L’hydrogène : un joker énergétique encore très discret - L'EnerGeek

L’hydrogène : un joker énergétique encore très discret

hydrogène

Eolien, solaire, biomasse… Les nouvelles énergies ne manquent pas dans le futur mix énergétique des pays. Parmi les solutions envisagées, l’hydrogène reste un sujet anecdotique, souvent mésestimé par les pouvoirs publics. Moins célèbre parmi les énergies vertes que ses consoeurs, l’hydrogène a pourtant de sérieux arguments. Plusieurs entreprises du secteur de l’énergie souhaiteraient voir l’hydrogène monter en puissance dans les années à venir : l’hydrogène ne représente aujourd’hui que 2% de la consommation énergétique globale. Mais les choses pourraient bien évoluer rapidement. 

L’hydrogène : l’énergie verte oubliée

Au rang des énergies vertes, l’hydrogène fait figure de grand oublié. Pourtant, cette source d’énergie a de sérieux arguments à faire valoir. Premier atout : l’hydrogène est particulièrement répandu puisqu’on le trouve dans l’eau, le gaz ou encore dans le pétrole. C’est une ressource qu’on trouve en grande quantité, ce qui assure une couverture des besoins énergétiques sur le long terme. Mais l’hydrogène est aussi intéressant d’un point de vue environnemental : son utilisation ne rejette ni gaz à effet de serre ni polluants, seulement de la vapeur d’eau. Pour ce qui est de sa production, quand l’hydrogène est issu de sources renouvelables (hydrogène renouvelable), on ne constate pas non plus de pollution. En revanche, dans le cas de l’hydrogène produit à partir d’énergies fossiles (hydrogène bas-carbone), des rejets de C02 rendent le bilan moins écologique et plus coûteux.

Mais l’argument essentiel en faveur de l’hydrogène est surtout son rendement. Pour seulement 1 kg d’hydrogène, on trouve l’équivalent d’énergie contenu par 2,1 kg de gaz naturel ou encore par 2,8 kg d’essence. Ce ratio énergie/masse impressionnant est tout simplement le plus élevé du marché. Un argument massue qui fait de l’hydrogène une énergie à très fort potentiel, largement devant toutes les autres sources d’énergie envisageables.

L’hydrogène a mauvaise réputation

Pour quelle raison le secteur de l’énergie n’a-t-il pas déjà adopté l’hydrogène ? Malgré ses nombreux atouts, l’hydrogène reste une ressource difficile à exploiter. Du fait de son extrême légèreté, l’hydrogène est difficile à stocker et à transporter au sein d’un réseau fiable et efficace. Il faut le comprimer pour le transporter par pipelines plus facilement. Il peut aussi être exploité sous forme liquide, mais cette opération engendre un important surcoût de production. Dans les deux cas, l’hydrogène s’avère actuellement plus cher que les autres sources d’énergie, en particulier les énergies fossiles. Selon ses modes de production, le coût global de l’hydrogène est trois à six fois supérieur à celui de l’essence par exemple. De quoi freiner l’enthousiasme des industriels et des gouvernements. En 2016, l’hydrogène a péniblement couvert 2% de la consommation énergétique mondiale.

Autre problème pour les gouvernements, la production de l’hydrogène est encore trop dépendante des énergies fossiles. En 2016, 96% de l’hydrogène produit dans le monde provenait du pétrole, du gaz naturel ou du charbon. La technique de production par électrolyse de l’eau existe, mais elle est tellement coûteuse que la rentabilité n’est pas encore envisageable, ce qui freine d’autant plus le développement de l’hydrogène. Avec autant d’arguments en sa défaveur, l’hydrogène a bien du mal à convaincre de son potentiel. Ses coûts d’exploitation freinent les investissements, ce qui ne permet pas d’améliorer les technologies d’exploitation et de stockage.

Un groupe d’intérêt pour défendre l’hydrogène

Lors du dernier forum économique de Davos, en janvier 2016, treize entreprises ont annoncé qu’elles allaient s’associer pour monter un groupe d’intérêt en faveur de l’hydrogène. Baptisé l’Hydrogen Council, l’ambition de ses fondateurs est claire : promouvoir l’hydrogène comme une alternative énergétique viable auprès des gouvernements, des agences internationales et des entreprises, mais aussi des particuliers. Parmi les entreprises membres, des poids lourds du secteur de l’énergie mais aussi du transport : Engie, Total, Alstom, le groupe BMW, Toyota, Royal Deutsch Shell, Air Liquide, Daimler… A l’heure actuelle, les investissements pour le développement et le commerce de l’hydrogène représentent 1,4 milliard d’euros. Ces industriels espèrent que le soutien des pouvoirs publics leur permettra de développer le marché.

La voiture à hydrogène, un projet qui peine à convaincre

L’hydrogène pourrait être un joker idéal pour les secteurs de l’énergie et des transports. Associé à des piles à combustibles, il pourrait aussi trouver une place dans les nouvelles technologies, particulièrement pour équiper des smartphones et des ordinateurs portables. A l’heure actuelle, les Etats-Unis font partie des pays qui investissent le plus dans l’hydrogène. Au début du mois de janvier 2017, Air Liquide y a d’ailleurs inauguré le plus grand site de stockage d’hydrogène au monde. Situé au Texas, dans la région du Golfe du Mexique, ce site affiche une capacité de stockage équivalente à trente jours de production, ce qui permet d’augmenter la fiabilité de l’approvisionnement dans la région.  D’autres projets, comme la voiture à hydrogène font également partie des pistes de réflexion américaines. A terme, les défenseurs de l’hydrogène espèrent bien la mise en place d’un cercle vertueux : en réussissant à convaincre de plus en plus de pays d’investir dans l’hydrogène, les entreprises espèrent voir baisser les coûts de production et d’exploitation pour rendre l’hydrogène enfin compétitif.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • On obtient un rendement de plus de 90% sans perte de charge avec des batteries de flux comme le démontrent entre autres la R&D et les suisses avec Nanoflowcell

    http://www.nanoflowcell.com/technology/

    Compte tenu du moindre rendement de l’hydrogène qui lui est intéressant pour le stockage de masse dont le marché mondial est énorme, il ne faudrait pas se laisser entraîner et avoir à subventionner comme c’est déjà parti des applications “commerciales” tous azimuts de l’hydrogène visant à développer des chiffres d’affaires et des intérêts d’entreprises avec des clients captifs, mais qui ne sont pas techniquement les meilleures.

    Pour un véhicule, un camion, un train etc les comparatifs techniques sur l’ensemble de la chaîne donnent au plan énergétique et technique un avantage aux batteries de flux, puis au batteries et loin derrière à l’hydrogène.

    Ce dernier a déjà beaucoup d’avantages comme son stockage de masse et durable, son intégration au très important réseau de gaz que l’on espère à terme biogaz et pour une part d’H2 qui peut aller à priori dans le meilleur des cas jusqu’à 25% ce qui est déjà très élevé en quantités, permettre le chauffage, l’apport aux réseaux de chaleur etc le tout avec un très bon bilan.

    Tous les producteurs veulent capter le plus de marchés possible, ceux de biogaz, de l’électricité, de l’hydrogène, des énergies fossiles les véhicules et le transport mais le véritable gagnant qui utilise au mieux l’énergie dans la mobilité est l’électrique avec batterie de flux actuellement et batteries ensuite.

    Ce serait regrettable de commettre toujours les mêmes erreurs pour des motifs commerciaux et non technologiques qui eux permettent de ne pas gaspiller inutilement les ressources.

    On finance déjà un réseau de bornes de recharges électriques dont beaucoup seraient inutiles si l’on avait correctement aidé le solaire hybride qui lui fait l’électricité et en bonne part le chauffage et l’eau chaude des particuliers y compris entreprises et commerces mais peut aussi alimenter les véhicules.

    On ne va pas continuer à subventionner en plus des bornes de recharges biogaz et hydrogène

    D’autant qu’arrive la recharge par induction avec des rendements de déjà 94%.

    Il faudrait vraiment que cette gabegie s’arrête !

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    • NanoFlowcell : aucun expert sérieux ne croit à ce projet. Le magazine Autocar, qui a pu essayer les voitures, se montre lui aussi sceptique sur les chances de réussite.

      Répondre
      • Je ne sais pas de quels experts vous faîtes état.

        Les essayeurs de véhicules de l’anglais Autocar sont loin d’être qualifiés pour juger des technologies de batteries de flux qui sont développées par bien d’autres universités et groupes avec succès déjà au plan commercial comme Redflow en Australie pour l’habitat entre autres. Ils n’ont d’ailleurs pas jugé la technologie sur le fond que des groupes comme Toyota trouvent intéressante pour les véhicules notamment.

        D’une manière plus générale les batteries de flux sont très intéressantes et ne sont certainement pas une technologie mise à l’écart.

        Répondre

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