changement climatique. Le projet américano-canadien décrié d’oléoduc Keystone XL, auquel Barack Obama avait mis son veto en février 2015, sera naturellement relancé. Pour l’abreuver ? Des hydrocarbures issus des sables bitumeux de l’Athabasca, au Canada ; un type de pétrole non-conventionnel dont l’extraction est extrêmement émettrice de gaz à effet de serre.
En matière d’or noir, Donald Trump espère également voir produits en masse les hydrocarbures de schiste, alors que les Etats-Unis sont devenus, l’an dernier, le premier producteur de pétrole au monde grâce à la roche de schiste. Il lèverait pour ce faire toutes les restrictions à la production d’énergies fossiles. L’Agence américaine de protection de l’environnement, rattachée au gouvernement, ne sera d’ailleurs plus là pour s’y opposer : le futur chef de l’Etat devrait la supprimer peu après sa prise de fonctions.
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Quoi de plus surprenant. Donald Trump a toujours affirmé qu’il plaçait la relance de l’économie – en jouant la carte du protectionnisme… – au-dessus de la défense de l’environnement. Des gaz à effet de serre plutôt que l’arrêt d’un pipeline ; la hausse du thermomètre planétaire plutôt que la fin des énergies fossiles. L’homme d’affaires serait ainsi moins contempteur de la protection environnementale que pro-business farouche. Mais de là à dire qu’en matière de climat il est un faux sceptique, non. Fosse septique, à la rigueur.
Mise à jour 09.11.2016, 12h30
Crédits photo : AP photo/LM Otero