Une drôle d’installation vient de recouvrir le fleuve qui traverse la capitale libanaise. Un « serpent photovoltaïque » de 300 mètres de long d’une capacité totale d’un mégawatt a été déployé au-dessus de l’eau. Il vise à produire plus d’électricité verte dans un pays qui souffre régulièrement de coupures de courant. Cette technique de serpent solaire permet de produire de l’énergie en milieu urbain et de réduire le coût des projets photovoltaïques (qui nécessitent beaucoup d’espace) en se libérant du coût du foncier. En Provence, un projet similaire est en cours d’expérimentation.
Un linéaire de 300 mètres de panneaux photovoltaïques
C’est à Beyrouth, capitale du Liban, que vient d’être installé le « Beirut River Solar Snake » (BRSS). Ce serpent solaire consiste en l’installation d’une structure de métal et d’acier recouverte de panneaux photovoltaïques sur un linéaire de 300 mètres au-dessus de la rivière qui traverse la ville.
Ce ne sont pas moins de 3600 panneaux solaires qui ont été installés depuis juin 2014. Ce serpent solaire dispose d’une puissance d’un mégawatt qui pourra alimenter environ 1000 logements. Au total, le BRSS s’étend sur une surface d’un hectare.
Son coût de construction s’élève à 3,1 millions de dollars répartis entre la structure en béton et le châssis en acier (1 million de dollars) et les panneaux solaires (2,1 millions de dollars). Au départ, quatre millions de dollars avaient été accordés par le Ministère de l’Energie et de l’Eau pour ce projet, mais des économies ont pu être réalisées.
Une manière d’optimiser la consommation du foncier en ville et de réduire les coûts de construction de la centrale
L’avantage majeur de cette forme de centrale photovoltaïque est de relocaliser la production d’électricité au cœur des villes, là où le foncier est peu disponible. La superposition du cours d’eau et de la centrale permet de réduire considérablement les coûts de construction du serpent solaire (puisqu’il n’est plus nécessaire d’acquérir le foncier).
Avec cette installation dans le cœur de Beyrouth, le Centre Libanais pour la Conservation de l’Energie (qui a soutenu le projet et dont les propos du directeur sont repris par l’Hebdo Magazine) a pour objectif de créer un marché et multiplier les initiatives de ce type.
Le Liban souffre d’une pénurie chronique d’électricité, qui conduit à des blackouts réguliers. Le pays doit donc accroître rapidement ses capacités de production d’électricité : 2500 MW seraient nécessaires pour répondre à la demande, contre 1600 MW installés aujourd’hui. Les énergies fossiles restent privilégiées pour produire rapidement plus d’électricité, mais le Liban souhaite s’appuyer également sur l’énergie solaire. Le pays dispose en effet de conditions climatiques favorables, au point que le gouvernement libanais a pour objectif d’atteindre 12% d’électricité de source renouvelable.
Un projet similaire en cours d’expérimentation en France
En France, une infrastructure comparable recouvre une partie du canal de Provence de panneaux photovoltaïques. Le canal représente une emprise foncière disponible et bien exposée, qui pourrait ainsi être valorisée.
Le projet « Canalsol » est expérimenté par le CEA et la Société du Canal de Provence depuis l’été 2014 sur un tronçon d’une vingtaine de mètres à Rians, dans le Var. Situés à 1,2 mètre au-dessus de l’eau, les panneaux voient leur rendement être amélioré d’un tiers grâce à un système de refroidissement alimenté par l’eau du canal.
Au-delà de la production électrique, la couverture de sections du canal par les panneaux solaires permettrait de limiter la prolifération de plantes aquatiques mais aussi de réduire le phénomène d’évaporation de cette réserve d’eau douce.
Crédit photo : BRSS
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