Depuis les années 2000, l’Allemagne a vu ses agriculteurs se transformer en producteurs de méthane, grâce à un généreux système de subvention de l’électricité produite. Une pratique qui a conduit à des dérives mais qui a aussi permis à ce pays de disposer d’une très importante capacité de production d’électricité grâce au méthane (4000 MW). Toutefois, l’intérêt pour la production de biogaz par les agriculteurs allemands devrait s’estomper, puisque de récentes réformes sont venues limiter les subventions versées.
Dans les années 2000, l’Allemagne a mis en place de généreux systèmes de soutien à la production d’énergies renouvelables. Plus précisément, la loi EEG votée en 2000 fixe un prix de rachat supérieur à celui du marché pour les kWh produits à partir des énergies vertes. A ce tarif fixe vient s’ajouter une subvention pour la production de méthane à partir de plantes.
Les agriculteurs allemands ont naturellement profité de ce système avantageux pour transformer leur activité. Résultat : l’Allemagne dispose aujourd’hui de 4000 MW de capacité de production d’électricité à partir du biogaz (soit 2% du parc de production national), principalement grâce aux installations agricoles. Plus d’un million de foyers bavarois sont par exemple alimentés en électricité grâce à ce système.
Toutefois, la grande rentabilité de la production de méthane a conduit à des dérives telles que la création d’une bulle spéculative sur les terres agricoles. Dans le Nord de l’Allemagne, un hectare de terre se négociait autour de 80.000€ l’hectare en 2012.
Une autre dérive a consisté à importer du maïs (principal combustible utilisé) de Pologne ou de République Tchèque pour alimenter les méthaniseurs et produire plus d’électricité subventionnée. Enfin, tout cela est sans compter les effets négatifs sur le paysage et sur les finances publiques d’une telle ruée vers les subventions.
En 2013/2014, ce ne sont pas moins de 4,3 milliards d’euros de revenus supplémentaires qui ont été générés par les agriculteurs allemands grâce au biogaz.
Cette spéculation devrait cependant prendre fin cette année. Depuis 2012 déjà, la quantité de maïs pouvant être utilisée comme matière première des méthaniseurs est limitée à 60%. Par ailleurs, depuis une loi votée en 2014, les subventions ne sont plus versées au-delà d’un plafond de 100 kW de capacité.
Cette loi ne s’appliquant qu’aux nouvelles installations, l’Allemagne se dirige donc vers une stabilisation de sa production de méthane, mais elle devrait également pouvoir limiter les effets pervers de cette politique de soutien à la méthanisation.
Crédit photo : Frank Vincentz
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