L’abandon progressif du nucléaire en Allemagne est loin d’être sans conséquence, et si le recours croissant au charbon dans la production électrique a déjà entraîné une hausse des émissions de CO2 (un comble pour un « tournant énergétique »), il pourrait également avoir un impact beaucoup plus direct sur certaines régions et certains citoyens. Le gouvernement a en effet annoncé sa volonté de rouvrir et d’agrandir les mines de lignites existantes dans l’est de l’Allemagne. Une exploitation qui implique la destruction de villages et le déplacement des populations concernées.
Le petit village de Proschim dans la région de Lausitz ne compte certes que 350 habitants mais est devenu au fil des ans une référence en matière d’énergies renouvelables. Entouré d’éoliennes, de centrales solaires et de centrales biogaz qui alimentent près de 15.000 foyers aux alentours, la communauté locale semble s’être dévouée à la cause verte. Un exemple à suivre pourrait-on penser alors que l’Allemagne souhaite accélérer le développement de ses capacités de production renouvelable.
Mais c’est sans compter sur le plan de la chancelière allemande Angela Merkel destiné à sortir son pays de l’énergie nucléaire d’ici 2022. Un plan mis en place en réponse aux préoccupations grandissantes de l’opinion publique à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, au mois de mars 2011, et qui a déjà entraîné l’arrêt de huit centrales sur les 17 que compte le parc nucléaire allemand.
Une sortie progressive de l’atome qui n’est bien sûr pas sans contrepartie. L’ Allemagne s’est vue contrainte, afin de garantir la stabilité de son réseau électrique, de recourir davantage aux énergies fossiles comme le lignite ou la houille. La production d’électricité à base de charbon a donc quelque peu augmenté (et avec elle les émissions de CO2) et le gouvernement cherche désormais à étendre l’exploitation de ce combustible sur le territoire allemand.
Dans ce cadre, l’ouverture de nouvelles mines a donc été décidée dans la région de Lausitz et selon les plans, le village de Proschim ainsi que de nombreuses fermes alentours devront être détruits et les habitants relocalisés. “Il n’y a pas encore suffisamment de sources d’énergie renouvelables pour compenser la perte de l’énergie nucléaire. Donc, pour répondre à la pénurie, on nous dit qu’il faut brûler plus de charbon et détruire les fermes et les villages avec”, se plaint Matti Nedoma, un habitant de Proschim.
Consternés par une telle décision, les habitants tentent d’organiser la résistance face au gouvernement et à la société suédoise Vattenfall, qui détient et exploite ces mines de lignite. Une pétition a été lancée et a déjà recueilli plus de 120 000 signatures.
Crédits photo : Maka
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