Lundi 3 août, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) a lancé un appel à projets pour quatre fermes pilotes d’éoliennes flottantes. Ces parcs seront mis en service en 2018 sur des sites préalablement sélectionnés en Bretagne et dans le Sud de la France. Ils seront reliés au réseau et devront aider à tenir les engagements du gouvernement en faveur des énergies renouvelables, dont la production doit atteindre un tiers du mix électrique d’ici 2030. La France tente par la même occasion de rattraper son retard dans le développement de l’éolien marin tout en se démarquant de ses voisins européens, en devenant le premier pays à lancer un projet d’exploitation d’éoliennes flottantes à grande échelle.
Un pas vers le développement de l’éolien flottant en France
L’Ademe a lancé conjointement avec le gouvernement un appel à projets pour quatre fermes pilotes d’éoliennes flottantes. Ces éoliennes seront fonctionnelles dès 2018, pour une durée minimum de démonstration de deux ans, et il sera possible de les observer au large de l’île de Groix dans le Morbihan, près du phare de Faraman dans les Bouches-du-Rhône et dans l’Aude, à l’est de Leucate et au sud-est de Gruissan.
Selon le cahier des charges publié mercredi 5 août, chaque site d’exploitation devra compter entre trois et six éoliennes, qui devront chacune atteindre une puissance d’au moins 5 MW. Elles seront reliées au réseau électrique français. Plusieurs entreprises se sont montrées intéressées par le projet. Parmi elles, on retrouve le groupe DCNS, Ideol et Nenuphar, qui se sont fait déjà remarquer pour leurs expérimentations dans le domaine de l’éolien flottant.
Les éoliennes flottantes présentent plusieurs avantages par rapport aux éoliennes marines classiques. Ces dernières ne peuvent pas être installées lorsque la profondeur atteint plus de 50 mètres, et sont donc souvent implantées près des côtes. Or, si des éoliennes sont équipées d’un flotteur et amarrées, elles peuvent exploiter l’énergie du vent même dans des zones de grande profondeur et éloignés des terres, où les vents sont généralement plus puissants.
De plus, en France, plusieurs sites, en particulier en Méditerranée, ont une profondeur importante même s’ils sont à proximité des terres, empêchant ainsi la construction d’éoliennes sur fondations. C’est pour cela que l’éolien flottant est intéressant dans le cadre du développement de l’éolien offshore en France, car il pourrait permettre de tirer profit des vents du sud-est. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si trois des quatre sites sélectionnés se situent au large des côtes méditerranéennes.
Cet appel à projets s’inscrit dans le cadre des objectifs fixés par le gouvernement dans la loi de transition énergétique votée récemment par le Parlement. Cette loi annonce la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique français au profit des énergies renouvelables, qui devront générer 32% de la production en électricité d’ici 2030. Deux autres appels à projets ont d’ailleurs été lancés conjointement à celui-ci par l’Ademe, l’un portant sur des innovations dans le domaine des énergies marines et fluviales, l’autre sur des moyens de stocker et de convertir l’électricité renouvelable. Ces projets seront financés en partie par le programme des investissements d’avenir.
En retard sur l’éolien, la France prend une longueur d’avance dans le flottant
La France accuse un retard important dans le développement des éoliennes par rapport à plusieurs de ses voisins européens. Le Royaume-Uni, par exemple, produit quasiment 10% de son électricité grâce à l’éolien. De même, l’Allemagne a battu en 2014 un record national dans la production d’énergie éolienne. Le Danemark, quant à lui, génère 40% de son électricité à partir du vent, atteignant ainsi la première place mondiale. Ces bons scores devraient encore grimper en 2015 avec notamment l’installation de plusieurs fermes d’éoliennes offshore dans le Nord de l’Europe. La France n’a elle, pour le moment, aucune éolienne marine en cours d’exploitation.
Mais elle compte bien rattraper son retard, notamment en misant sur le potentiel de ses côtes. Un premier pas dans le développement de l’éolien offshore a déjà été effectué avec deux appels d’offres portant sur la construction de six parcs d’éoliennes sur fondations. Ces sites développés par Areva/GDF Suez , Alstom/EDF Energies Nouvelles et Areva/Iberdrola verront le jour entre 2018 et 2023.
Par ailleurs, l’ouverture de fermes pilotes d’éoliennes flottantes pourrait quelque peu changer la donne et faire de la mauvaise élève française une pionnière dans ce type particulier d’éolienne, aux côtés du Portugal et de la Norvège, qui détiennent chacun une turbine prototype reliée au réseau. Ces quatre fermes pilotes hexagonales constitueront en effet le premier programme d’exploitation de l’éolien flottant à grande échelle.
Mais pour l’heure, le géant de l’éolien flottant demeure littéralement le Japon. L’archipel a en effet installé le 29 juillet une turbine géante atteignant 105 mètres de haut, capable de résister aux plus grandes vagues et mêmes aux tsunamis. Elle peut générer une puissance de 7 MW, et si l’expérience est concluante, annoncer le potentiel des éoliennes flottantes même en zones à risques. Après la catastrophe de Fukushima, les 48 réacteurs nucléaires qui généraient 30% de l’électricité japonaise ont été arrêtés. Si Tokyo relance son premier réacteur en ce 11 août pour réduire les part des énergies fossiles polluantes dans son mix, depuis Fukushima, le Japon cherche à développer davantage les énergies renouvelables. Cette éolienne flottante géante se situe d’ailleurs précisément au large de la ville où la catastrophe nucléaire a eu lieu il y a quatre ans, un lieu hautement symbolique.
Crédit photo : Ideol
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