Adresse aux parlementaires : le vote de la loi d'accélération des éoliennes serait une nouvelle erreur historique - L'EnerGeek

Adresse aux parlementaires : le vote de la loi d’accélération des éoliennes serait une nouvelle erreur historique

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Vous vous apprêtez à voter ce mardi 10 janvier pour ou contre la loi d’exception proposée par le gouvernement et visant notamment à accélérer l’implantation d’éoliennes.

Cette loi, si elle était adoptée, serait une nouvelle erreur historique pour notre pays après celle, il y a 10 ans, de l’abandon progressif du nucléaire. Depuis le choc pétrolier et le plan Messmer de 1974, la France a accéléré sa souveraineté énergétique en développant un mix électrique basé sur ses 58 réacteurs nucléaires et ses barrages. Grace à ce mix nucléaire/renouvelable pilotable – qui a largement fait ses preuves – notre pays a, au cours des années, diminué sa dépendance aux énergies fossiles et est devenu un des pays les plus exportateurs d’électricité dans le monde lui permettant de financer ses importations de pétrole ou de gaz.

Cette solution a contribué à assurer la compétitivité de nos entreprises et à baisser la facture d’électricité des français qui, jusqu’à l’année dernière, était une des moins chères de l’Union européenne. La loi de baisse du nucléaire à 50% du mix électrique, la loi de libéralisation des éoliennes de 2013, la fermeture symbolique de Fessenheim, l’arrêt du projet Astrid, ont contribué au délaissement de notre fleuron industriel nucléaire, ainsi qu’à un développement incontrôlé des éoliennes dans nos campagnes et nos littoraux.

Ces dernières n’ont produit en 2020 que 1,6% du mix énergétique primaire consommé en France selon les chiffres du ministère de l’Écologie face aux 40% produit par les centrales nucléaires. Pour autant notre parc nucléaire aura coûté 90 milliards et les éoliennes entre 100 et 150 milliards d’euros facturés aux consommateurs ou aux contribuables auxquels il convient d’ajouter les 100 milliards d’euros annoncés par Xavier Piechazyck, Président de RTE pour le raccordement de celle- ci au réseau. Pour justifier l’accélération de leurs installations, l’objectif affiché par l’Union européenne et le gouvernement était d’assurer notre décarbonation.

Cela n’a aucun sens car associer ou remplacer le nucléaire décarboné par une électricité intermittente qui doit être couplée à une centrale thermique au gaz ou au charbon n’a aucun bienfait climatique. Pire, les pays qui ont choisi ce modèle voient leurs émissions de gaz à effet de serre exploser. C’est ainsi que l’Allemagne qui a le record d’éoliennes fait fonctionner à plein régime ses centrales au charbon au moment où il n’y pas de vent. Résultat : en 2022, notre voisin avec 500 gCO2eq/kWh* a émis 5 fois plus de gaz à effet de serre que la France avec 100 gCO,eq/kWh**source Electricitymap.org). Sans compter les particules fines contenant uranium et mercure projetées dans le ciel européen. Alors, voulons-nous prendre comme modèle le mauvais élève de l’Union Européenne ?

Cette politique d’accélération en France des énergies intermittentes est dramatique pour notre pays qui est un des plus vertueux en Europe pour sa politique climatique. Conscient de ce paradoxe, le gouvernement se justifie en nous faisant croire que l’installation d’éoliennes ou de panneaux solaires assureraient notre souveraineté énergétique. Vaste illusion ! Si le vent ou le soleil sont bien exploités en France, aucun des outils industriels nécessaires pour produire cette électricité intermittente n’est conçu ou construit par des entreprises françaises. L’essentiel des panneaux solaire sont produits en Chine, 65% des éoliennes terrestres installées en France sont allemandes et 30% danoises. Et encore les très graves difficultés financières des fabricants d’éoliennes Général Electric, Vestas ou Siemens- Gamesa, qui perdent actuellement des milliards d’euros, font craindre un nouveau dumping de la Chine sur cette filière.

À court d’arguments, le gouvernement insiste : les éoliennes pourraient être rapidement implantées en attendant les nouvelles centrales nucléaires plus longues à installer. Cela ne tient pas la route. Pour produire l’équivalent de la seule centrale nucléaire de Bugey installée sur 1km2 il faudrait 13 fois la centrale de 80 éoliennes installée sur 80km2 au large de la Baule (l’équivalent de 1.000 éoliennes en mer sur 1.000 km2 ou 5.000 éoliennes sur terre soit les deux tiers de celles deià installées en France). Dans ce contexte de crise énergétique, il est d’ailleurs incroyable d’apprendre que le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Fessenheim a été rendu définitivement inutilisable par lessivage et que le réacteur 2 est susceptible de subir le même sort ce mois-ci.

Tout cela n’est pas sans susciter chez nos concitoyens une indignation considérable d’autant que cette loi avançant des objectifs écologiques supprime en réalité toute protection des espèces protégées. Elle prévoit en effet de stériliser tout recours sur le fondement de la défense de la biodiversité au prétexte que le déploiement des éoliennes s’intégrerait dans un intérêt général majeur. Comment envisager que des élus de la République progressistes et écologistes puissent cautionner une telle loi, véritable forfaiture environnementale ? N’en déplaise aux lobbys de la filière éolienne à la manœuvre, voter cette loi consisterait, en pleine crise énergétique, à accoler son nom à un texte indigne de la grande histoire de notre pays et de sa souveraineté énergétique, fierté des Français.

Rédigé par : Fabien Bouglé

Fabien Bouglé
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COMMENTAIRES

  • Remarquable défense du Nucléaire. Malheureusement, il est à craindre que comme pour le pétrole et le gaz, l’approvisionnement soit de plus en plus l’objet d’enjeux politiques et spéculatifs qui rendront la France beaucoup moins souveraine en matière d’énergie primaire et particulièrement pour l’uranium. Le propos me semble plus idéologique que raisonnable et économique.

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  • Connaissant ”un peu” le monde de l’énergie . Les propos du rédacteurs ne sont pas clairs ”Pour produire l’équivalent de la seule centrale nucléaire de Bugey installée sur 1km2 il faudrait 13 fois la centrale de 80 éoliennes installée sur 80km2 au large de la Baule (l’équivalent de 1.000 éoliennes en mer sur 1.000 km2 ou 5.000 éoliennes sur terre soit les deux tiers de celles deià installées en France)? Je peux vous aider, 1 réacteur de Bugey en forme tourne 7000 heures par an, il produit donc 6,3 TWh par an. Les éoliennes off shore ont un Kd d’environ 3000 heures en équivalent pleine puissance par an, donc pour produire 6,3 TWh il faut 2,1 GW d’éolien. Les éoliennes modernes d’aujourd’hui font 6 MW il en faut donc 2100/6 soit 350 . Chaque éolienne doit être distante de 1km de sa voisine ce qui fait une surface de 350 km2. Par ailleurs cette vision passéiste, avec des propos voulant démontrer coute que coute que décidément l’intermittence est une catastrophe est très contre productive. L’intermittence suppose du stockage, les technologies des batteries progressent énormément en même temps que leur coût diminue. Le nucléaire nous montre qu’il est à la merci du mode commun, et pour le nucléaire le mode commun est un catastrophe. Les tuyauteries du RIS sont le 3ème mode commun en 20 ans après les GV, les couvercles de cuve et quoi demain ? ) Le bon sens qui s’oppose au dogme, doit consister à diversifier largement les sources d’énergie donc le MIX sera nucléaire plus EnR plus stockage et bravo au gouvernement.

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  • Trop dogmatique, vue passéiste, pas d’intégration du multi-énergie et de la complémentarité des énergies et pour couronner le tout des chiffres tellement tordus qu’il sont faux.
    Vous perdez un abonné, trop dangereux de lire des articles sur votre newsletters si on ne maitrise pas le sujet.

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  • L’erreur historique a été de relancer le nucl avec la construction de 6 EPR2 dont personne ne sait ce que c’est et sur la seule foi de l’échec planétaire de L’EPR dont aucun n’a tenu ses engagements en terme de délai de construction et de budget de construction, invalidant de ce fait les projection du coût de production de l’électricité qui sera produite.
    Par a leurs les estimations de disponibilité de l’uranium à l’échelle mondiale à un coût supportable se limitent à une cinquantaine d’années et les EPR en projet ne sortiront de terre pour les premiers d’ici une quinzaine d’années au mieux pour les premiers et il leur faudra produire pour au moins 50 ans si ce est 60 si tout se passe bien pour les amortir comptablement, c’est donc déjà une erreur aujourd’hui. Une erreur que devront payer nos enfants et petits enfants, mais pas pour Macron qui avait besoin des voix des nucleophiles. Ces 6 EPR2 n’auront à terme que servis à la reelection de Macron qui, s’il avait vraiment cru au nucléaire au delà de l’apport électoral dont il a profité, auraient été commandes des son arrivée en 2017 puisque de toutes les façons il s’est passé de la caution de L’EPR de Flamanville.

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  • Un peu déçu de voir une tribune de Fabien Bouglé (anti-éolien notoire) sur votre site qui jusqu’ici m’avait fait l’impression d’être tout en nuance. En se basant sur les scénarios RTE on constate clairement que le nucléaire ne peut être l’unique option du mix électrique français et que les EnR ont pleinement leur rôle à jouer pour 2050.

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  • Et encore ces énormes et hideux moulins à vent qui défigurent le paysage très coûteux et inutiles les jours sans vent…A démanteler dans 20 ans.

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  • 1- le pétrole n’est pas fossile mais abiotique – 2 – les centrales nucléaires auraient pu être au thorium et non à l’uranium (professeur Edgar de nazare) et nous avons du thorium en France

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  • L’erreur c’est de ne pas l’avoir fait en arrivant en 2017, et la seconde erreur c’est d’avoir relancé le nucléaire sur la seule foi de l’échec mondial de l’EPR.
    Serge Rochain

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