Ce jeudi 30 juillet, EDF et Areva, les deux grandes figures de l’énergie nucléaire en France, sont parvenues à trouver un accord en ce qui concerne la cession de la branche réacteur d’Areva à EDF. Le géant européen de l’électricité devrait ainsi devenir l’actionnaire majoritaire d’Areva NP pour une somme avoisinant les 2,7 milliards d’euros. En grande difficulté financière, Areva a besoin de 7 milliards de fonds d’ici 2017 pour rééquilibrer ses comptes. Focus sur la plus grosse acquisition industrielle de l’année.
Après des mois de négociations, le sauvetage d’Areva va commencer. L’entreprise est née en juin 2001, de la volonté du gouvernement de l’époque de créer un champion français dans le secteur du nucléaire. L’État décide alors de fusionner le groupe privée Framatone, qui construisait des réacteurs nucléaires, avec l’entreprise publique Cogema qui s’occupait quant à elle de fabriquer et de recycler le combustible utilisé dans les centrales.
Pendant près d’une quinzaine d’années le groupe a voulu contrôler toute la filière du nucléaire : de l’extraction de l’uranium au recyclage des déchets nucléaires, en passant bien sûr par la construction des centrales. Cependant aujourd’hui les voyants ne sont pas au vert et le groupe perd beaucoup d’argent : près de 4,8 milliards en 2014, soit la moitié de son chiffre d’affaires.
Début juin, l’Elysée avait donné son feu vert pour qu’EDF rachète une partie d’Areva (Areva NP), celle dont l’activité est consacrée à la construction des réacteurs, mais les deux parties attendaient la publication de leurs résultats semestriels, ce jeudi 30 juillet, pour pouvoir signer un protocole d’accord. Celui-ci scelle l’entrée d’EDF au capital d’Areva NP en tant qu’actionnaire majoritaire, avec une participation comprise entre 51% et 75%. L’État qui est actionnaire majoritaire des deux entreprises espère selon François Lenglet « refaire le coup de Peugeot-Citroën ». Jean-Bernard Lévy, le PDG d’EDF, pense en tout cas que ce « changement structurel » sera bénéfique pour la filière nucléaire : « les grandes décisions seront prises de manière plus efficace, plus rapide, plus simple, plus industrielle ».
Le prix de l’acquisition de la branche d’Areva par l’énergéticien français était évidemment au cœur des négociations. Au départ EDF ne valorisait Areva NP qu’à 2 milliards d’euros quand cette dernière en réclamait 4 milliards. Finalement les deux parties ont réussi à se mettre d’accord sur une somme qui avoisinerait les 2,7 milliards d’euros. » Nous avons veillé à préserver les grands équilibres financiers du groupe EDF » a déclaré Jean-Bernard Lévy à ce sujet. Le montant exact de la transaction sera communiqué aux actionnaires en octobre prochain.
Bernard Fontana, l’ancien PDG du groupe de ciment suisse Holcim a été choisi par EDF et Areva pour diriger l’entité Areva NP. Sa tâche sera lourde puisqu’il lui incombera de redresser ce qui était le maillon faible d’Areva: sa filière de construction de réacteurs. La nouvelle de cet accord a plutôt été bien acceptée par les marchés financiers puisque les cours des actions des deux entreprises du CAC 40 sont en hausse aujourd’hui.
Crédits photo: Guilem Vellut
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