Après les hausses successives du tarif réglementé de l’électricité en 2019, la tendance pourrait se prolonger en 2020. En effet, dès janvier 2020, les Français au tarif réglementé de vente (TRV) devraient enregistrer une nouvelle augmentation de 4%. Alors que la taxe carbone n’est pour le moment plus à l’ordre du jour, comment expliquer ce phénomène qui touche toute l’Europe ?
En 2019, la facture d’électricité a augmenté de 7,13%
Interrogé à la fin de son mandat, le médiateur de l’énergie Jean Gaubert assure : « Indépendamment de l’ouverture à la concurrence, on sait qu’on se dirige vers une période où l’énergie sera plus chère ». Et en effet, pour l’électricité, le TRV a augmenté de 7,13% en 2019, ce qui représente en moyenne une hausse de 180 euros pour les ménages qui se chauffent à l’électricité, et une hausse de 90 euros pour les autres…
D’après le rapport annuel de l’Agence européenne de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) publié le 11 novembre 2019, « sur la période 2012-2018, la baisse des prix de gros dans l’UE n’a pas entraîné une baisse des prix des ménages ». De plus, d’après Véronique Le Billon, la réforme du système d’échange de quotas d’émission de carbone a accentué la hausse des prix.
Quelle explication pour la hausse des prix de l’électricité en janvier ?
En France, avec le mouvement des Gilets Jaunes, la hausse de la taxe carbone est temporairement – suspendue. Aussi, on peut légitimement se demander ce qui justifie la hausse de l’électricité prévue en janvier ? D’après les experts, la faute serait cette fois imputable à l’Accès régulé à l’énergie nucléaire historique (Arenh). Ce mécanisme qui doit permettre la concurrence en France présente en effet quelques limites.
Pour l’instant, le dossier est examiné par la commission européenne. Mais pour le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, il n’y a pas de doute : « L’Arenh est une nouvelle forme de rente. Des fortunes privées ont été construites et monétisées sur le dos du parc nucléaire d’EDF ». De son côté, l’expert énergie Nicolas Goldberg, souligne que contrairement à ce qu’affirme Ségolène Royal, l’EPR de Flamanville n’est pas la raison de cette augmentation.
Rappelons que :
1) Le coût de l’EPR n’a rien à voir dans le calcul du tarif régulé actuel,
2) C’est bien la nouvelle formule « d’empilement des coûts » introduite par @RoyalSegolene qui implique d’augmenter les prix quand il n’y a pas assez de nucléaire régulé (ARENH) pour tous https://t.co/0MWPgG2j5j— Nicolas Goldberg (@GoldbergNic) November 22, 2019
Quelle facture pour la transition énergétique en 2020 ?
Reste à savoir jusqu’où peuvent monter les prix de l’électricité en 2020. Théoriquement, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) peut proposer deux révisions des tarifs par an. Si la première enregistrera donc probablement une hausse d’environ 4%, quel sera le verdict pour la révision de l’été prochain ? À moins d’une baisse de la fiscalité énergétique on imagine mal comment une baisse pourrait être proposée… Pourtant, aujourd’hui les taxes représentent près de 30% des prix de l’électricité, une situation inédite pour un bien de première nécessité !
Au demeurant, le gouvernement rappelle que les prix de l’électricité restent bien moins élevés en France que dans le reste de l’Europe. En effet, ils sont plus chers de 15% en Belgique, Italie et Espagne, et même de 75% en Allemagne. D’après l’ACER, sur l’ensemble du continent les prix de l’électricité pour les particuliers ont augmenté en moyenne de 28,4% depuis 2008 et la libéralisation des marchés de l’énergie…
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