Si le gouvernement japonais de Shinzo Abe n’a jamais caché sa volonté de relancer l’activité nucléaire dans les plus brefs délais, il s’est également montré très ferme à l’égard des réacteurs les plus anciens, réclamant aux exploitants un bilan précis des installations atteignant la limite d’âge de 40 ans. Des réacteurs vulnérables qui devraient donc fermer définitivement et entrer en phase de démantèlement, rassurant ainsi une opinion publique très méfiante sur la question du nucléaire, même si ce sentiment est moins marqué aujourd’hui quand dans les mois qui ont suivi la catastrophe de Fukushima.
Selon les déclarations des compagnies d’électricité Kansai Electric Power et Japan Atomic Power, les unités de production nucléaire de Mihama 1 et 2 et de Tsuruga 1 dans l’Ouest de l’archipel ne devraient pas redémarrer et seront donc démantelées dans les prochaines années. Obsolètes, ces unités demandaient selon leur d’exploitant des investissements trop élevés dans le cadre de la mise en conformité aux nouvelles normes de sûreté et de sécurité mises en place depuis mars 2011 par l’autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA).
Deux autres compagnies régionales, Chubu Electric Power et Kyushu Electric Power, pourraient également annoncer d’ici peu des résolutions similaires pour leurs unités respectives Shimane 1 et Genkai 1. Au total, ce sont donc cinq réacteurs construits au début des années 1970 et en passe d’être démantelés qui viendront s’ajouter aux six tranches de Fukushima en cours de déconstruction.
Une décision inédite donc mais largement attendue. Les unités concernées sont en effet des réacteurs de faible puissance (600 MW) et donc peu rentables au regard des investissements nécessaires à la prolongation d’activité. Rappelons ici que les nouvelles réglementations autorisent la prolongation de la durée de vie des centrales pour 20 ans supplémentaires après validation de la NRA. Trois autres tranches du même âge, Takahama 1 et 2 et Mihama 3, pourraient dans ce cadre bénéficier d’une rallonge de plusieurs décennies dans l’optique où ces derniers seraient autorisés à redémarrer.
En parallèle, le gouvernement japonais, qui souffre d’un déficit énergétique significatif depuis l’arrêt de ses 48 réacteurs nucléaires et supporte un coût très élevé lié aux importations de combustibles fossiles, souhaite relancer l’activité des réacteurs les plus sûrs. Un programme qui nécessitera une opinion publique favorable et l’approbation des populations locales, de moins en moins opposées au retour de l’énergie nucléaire. Les collectivités locales pâtissent en effet des conséquences économiques de l’arrêt des centres de production nucléaire et pourraient donc à terme se ranger du côté du gouvernement.
A l’heure actuelle, seuls les deux réacteurs Sendai 1 et 2 au Sud-Ouest du pays ont obtenu l’autorisation de l’Autorité de régulation et des autorités locales, et pourraient redémarrer cette année. Deux autres, Takahama 3 et 4, exploités par Kansai Electric, ont bien été validés par la NRA mais attendent toujours l’accord des élus locaux.
Crédits photo : Hirorinmasa
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