De passage en Polynésie française, le secrétaire d’Etat à la Transition écologique Sébastien Lecornu a salué, jeudi 14 septembre 2017, la politique énergétique menée au sein de cette collectivité d’outre-mer plus que jamais menacée par le réchauffement des températures. La Polynésie a en effet implanté depuis plusieurs années déjà sur ses atolls des centrales électriques hybrides lui permettant de gagner en autonomie, de réaliser des économies et de limiter ses émissions de gaz à effet de serre.
Un territoire vulnérable aux effets du changement climatique
En tant que territoire insulaire du Pacifique, la Polynésie est fortement concernée par le réchauffement climatique. Atolls et îles basses souffrent de la montée du niveau de l’océan, et les Océaniens subissent des cyclones de plus en plus fréquents et de plus en plus puissants. La transition écologique prend donc une dimension particulière dans cette collectivité vulnérable car dispersée (118 îles, dont 84 atolls) sur une surface aussi grande que celle de l’Europe. Cet éclatement oblige en effet les autorités à multiplier les équipements et les infrastructures de base, et cela aussi bien en matière de transports que de communication, de traitement des déchets, d’eau potable ou de production d’énergie.
Sur le plan énergétique, le territoire tente de réduire progressivement sa forte dépendance aux combustibles fossiles. Outre les barrages hydroélectriques (15 centrales sont en service actuellement dont 3 à la Papenoo) qu’elle entend multiplier dans les zones montagneuses, la Polynésie souhaite surtout exploiter un ensoleillement abondant, qui pourrait lui permettre de répondre à sa demande d’électricité, mais nécessite dans le même temps des équipements spécifiques résistant à de fortes contraintes météorologiques. « Aujourd’hui, l’enjeu d’avenir est d’établir un équilibre solide entre le développement humain et la préservation de la Nature afin de mettre fin à l’exploitation des ressources au détriment des cycles naturels et des écosystèmes », a déclaré le président de la Polynésie française Edouard Fritch, à l’occasion de la visite du Secrétaire d’Etat M. Lecornu.
Energie solaire et centrales hybrides
Plusieurs atolls comme Ahe, dans l’archipel des Tuamotu, ont misé dans ce contexte sur l’implantation de centrales électriques hybrides fonctionnant à l’énergie solaire, puis au gazole lorsque l’ensoleillement est insuffisant. Cette technologie permet à la fois de mettre à profit la ressource naturelle du territoire, de faire des économies d’énergie et de protéger l’environnement. Les deux centrales hybrides en activité actuellement auraient déjà permis d’économiser 80% de fuel sur les atolls de Reao et Tatakoto, et une troisième centrale plus moderne serait également en projet sur l’atoll voisin de Manihi.
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La Polynésie française est aussi en pointe, au niveau mondial, sur la technologie du SWAC. Un système de climatisation par les eaux profondes de l’océan, déjà utilisé dans deux hôtels et bientôt installé à l’hôpital.
75% d’énergies renouvelables d’ici 2030
Grâce à toutes ces initiatives, la Polynésie affiche aujourd’hui des performances en matière de transition énergétique bien supérieures à celles de la France métropolitaine. 34% de l’énergie consommée en Polynésie est déjà issue de sources renouvelables contre seulement 18,8% en métropole, et ce territoire d’outre-mer n’entend pas s’arrêter en si bon chemin.
La Polynésie française compte encore développer la part des énergies renouvelables, essentiellement l’hydraulique et le solaire, dans sa consommation globale pour atteindre 50% en 2020 et 75% en 2030 (en France, l’ambition est d’atteindre 50% d’énergie non nucléaire en 2025, et la neutralité carbone en 2050). « Vous êtes en avance sur cette question de la transition énergétique, il faut maintenir cette avance, c’est une fierté », a déclaré le secrétaire d’Etat lors d’un discours jeudi 14 septembre 2017.
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Sébastien Lecornu a également réaffirmé le soutien de l’Etat français dans ce cadre par le biais du FEI (Fonds Exceptionnel d’Investissement). Un dispositif qui a déjà financé une partie de la troisième centrale hydroélectrique de la Papenoo.
Crédits photo : Sunzil
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