Comme l’indique le bilan du gestionnaire du réseau électrique français RTE, le premier semestre de 2024 a marqué un tournant décisif dans le paysage énergétique français. La production d’électricité a atteint 272 TWh, un niveau inégalé depuis les crises de 2019 et 2022. Cette performance exceptionnelle est principalement attribuable à l’hydroélectricité, qui est devenue la principale source d’énergie renouvelable en France. Toutefois, cet essor met en lumière l’urgence de moderniser le réseau électrique français, un défi majeur pour les années à venir.
Grâce aux fortes précipitations de ces derniers mois, les barrages hydrauliques ont été remplis à 89 % de leur capacité fin juillet 2024, ce qui a permis une augmentation de 37 % de la production d’électricité d’origine hydraulique par rapport à 2023. L’hydroélectricité a ainsi dépassé les autres sources d’énergie renouvelable, notamment l’éolien (25,5 TWh) et le solaire (11,4 TWh), pour devenir la pierre angulaire du mix énergétique français.
Selon Xavier Casiot, président de France Hydro Électricité, interrogé par Europe 1 : « l’hydroélectricité coche toutes les cases, à la fois pour une production de base et pour répondre aux pics de demande ». Cette flexibilité unique qui en fait un atout majeur pour le réseau électrique. Toutefois, comme tient à le souligner auprès du Figaro Alexandre Cosquer « il est encore trop tôt pour dire si 2024 sera un bon cru pour l’hydroélectricité. Les neiges ayant fondu, la suite dépend des précipitations à venir. »
Si l’augmentation de la production d’électricité renouvelable est une avancée positive, elle met en lumière un problème majeur : la vétusté et l’insuffisance des infrastructures actuelles. Le Réseau de Transport d’Électricité (RTE), en avril 2024, avait estimé que plus de 100 milliards d’euros seront nécessaires d’ici 2040 pour moderniser le réseau électrique français, un montant bien supérieur aux 33 milliards d’euros qui étaient initialement prévus en 2019 pour l’échéance de 2035. Comme l’indique en effet le gestionnaire du réseau français, l’âge moyen des liaisons aériennes est de 55 ans, et parmi elles, environ 20 % dépassent les 70 ans.
Le réseau doit non seulement être rénové pour remplacer les équipements vieillissants, mais aussi être adapté pour intégrer les énergies renouvelables, dont la production est généralement décentralisée. Il est donc impératif et urgent que le réseau électrique français se modernise et que de nouvelles lignes de transmission soient créées. En effet, le gestionnaire du réseau français RTE estime que la consommation d’électricité en France passera de 430 TWh en 2021 à plus de 530 TWh en 2050, ce qui équivaut à la production de 15 réacteurs nucléaires.
Les investissements nécessaires pour moderniser le réseau auront un impact direct sur la facture des consommateurs français.
RTE prévoit de financer ces travaux par le biais du Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité (TURPE), une taxe qui représente 30 % de la facture des Français et 90 % des revenus d’Enedis, l’organisme en charge de la modernisation du réseau électrique français. RTE estime ainsi que les recettes du TURPE devront être triplées d’ici 2028 pour atteindre 6 milliards d’euros par an. Bruno Le Maire avait pourtant promis que le prix de l’électricité serait réduit de 10 à 15 % d’ici à février 2025, une promesse qui, rappelons-le, avait été faite en juin 2024, soit en pleine période des élections législatives…
COMMENTAIRES
Comme dit justement dans l’article, les 100 Mds € demandés par RTE pour « moderniser » (en fait pour transformer) le réseau électrique sont essentiellement dus aux énergies des éoliennes et des panneaux solaires, répartis sur le territoire au lieu des grandes centrales hydrauliques ou nucléaires centralisées (comme leur nom l’indique).
D’où la question : pourquoi se lancer tête baissée dans ces énergies intermittentes alors que le nouveau nucléaire (EPR) ne coûtera « que » 56 Mds € ? Certes il ne sera disponible que quelques années la construction des parcs éoliens (en mer notamment) mais on peut facilement attendre en construisant quelques centrales au gaz qui ne serviront ensuite qu »’en secours.
D’autant que les énergies intermittentes sont sont en berne (pas de vent ni soleil) lors des pics de consommation.