Le rapport de Kofi Annan sur l’électrification de l’Afrique

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Guy Belcourt

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L’ONG Africa Progress Panel, dirigé par l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, a profité du Forum Économique Mondial ...

Kofi_Annan_photo_US Mission in GenevaL’ONG Africa Progress Panel, dirigé par l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, a profité du Forum Économique Mondial qui s’est déroulé du 3 au 5 juin dernier en Afrique du Sud, pour dévoiler un rapport sur l’électrification en Afrique. Le document, intitulé « Énergie, population et planète : tirer parti des défis énergétiques et climatiques en Afrique » appelle les gouvernements africains et les institutions financières internationales à augmenter leurs investissements dans l’électrification du continent africain afin de faire émerger son potentiel et de réduire les inégalités et la pauvreté.

Le rapport rappelle que l’Afrique est un continent qui souffre d’importantes inégalités, notamment dans les conditions d’accès à l’électricité des Africains : 621 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité en Afrique subsaharienne. Si l’on fait exception de l’Afrique du Sud qui consomme 60% de l’énergie électrique de la région, l’Afrique subsaharienne n’utiliserait pas plus d’électricité que la seule Espagne.

 

L’énergie : plus qu’un défi, une opportunité pour l’Afrique

Et si la crise énergétique qui frappe actuellement l’Afrique était une opportunité pour ce continent? C’est la question sous-entendue par le rapport d’Africa Progress Panel, qui appelle les gouvernements africains et leurs partenaires internationaux à élever leurs ambitions : le défi énergétique auquel fait actuellement face l’Afrique peut être vue comme une occasion unique de réduire le coût de développement des énergies à faible émission carbone et ainsi entrer dans une nouvelle ère de la production d’électricité.

« Nous rejetons catégoriquement l’idée selon laquelle l’Afrique doit choisir entre la croissance économique et un développement à faible émission de carbone. L’Afrique doit utiliser tous ses atouts énergétiques à court terme, tout en construisant les fondations d’une infrastructure énergétique à faible émission de carbone et compétitive », a plaidé Kofi Annan.

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Pour garantir l’accès à l’électricité à l’ensemble des Africains d’ici une quinzaine d’années, Africa Progress Panel estime qu’il est nécessaire de multiplier par 10 la production actuelle d’électricité. Au-delà d’une simple évolution, une telle démarche permettrait une véritable révolution énergétique qui contribuerait à réduire drastiquement la pauvreté et à stimuler la croissance de tout le continent.

Quelques chiffres du rapport en disent beaucoup sur les enjeux liés à l’électrification du contient : 600.000 Africains meurent chaque année à cause des fumées toxiques dégagées par la combustion du bois ou du charbon, faute de meilleurs moyens de cuisson (et l’impossibilité de réfrigérer des vaccins causent également de nombreux décès), certains Africains payent leur électricité 60 à 80 plus cher qu’un Londonien ou un habitant de Manhattan, 98% des écoles du Burundi et de Guinée n’ont pas accès à l’électricité…

Tirer profit du potentiel énergétique du continent africain

Le rapport dresse ainsi une liste de recommandations qui visent à favoriser le raccordement des populations africaines au réseau électrique et à répondre aux besoins des consommateurs et des entreprises pour une électricité « fiable et abordable ». Dans un premier temps, Africa Progress Panel conseille aux gouvernements africains de mettre à profit leurs ressources propres pour répondre à leurs besoins domestiques en électricité (avec le gaz naturel de la région, qui émet deux fois moins de CO2 que le charbon pour la production d’énergie), tout en tirant profit du vaste potentiel inexploité du contient dans les énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolien…).

L’ONG de Kofi Annan insiste également sur l’importance de mettre un terme définitif à la corruption afin de rendre la gouvernance des services publics plus transparente. Il s’agirait notamment de renforcer la réglementation africaine pour assurer les dépenses publiques en matière d’infrastructures énergétiques. Dans la même optique, Africa Progress Panel estime qu’il est nécessaire de transformer 21 milliards de dollars dépensés dans des services publics jugés inefficaces en subventions pour le raccordement au réseau électrique et le développement du renouvelable.

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Le principal défi de l’Afrique va être d’ordre financier. Pour atteindre ces objectifs, l’ONG estime en effet qu’il faudra que le continent Africain renforce ses liens internationaux pour assurer le financement de son secteur énergétique, estimé à 55 milliards de dollars par an jusqu’en 2030.

 

« En refusant de prendre des risques et en attendant que d’autres fassent le premier pas, certains gouvernements jouent au poker avec la planète et la vie des générations futures. L’heure n’est pas aux faux-fuyants, aux intérêts personnels à court terme ni aux ambitions  réduites, mais plutôt à un leadership mondial audacieux et à l’action décisive », a déclaré Kofi Annan.

Crédit photo : US Mission in Geneva

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