L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié lundi 3 mai un rapport intitulé « Les perspectives des technologies de l’énergie », dans lequel elle rappelle la nécessité pour les pouvoirs publics de soutenir les efforts de recherche et développement dans le secteur de l’énergie. L’objectif ? Passer d’un modèle fortement carboné basé sur les combustibles fossiles à un système décarboné, basé sur les énergies renouvelables et une efficacité énergétique renforcée.
Le constat
A ce jour, le secteur de l’énergie, mobilisé pour produire du chauffage, de la climatisation et de l’électricité, représente deux tiers des émissions mondiales de CO2. En particulier, des secteurs énergivores tels que celui du bâtiment et des installations industrielles (40% de la consommation finale d’énergie à l’échelle mondiale) ou des transports (27%) sont alimentés par des ressources fossiles fortement carbonées et polluantes (charbon, gaz, pétrole) – à hauteur de 70% selon les estimations de l’AIE.
Pour cette raison, l’Agence préconise de réduire la part des combustible fossiles et d’augmenter, de manière concomitante, celle des énergies renouvelables. Certes, au cours des dernières années, le photovoltaïque et l’éolien terrestre ont connu une progression, aussi bien en termes de technique que de capacités installées. Mais l’AIE déplore que « le déploiement des centrales électriques à combustibles fossiles (et notamment au charbon) ne montre pour l’instant aucun signe de fléchissement ». L’Agence rappelle ainsi que les énergies renouvelables sont devenues de plus en plus compétitives, voire même – dans certaines régions – moins chères que les autres sources d’énergie, « ce qui était inimaginable il y a seulement une décennie ».
Certes, les dépenses publiques mondiales de recherche et développement ont augmenté dans le secteur de l’énergie. Mais en chiffres absolus seulement, car leur part (relative) dans les dépenses totales de recherche et développement, c’est-à-dire dans tous les secteurs confondus, sont passées de 11% au début des années 1980 à 3 ou 4% depuis les années 2000, d’après les estimations de l’AIE.
Quelles solutions ?
Partant de ce constat, l’Agence juge nécessaire de tripler l’effort public en faveur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. « Il est réaliste et économiquement bénéfique de se diriger vers un système énergétique à bas carbone », explique-t-elle. Une sentence qui prend une résonance particulière à quelques mois seulement de la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris.
« Le plus grand défi, et de loin, réside dans une transition massive vers la production d’électricité décarbonée », selon l’AIE, pour qui l’objectif consistant à limiter la hausse moyenne de la température du globe à 2 degrés d’ici la fin du siècle « exige de réduire l’intensité moyenne des émissions de carbone liées à la production d’électricité dans le monde de plus de 90% ».
Certes, le soutien des pouvoirs publics est et sera essentiel pour contribuer à l’essor des énergies décarbonées à l’échelle mondiale, mais il faudra aussi compter sur celui du secteur privé. En Chine ou au Brésil, par exemple, les pouvoirs publics ont eu recours à des emprunts à bas coûts pour financer des technologies propres de production d’énergie. « Les gouvernements ne seront pas en mesure à eux seuls d’assurer ce niveau d’investissement, il est donc indispensable de mobiliser les capitaux du secteur privé », note l’AIE.
Les pays émergents seront, selon l’Agence, des laboratoires particulièrement intéressants ou seront expérimentées les prochaines innovations énergétiques, dans la mesure où c’est précisément dans ces pays-là que la demande d’énergie augmente fortement et que les infrastructures de production restent à bâtir. L’AIE escompte à cet égard l’aide des pays de l’OCDE aux pays émergents, via notamment des transferts de technologies.
Crédits photo : SolarReserve
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