Comme chaque année à la même période, des salariés de la division hydraulique EDF de la région PACA étaient en mission le mercredi 22 mars 2017 dans les hauteurs du parc national du Mercantour. L’objectif : fermer les vannes des huit lacs d’altitude afin de stocker l’eau de la fonte des neiges et d’alimenter durant l’hiver prochain les centrales en aval. Une opération délicate au regard des conditions extrêmes de la haute montagne, mais stratégique pour sécuriser et garantir l’approvisionnement énergétique des Alpes-Maritimes.
L’hydroélectricité, une énergie renouvelable et « stockable »
Alors que le stockage de l’électricité s’impose peu à peu comme le plus grand défi à relever pour favoriser le développement des énergies renouvelables et pérenniser la transition énergétique en cours, l’hydroélectricité continue d’offrir une solution durable aux pics de consommation. Les centrales hydrauliques et leurs réservoirs d’eau plus ou moins importants, permettent de stocker l’eau de pluie ou de la fonte des neiges et d’augmenter ainsi la capacité de production électrique en cas de besoin. Elles constituent une réserve d’énergie rapidement mobilisable permettant de pallier les variations de consommation sur l’ensemble des réseaux.
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A la différence de l’électricité, l’eau est facilement « accumulable » au sein des lacs de barrage et s’impose dans ce cadre comme un complément essentiel dans la gestion de l’équilibre, sur le réseau, entre production et consommation d’électricité. C’est notamment le cas dans les Alpes-Maritimes, au sein du Parc National du Mercantour, où huit lacs situés entre 2.100 et 2.430 mètres d’altitude permettent d’alimenter l’équivalent de 100.000 habitants durant les trois mois de la saison hivernale grâce à l’eau stockée lors de la fonte des neiges.
La fermeture des vannes, une expédition unique en France
Pour garantir un tel approvisionnement, les salariés EDF de la centrale hydroélectrique de Saint-Dalmas-de-Tende, entreprennent chaque année au mois de mars, une expédition unique en France destinée à fermer les vannes des lacs en question, et à assurer ainsi leur remplissage via l’eau de la fonte des neiges et des précipitations printanières.
Quatre hydrauliciens, tous secouristes et spécialistes de la haute montagne, sont déposés en hélicoptère au bord de chaque lac pour une mission réalisée désormais en moins d’une matinée. En place depuis le début du XXème siècle, ces vannes étaient bien sûr beaucoup plus difficiles à atteindre à l’époque où les hélicoptères n’existaient pas, et nécessitaient jusque dans les années 1970, des expéditions autrement plus complexes. Les salariés EDF se déplaçaient alors en ski de randonnée et partaient pour une semaine complète (des refuges avaient été construits à proximité).
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La même expédition se répète une fois l’hiver venu afin de libérer l’eau stockée durant les mois précédents et de produire l’électricité nécessaire durant l’hiver. En mars, il faut fermer les vannes pour que les lacs se remplissent à la fonte des neiges. Les équipes en charge de cette opération reviendront au début de l’hiver pour laisser s’écouler 10 millions de m3 d’eau soit 4.000 piscines olympiques jusqu’au cinq centrales exploitées par EDF.
Un apport énergétique indispensable pour le département
Dépourvu d’autres moyens importants de production, le département des Alpes-Maritimes ne pourrait se passer à l’heure actuelle d’un tel apport énergétique, d’autant moins lors des pics de consommation hivernaux. Entre décembre et mars, la production d’électricité est plus importante car la demande est plus forte, cela représente la consommation d’une ville de 100.000 habitants comme Avignon.
Situés dans les vallées de la Valmasque et des Merveilles, ces huit lacs (Agnel, Basto, Forcato, Noir, Long, Vert, Carbon et la Muta) stockent près de 10 millions de m3 d’eau et alimentent les cinq centrales hydroélectriques de la vallée de la Roya exploitées par le groupe EDF, ainsi que deux centrales italiennes. Les eaux sont déversées dans les torrents de l’Inferno et du Casterino et turbinées une première fois par l’usine des Mesce, dont le barrage du même nom crée une retenue de 1,3 million de m3. Celui-ci alimente ensuite l’usine principale de Saint-Dalmas, puis les centrales au fil de l’eau de Paganin, Fontan et Breil. L’ensemble des aménagements de la vallée de la Roya capitalise une production de 253 millions de kWh.
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Plus généralement, les Alpes-Maritimes regroupent plus de 18 ouvrages hydrauliques pour une production annuelle d’un milliard de kWh représentant 13% de la consommation du département.
Crédits photo : EDF
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