Des énergies renouvelables sous-exploitées en Europe

Des énergies renouvelables sous-exploitées en Europe

@Aurélien CatinonSelon le rapport « The Future of Electricity » du Forum économique mondial, les énergies renouvelables ne sont pas judicieusement déployées en Europe. Des panneaux photovoltaïques et des éoliennes ont été excessivement implantés dans des endroits qui ne leur sont pas les mieux adaptés.

Pour exemplifier cette affirmation, le rapport fait la comparaison entre deux pays. En Espagne, l’énergie solaire permet la production de 1750 kWh d’électricité par an par mètre carré. Concernant l’Allemagne, elle en produit beaucoup moins avec 1050 kWh/m2, en raison de son ensoleillement moindre. Pourtant, l’Allemagne possède presque 7 fois plus de capacité photovoltaïque que l’Espagne avec 33 GW contre 5 GW.

Le même constat peut être fait pour l’éolien. En Espagne encore, cette énergie y est plus développée que dans de nombreux autres pays d’Europe, avec une capacité de production de 23 GW. Il s’avère cependant que le pays de la péninsule ibérique bénéficie d’un plus faible potentiel que ses partenaires européens.

Les pays de l’Europe n’ont donc pas du tout optimisé la localisation de leurs centrales à énergies renouvelables si l’on en croit le rapport. Si les panneaux solaires avaient été davantage installés dans les pays les plus ensoleillés et les turbines éoliennes dans les endroits plus ventés, une économie de près de 86 milliards d’euros aurait pu être réalisée. Le rapport ajoute que plus de 34 milliards d’euros supplémentaires aurait pu être dépensés autrement s’il y avait aussi eu une meilleure coordination transfrontalière et de plus importantes interconnexions électriques entre les États.

Aussi, le rapport souligne qu’il y a, à l’heure actuelle en Europe, une forte surcapacité de production. Il y a eu, en seulement 5 ans, l’ajout de près de 130 GW de capacité renouvelable ainsi que de 34 GW de capacité conventionnelle au réseau électrique de l’Union Européenne. Or la demande en électricité n’a pour autant pas augmenté significativement. Compte tenu du fait que seuls 44 GW de capacité de production conventionnelle ont été ôtés au réseau dans le même temps, les énergies renouvelables ont ainsi créé une surcapacité de production en Europe, ce qui a pour conséquence de réduire la rentabilité économique des installations dites conventionnelles, pourtant souvent indispensables à l’équilibre du réseau. On pense aux centrales à gaz, qui permettent de fournir l’électricité à tout moment, en quelques minutes.

Aux États-Unis, l’évolution de la demande en électricité est assez similaire à celle de l’Europe. Cependant, afin de développer les énergies renouvelables sur son territoire, les autorités ont préféré mettre à l’arrêt des infrastructures de capacités équivalentes afin qu’il n’y ait justement pas de surcapacités de production. La construction des nouvelles installations ne s’est donc pas accompagnée d’une baisse de profits pour les compagnies électriques comme cela est aujourd’hui le cas pour l’Europe.

Crédit Photo : Aurélien Catinon

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • l’eau en energie c’est plus rapide du gasz et le cout eau est 20 euro MWH,le gaz 100 euro MWh.

    Répondre
    • Je pense que les disponibilités en eau (hydraulique) sont limitées et pas conséquent c’est le gaz qui est ensuite utilisé pour la compensation de la variabilité de ces énergies solaires et éoliennes.

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  • Toujours la même erreur fondamentale : les énergies dites renouvelables dont on parle (éoliennes et solaire PV) produisent de manière aléatoire et ne peuvent en aucun cas se substituer à des énergies conventionnelles (charbon, nucléaire) qui répondent à la demande.
    En l’absence de solutions industrielles de stockage de masse de l’électricité, on ne peut se passer des énergies conventionnelles sans prendre le risque majeur qu’en cas de pointe de consommation alors qu’il n’y a pas de vent ni de soleil, la demande d’électricité ne puisse être satisfaite.
    Et qu’on ne parle pas de “foisonnement” de ces énergies aléatoires : très souvent un anticyclone couvre un pays voire un continent entier, le privant de vent. Et les nuages ou même la nuit (!) affectent un pays ou un continent.
    Les politiques inconscients et ignares des domaines scientifiques (c’est un constat et pas un reproche) pourraient, en refusant de prendre en compte ces réalités techniques, nous conduire prochainement à une pénurie d’électricité en France ou en Europe, conduisant à des pannes géantes dues à un épisode météorologique défavorable.
    Ils porteront la responsabilité de leurs décisions, car les techniciens et ingénieurs ont à maintes reprise donné l’alerte sur l’impasse dans la quelle pourrait nous conduire un développement massif des énergies renouvelables, concomitant avec l’arrêt de capacités pilotables, dont notamment le nucléaire.

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  • Il ne faut pas confondre GW et GWh
    GW (gigaWatt) est une unité de puissance alors que GWh (gigaWattheure) est une unité d’énergie.
    Ainsi en gros si l’on considère qu’au mieux une éolienne terrestre tourne 20% du temps en équivalent pleine puissance et que sa durée de vie estimée est de l’ordre de 25 ans, il faut aujourd’hui installer 8 GW d’éolienne pour obtenir la même énergie qu’1 GW de nucléaire sur une durée de 50ans.
    Les énergies intermittentes ne pourront vraiment être prises en compte qu’avec la réalisation de moyens importants de stockage d’énergie ce qui hélas n’est pas pour demain.

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    • Vous avez totalement raison sous l’angle technique : le stockage massif d’énergie électrique n’est pas encore une réalité physique et encore moins industrielle.
      Et si on trouve un jour un moyen de stocker autant d’électricité (de GWh et même de TWh) se posera le problème du coût : car il s’agira même d’un surcoût par rapport à celui des GWh éolien ou solaire, déjà très élevés (2 à 10 fois plus que le GWh de base, fabriqué à partir du nucléaire).
      C’est la raison pour laquelle ces énergies présentées comme renouvelables et sympathiques sont un trompe l’œil : elles ne sont pas du tout aptes à remplacer nos moyens de production come souhaiteraient nous le faire croire des prétendus “écolos” qui sont nés antinucléaires.

      Répondre

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