Du charbon au nucléaire : les enjeux de la transition énergétique sud-africaine - L'EnerGeek

Du charbon au nucléaire : les enjeux de la transition énergétique sud-africaine

centrale_koeberg_afrique_du_sud_photo_philipp_p_egliLargement dépendant des combustibles fossiles et confronté à des difficultés d’approvisionnement récurrentes, le réseau électrique sud-africain nécessite aujourd’hui des réformes radicales. Le gouvernement souhaite développer d’ici à 2020 un mix énergétique durable comprenant à la fois des énergies fossiles et décarbonées, et dans lequel l’énergie nucléaire devra jouer un rôle prépondérant. Le ministère de l’Energie a validé pour cela, dimanche 27 décembre, la relance officielle d’un programme nucléaire national évalué à plus de 50 milliards de dollars.

Un mix électrique dépendant du charbon

L’Afrique du Sud a bâti sa production énergétique autour du charbon dont elle dispose de réserves considérables. La compagnie nationale Eskom produit ainsi 95 % de l’électricité dans une situation de quasi-monopole et disposait d’un parc de 27 centrales électriques d’une capacité installée de 42 MW en 2013. 85 % de l’électricité produite est issue des treize centrales à charbon tandis que les 15 % restant se partagent entre les unités de production à gaz, hydroélectriques ou nucléaire.

Le mix électrique sud-africain est donc clairement dominé par l’exploitation du charbon, une dépendance qui s’explique bien sûr par les réserves importantes dont le pays dispose mais qui s’avère aujourd’hui trop coûteuse et en contradiction totale avec les objectifs de développement durable et de réduction des émissions de C02.

Le gouvernement tente pour cela depuis plusieurs années d’investir et de lancer des programmes énergétiques plus durables aussi bien dans le solaire, l’éolien et le gaz de schiste dont la prospection est en marche. L’Afrique du Sud a également entrepris l’agrandissement du barrage hydroélectrique d’Inga en République démocratique du Congo (RDC), et compte désormais sur l’extension de son parc nucléaire pour stabiliser l’approvisionnement du réseau électrique national. Le gouvernement prévoit dans ce cadre la mise en service d’ici à 2030, de 9.600 MW de puissance supplémentaire.

L’énergie nucléaire à la rescousse

Ne disposant actuellement que d’une seule centrale nucléaire (à Koeberg) construite dans les années 1980 et fortement dépendante du charbon pour sa production d’électricité, l’Afrique du Sud souhaite donc développer son industrie nucléaire via la construction de plusieurs réacteurs supplémentaires d’ici à 2030.

Selon Bloomberg News, le gouvernement sud-africain souhaiterait même que ces réacteurs soient opérationnels dès 2023 (et en activité totale en 2029), et représentent à terme plus de 23% du mix énergétique national. Un contrat énorme donc évalué à 50 milliards de dollars et pour lequel les plus grands groupes nucléaires internationaux se sont déjà manifestés. Pretoria a en effet passé des accords préalables avec la France, les Etats-Unis, la Russie, la Chine et la Corée du Sud et devrait lancer officiellement le premier appel à projets en 2016.

Le gouvernement sud-africain a donné, ce dimanche 27 décembre, le coup d’envoi de son projet d’extension et prévoit dans un premier temps, un appel à propositions ouvert au secteur nucléaire, les propositions éventuelles devant faire l’objet d’un examen détaillé par le gouvernement avant le lancement d’un appel d’offres formel.

Le Trésor avait déjà annoncé en octobre avoir constitué une première provision de 200 millions de rands (12 millions d’euros) pour couvrir les coûts à venir liés à la construction de nouvelles centrales nucléaires.

Crédits photo : Philipp P-Egli

Rédigé par : livingston-thomas

Avatar
mer 3 Sep 2014
L'Arabie Saoudite a annoncé mardi 2 septembre la construction de sa première centrale nucléaire. Cette dernière devrait être mise en service en 2022 et ne sera utilisée qu'à des fins "pacifiques", soulignent les responsables du projet. Le chantier doit débuter…
ven 25 Août 2017
Alors que l'urgence du réchauffement climatique nous impose de revoir en profondeur notre système de production énergétique et de se défaire une fois pour toute de l'emprise des énergies fossiles les plus polluantes (au profit des énergies renouvelables), la transition…
lun 10 Oct 2016
Pour l’ancien membre de cabinet du Commissaire européen à l'énergie, Bruno Alomar, le nucléaire est une solution d’avenir. Pour justifier une telle affirmation, il souligne notamment les limites des énergies renouvelables et évoque la quatrième génération des réacteurs atomiques. (suite…)
A la fin du mois de juin, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié le World Energy Outlook Special Report sur le thème “Energy and Air Pollution”. Dans ce document, les experts indiquent qu’une hausse de 7 % des investissements…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.