L’accident nucléaire de Fukushima, qui s’est déroulé en mars 2011 au Japon, a quelque peu ralenti le développement du nucléaire civil au plan mondial. Mais l’idée que cette énergie décarbonée a un rôle majeur à jouer dans la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre a continué à faire son chemin. Une situation illustrée par la parution d’une nouvelle étude de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) qui suggère que l’énergie nucléaire est l’une des technologies les plus à même d’aider la communauté internationale à limiter les effets du réchauffement climatique.
Déployer 530 GW de puissance nucléaire d’ici 2050
Selon une feuille de route technologique publiée jeudi 29 janvier par l’AIE et l’Agence pour l’Énergie Nucléaire (AEN) de l’OCDE, l’énergie nucléaire a un rôle important à jouer dans la stratégie climatique mondiale qui permettra de limiter le réchauffement climatique. L’AIE estime que le nucléaire, une source d’énergie stable, non émettrice de gaz à effet de serre et à coût raisonnable, est le moyen le plus efficace d’éviter que les producteurs d’électricité ne succombent à la tentation de ressources bon marché mais polluantes, comme le charbon, pour faire face à une demande galopante.
Selon l’AIE, la capacité nucléaire mondiale doit augmenter de 530 GW d’ici à 2050 afin de limiter suffisamment les émissions de CO2 pour contenir le réchauffement climatique à 2°C. Selon ce futur scénario énergétique, faire passer la puissance du parc atomique mondial des 396 GW actuels aux 930 GW suggérés par l’AIE permettrait de répondre à l’augmentation mondiale de la demande en électricité sans dépasser le seuil d’émissions que la communauté internationale s’est fixée. Les seules énergies renouvelables, même si leur développement est rapide, ne le permettraient pas. Du fait de leur intermittence, énergies éolienne et solaire n’apportent pas les mêmes garanties d’approvisionnement que le nucléaire. Or, en l’absence de solutions de stockage suffisamment performantes, leur intermittence est le plus souvent compensée…. par des centrales thermiques utilisant les énergies fossiles.
La feuille de route de l’AIE n’a pas vocation de prédiction mais se veut plutôt un scénario qui doit servir de base dans l’analyse des comportements à adopter pour mettre en place une politique énergétique mondiale « impactante » en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Maria van der Hoeven, à la tête de l’AIE, milite donc pour une évolution industrielle ayant comme principe de base la création de 12 GW de nouvelles capacités nucléaires par an d’ici à 2050.
Les suggestions de soutien au nucléaire de l’AIE
En terme de gouvernance, l’AIE suggère aux gouvernements de reconnaître pleinement la valeur de l’énergie nucléaire et de mettre en place des politiques énergétiques autorisant les centrales à fonctionner autant qu’il leur est « techniquement possible ». Il faut notamment pour cela que soient mises en place des mesures de soutien aux travaux de Recherche & Développement qui visent à améliorer les technologies nucléaires actuelles, pour un prolongement de la durée de vie des réacteurs dans des conditions de sûreté maximales.
L’AIE exhorte également les gouvernements à déployer les mesures nécessaires pour traiter plus efficacement les déchets radioactifs, recommandant notamment la construction d’installations géologiques profondes dans le cadre de projets nationaux ou partagés.
Enfin, l’Agence internationale estime qu’une partie de la stratégie à long terme des gouvernements dans leur soutien à l’énergie nucléaire est d’encourager le développement des technologies du futur. À court terme, l’AIE affirme que les petits réacteurs modulaires « pourraient étendre le marché de l’énergie nucléaire » et améliorer la qualité de l’air en remplaçant des centrales à charbon. Sur le long terme, l’organisme énergétique mondial souhaite que les réacteurs de 4ème génération soient opérationnels à l’horizon 2030-2040.
Crédit photo : James Marvin Phelps
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