Le gouvernement du Niger et le groupe nucléaire Areva ont officialisé ce lundi 26 mai un nouvel accord réglementant la fourniture d’uranium et sécurisant ainsi l’approvisionnement de l’industriel français. Si Areva a dû faire quelques compromis pour clore ces deux années d’âpres négociations, en acceptant notamment l’application de la loi minière de 2006, l’accord semble toutefois assez équilibré pour les deux parties dans un contexte difficile pour le marché de l’uranium.
[stextbox id=”info”]Un partenariat capital pour l’approvisionnement du groupe industriel français[/stextbox]
Après de longs mois de tractations, Areva et le gouvernement nigérien sont finalement parvenus à s’entendre afin de renouveler le contrat d’exploitation des deux mines d’uranium gérées actuellement par le leader mondial du nucléaire et de prolonger ainsi un partenariat en vigueur depuis plusieurs décennies déjà.
Un accord qui s’avérait primordial sur un plan stratégique pour la société française tant le partenariat avec le Niger compte dans son approvisionnement. Il représente actuellement plus de 25 % des approvisionnements en uranium du groupe et le Niger, au même titre que le Canada ou le Kazakhstan, constitue donc un enjeu de taille pour son ravitaillement en minerai. Il lui permet notamment d’être présent sur tous les maillons de la chaîne nucléaire allant de la mine jusqu’au retraitement de combustible usé en passant par la fourniture de réacteurs.
Dans ce cadre, Areva et le Niger coopèrent depuis près de quarante ans dans l’exploitation de deux grandes mines situées près de la ville d’Arlit dans le désert du Sahara au nord du Niger. Ces deux sites sont gérés via deux sociétés, la Somaïr et la Cominak dont Areva détient respectivement 63,4 % et 34 %. Tandis que le premier gisement exploité par la Somaïr a permis de rapporter près de 2730 tonnes d’uranium au groupe en 2013, la Cominak a quant à elle assuré une production de 513 tonnes, soit plus de 3200 tonnes au total.
Toutefois, arrivés à terme depuis le 31 décembre 2013, les contrats d’exploitation de ces sites devaient donc être renégociés en même temps que les conditions d’exploitation du nouveau projet d’envergure d’Imouraren. Ce projet déjà repoussé à plusieurs reprises, est destiné à devenir la deuxième plus grande mine d’uranium à ciel ouvert au monde, avec une production prévue de 5.000 tonnes d’uranium par an.
[stextbox id=”info”]Les conditions d’un accord «équilibré»[/stextbox]
Comme s’en est finalement félicité Luc Oursel, le président du directoire d’Areva, présent à Niamey pour la signature de l’accord, « Areva et l’Etat du Niger sont parvenus à un accord équilibré et durable pour poursuivre leur partenariat historique ». Mais si ces deux partenaires semblent aujourd’hui satisfaits, il leur aura fallu tout de même près de 18 mois d’intenses négociations.
Selon les principales conditions de ce contrat, le Niger bénéficie donc désormais de l’application de la loi minière de 2006 sur les deux mines exploitées par le groupe nucléaire français. Cette loi qui prévoit notamment l’augmentation de la taxation sur le minerai extrait de 5,5 à 12%, était depuis longtemps motif de conflits entre les deux parties. Les deux sociétés minières restent toutefois exemptées de TVA.
Ajouté à cela, Areva s’est engagé à participer au développement local en finançant un vaste programme d’infrastructure. Ainsi, une enveloppe de 117 millions d’euros aurait été débloquée pour financer un tronçon de la route de l’uranium dans le nord du Niger (90 millions d’euros) et un programme de développement agricole (17 millions d’euros). Le groupe français devra par ailleurs construire un nouveau siège social à Niamey regroupant l’ensemble des sociétés nigériennes liées à ses activités et privilégier la nomination de directeurs généraux de nationalité nigérienne aux conseils d’administration de la Somaïr et de la Cominak en 2014 et 2016.
De son côté, Areva a semble-t-il réussi à obtenir un nouveau report du projet Imouraren dont l’investissement représente un coût difficilement envisageable et trop risqué dans la conjoncture actuelle et alors même que le prix de l’uranium a été divisé par deux au cours des trois dernières années. Nécessitant un investissement initial de plus de 1,2 milliard d’euros, Areva détient à ce jour plus de 66 % de parts de la future mine d’Imouraren.
Luc Oursel pense que le cours de l’uranium remontera à la suite de la relance d’une partie des centrales nucléaires japonaises. Son prix avait justement chuté en 2011, après la catastrophe de Fukushima et l’arrêt de l’ensemble du parc atomique nippon.
Crédits photo : Alberto Otero Garcia