La ministre de l’énergie sud-africain, Tina Joemat-Petterson, a annoncé mardi dernier devant le parlement de la nation arc-en-ciel que l’appel d’offres concernant la construction de nouveaux réacteurs nucléaires serait lancé sous peu, entre juillet et septembre. L’Afrique du Sud annoncera donc le nom du ou des pays qui construiront sur son sol les nouvelle centrales nucléaires tant nécessaires à la stabilité énergétique. A cet égard, l’approvisionnement en électricité est devenu un enjeu majeur pour le pays car les coupures répétées pèsent sur les entreprises sud-africaines et se répercutent sur la croissance du pays qui peine à retrouver sa croissance d’avant la crise de 2008. Le développement du nucléaire sera-t-il la panacée pour la première puissance du continent africain ?
A une trentaine de kilomètres au nord de la ville du Cap, s’érige la seule centrale nucléaire du continent africain. Construite en 1976 par un consortium d’entreprises françaises, la centrale de Koeberg fournit 6% de l’électricité consommée en Afrique du Sud. En 2010 le gouvernement a approuvé un nouveau développement de l’énergie nucléaire à travers un plan de construction de 6 à 8 réacteurs d’ici 2030 d’une puissance totale avoisinant les 9600 MW. Le projet, qui se chiffrerait à près de 50 milliards de dollars (40 milliards d’euros), attire la convoitise des grandes entreprises du nucléaire, comme Areva qui gère déjà la centrale de Koeberg et qui voudrait poursuivre sa coopération avec l’Etat sud-africain.
C’est devant les membres du Parlement que la ministre de l’Energie a donné de plus amples informations concernant le calendrier énergétique du gouvernement. « Nous lancerons le processus d’achat du nucléaire au deuxième trimestre de cette année fiscale pour choisir un partenaire stratégique ou des partenaires de manière compétitive, juste, transparente et à bon prix. Nous espérons pouvoir présenter les résultats de ce processus au cabinet d’ici la fin de l’année » a annoncé Mme Joematt-Petterson à Prettoria.
En 2014, la nation de Nelson Mandela avait déjà signé plusieurs accords avec des pays concernant le nucléaire, parmi eux la Russie, la Chine, la France, les Etats-Unis et la Corée du Sud. Mais dans cette course au nucléaire, il semble néanmoins que deux acteurs se démarquent. En premier lieu, la France, avec Areva, qui est très présente sur le continent africain et qui gère actuellement la seule centrale nucléaire du pays. Mais l’entreprise public russe Rosatom apparaît aussi comme un concurrent sérieux du fait du partenariat privilégié qu’entretient l’Afrique du Sud avec la Russie. A cet égard le président Jacob Zuma a rencontré ce mois-ci Vladimir Poutine et a réitéré son souhait de conserver et de développer un partenariat fort avec son ami russe.
L’électricité est devenue un enjeu majeur de la politique économique de l’Afrique du Sud au vu des nombreuses coupures de courant qui viennent ralentir la croissance du pays. Le ministre des Finances, Nhlanhla Nene a affirmé devant la presse lundi dernier que ces coupures représentaient même le « risque le plus important » auquel l’Afrique du Sud était exposé. En effet, la croissance en 2014 a été de 1,4%, ce qui est très en deçà des attentes de la population et malgré une prévision de croissance aux alentours des 2% pour 2015, l’économie sud-africaine peine à concurrencer celle des autres grands émergents.
Le réseau électrique qui est géré à 95% par l’entreprise public Eskom est montré du doigt comme le principal responsable des troubles d’approvisionnement en énergie dans le pays. Le parc électrique vieillissant et le sous-investissement oblige Eskom à des délestages importants lorsque l’entreprise doit organiser des opérations de maintenance sur son réseau. Face à ce constat affligeant pour un pays qui veut s’ériger en modèle de développement pour ses voisins africains, le gouvernement de Jacob Zuma espère que le développement du nucléaire apportera une réponse convaincante à ce problème électrique, qui est devenu aujourd’hui un véritable obstacle à l’envol économique de l’Afrique du Sud.
Crédits photo: Privatemusings
Laisser un commentaire