Charlotte Slingsby, étudiante au Royal College of Art à Londres, avait pour objectif d’améliorer le quotidien dans son pays d’origine, l’Afrique du Sud, sujet à de nombreuses coupures électriques. Elle a alors imaginé un matériau « low-cost » capable de produire de l’électricité à partir de faibles courants d’air, pour générer de l’énergie à petite échelle et en toutes conditions.
Réduire les coupures d’électricité grâce aux courants d’air
Utiliser les courants d’air pour développer une nouvelle énergie renouvelable qui produit à petite échelle, il fallait y penser. Le système développé par Charlotte Slingsby ressemble à une grande feuille de plastique, semi-transparente, composée de milliers de filaments. Dans chacun d’entre eux est placé un film électrique, qui produit de l’électricité à partir de faibles vents grâce à la piézoélectricité. Cela signifie que ces films transforment la pression et la force de distorsion en un signal électrique. Ces petites quantités d’énergie sont par la suite accumulées dans un condensateur et enfin stockées dans une batterie.
Ce système dénommé « Moya » (« vent » en langue Xhosa) ne génère pas de grandes quantités d’énergie. Mais le but de l’invention de l’étudiante originaire de Cape Town est avant tout de créer un système adapté à une utilisation à petite échelle et qui profite au plus de personnes possible.
C’est qu’en Afrique du Sud, les coupures de courant sont fréquentes. Sont en cause des infrastructures de transport d’électricité vieillissantes et une compagnie nationale, Eskom, qui ne parvient pas à générer assez de courant pour satisfaire la demande. Or, ce sont les populations les plus démunies qui subissent le plus cette situation. En effet ce sont elles qui habitent dans les zones les plus vulnérables, et elles ne peuvent pas non plus se permettre d’investir dans des panneaux solaires, leur prix demeurant assez élevé. C’est pour cela que Charlotte Slingsby a conçu son produit de façon à ce qu’il puisse être facilement industrialisé, afin de maintenir son prix à un niveau abordable.
Un matériau prometteur aux usages multiples
L’idée d’utiliser la force du vent lui est venue à l’esprit lorsque sa famille a appris que leur maison n’était pas adaptée à l’installation de panneaux solaires. Charlotte Slingsby explique que contrairement aux cellules photovoltaïques, les films électriques peuvent générer de l’électricité dans n’importe quelles conditions : « ce matériau peut tirer parti de n’importe quel espace ou terrain que vous possédez, que ce soit dans un centre ville surpeuplé ou dans la vaste étendue du désert. » déclare-t-elle au Guardian. En testant son produit dans le métro londonien, elle a découvert que la production de la feuille ne dépassait pas 10% de celle d’un panneau solaire de surface égale, cependant, elle estime que cette perte en efficacité est compensée par l’accessibilité à l’énergie que Moya peut offrir.
Ce véritable drap de plastique parfaitement flexible peut être adapté à plusieurs types d’usage selon sa créatrice, qui a déjà imaginé en revêtir les couloirs de l’Underground londonien : « Chaque métro s’arrête et redémarre en permanence. Il est possible de recouvrir (avec le système Moya, ndlr) la section du tunnel où le métro ralentit, ce qui pourrait presque aider le freinage grâce à la résistance ajoutée, et ainsi absorber cette énergie gaspillée. »
De même, Moya pourrait également recouvrir des bâtiments entiers. En effet, grâce à son aspect translucide, il n’empêche pas la lumière de pénétrer. Il pourrait également être dissimulé dans leurs structures.
Par contre, il faudra attendre quelques années avant de voir ce revêtement plastifié habiller les maisons et les fenêtres d’Afrique du Sud. Charlotte Slingsby estime en effet que Moya n’arrivera sur le marché qu’entre 5 et 10 ans, une fois que toutes les recherches nécessaires à son développement auront été effectuées.
Interview de Charlotte Slingsby (anglais)
Crédit photo : captude d’écran Energy Live News
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