En 2025, la consommation de charbon en Chine devrait atteindre son sommet avant d’amorcer un déclin progressif. Ce basculement, bien que prévisible, est le résultat d’efforts significatifs engagés par Pékin pour réorienter son mix énergétique. Pourtant, ce tournant stratégique soulève des interrogations sur sa capacité à répondre simultanément à ses besoins économiques et à ses engagements climatiques. Retour sur les défis et opportunités qu’offre cette étape cruciale.
Un apogée énergétique inscrit dans un contexte de transformation
Depuis des décennies, le charbon constitue la pierre angulaire du développement économique chinois. En 2023, il représentait encore plus de la moitié (57 %) de la consommation énergétique nationale. Cependant, le gouvernement a pris des mesures drastiques pour réduire sa dépendance à cette ressource polluante. En témoignent les chiffres récents : les autorisations pour de nouvelles centrales au charbon ont chuté de 83 % au premier semestre 2024, tandis qu’aucun projet majeur utilisant cette source n’a été validé dans l’industrie sidérurgique.
Ce changement résulte notamment d’une stratégie ambitieuse qui mise sur les énergies renouvelables. Pékin a déjà atteint, avec six ans d’avance, ses objectifs en matière d’énergies solaire et éolienne. Toutefois, cette mutation énergétique s’accompagne de défis structurels pour le pays.
L’après-2025 : une lente transition énergétique à confirmer
Alors que le charbon amorcera son déclin après 2025, les perspectives à moyen terme restent contrastées. Selon un rapport du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), la baisse des émissions de carbone pourrait être plus lente que prévu, laissant planer le doute sur une réelle rupture avec les énergies fossiles.
La consommation globale d’énergie en Chine continue de croître à un rythme supérieur à celui de son PIB. Cette tendance pourrait ralentir l’impact des énergies renouvelables, malgré des investissements massifs dans le secteur.
Enjeux principaux :
• Économiques : Le charbon reste une ressource clé dans plusieurs provinces comme le Shanxi, où des milliers d’emplois sont en jeu. La reconversion industrielle sera essentielle pour éviter des crises sociales locales.
• Technologiques : Pékin devra intensifier ses recherches dans le captage et le stockage du carbone pour compenser une transition énergétique qui pourrait s’échelonner sur plusieurs décennies.
• Climatiques : Le pays vise toujours la neutralité carbone d’ici 2060, mais les experts pointent une potentielle augmentation des émissions jusqu’à 2030.
Un impact géopolitique et économique majeur
Le pic de charbon chinois marque également un tournant pour le marché mondial de l’énergie. La Chine, en tant que premier consommateur et importateur de charbon, influence directement les prix et les dynamiques géopolitiques associées. Une baisse de sa demande pourrait, par effet domino, affecter les économies fortement dépendantes des exportations de charbon, comme l’Australie et l’Indonésie. Par ailleurs, ce tournant offre à Pékin une opportunité unique de renforcer son leadership dans le domaine des énergies renouvelables. Déjà pionnière dans la production de panneaux solaires et de batteries, la Chine pourrait accélérer son positionnement sur ces marchés en pleine expansion.
Si le pic de charbon de 2025 est une étape importante, il ne marque que le début d’une transition énergétique complexe. Pour réussir, Pékin devra accélérer le déploiement des énergies propres, restructurer ses industries énergivores et instaurer des politiques incitatives plus fortes. Sur le plan international, le rôle de la Chine dans la lutte contre le réchauffement climatique restera scruté de près, d’autant que ses actions influenceront directement les ambitions globales de l’Accord de Paris. Pour les observateurs, cette transition ne se jouera pas uniquement sur le terrain des technologies, mais également sur celui des politiques publiques et des choix économiques. La question reste entière : la Chine réussira-t-elle à maintenir une croissance durable tout en réduisant significativement son empreinte carbone ?
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