Trois centrales au fioul exploitées par EDF vont être mises à l’arrêt à partir d’avril et ce jusqu’au mois d’octobre. Si ces fermetures estivales n’auront aucune conséquence sur la sécurité d’approvisionnement en France, elles illustrent bien la crise de surcapacité que traverse le système énergétique européen. Explications.
Les trois centrales concernées, Porcheville (4X600 MW), Cordemais (2X700 MW au fioul mais les deux tranches au charbon continuent d’être exploitées) et Aramon (2X700 MW) représentent une capacité totale installée de 5.200 MW.
L’arrêt des centrales thermique pendant l’été est courant, en raison de la baisse de la demande. Mais cette fois-ci, EDF précise qu’il s’agit d’un arrêt garanti : en cas de pic de production, les trois centrales ne pourront pas être mobilisées.
Selon RTE, ces arrêts garantis n’auront aucun impact sur la sécurité d’approvisionnement de la France. Il faut dire que ces centrales, capables de produire de l’énergie rapidement pour faire face aux pics de consommation, n’ont pas été utilisées depuis le début de l’année en raison de la faible demande et des températures douces.
Ces unités de production au fioul d’EDF ne sont pas mises sous cocon, contrairement à de nombreuses centrales thermiques en Europe. Mais leur arrêt garanti est une nouvelle illustration de la crise de surcapacité que connaît actuellement le système de production d’électricité européen.
Les moyens de production sont trop nombreux à l’heure actuelle et les exploitants des centrales thermiques en font les frais. Certaines causes ne sont que conjoncturelles : la crise économique ralentit la demande en énergie, et le gaz et le fioul pâtissent du faible cours du charbon.
Mais même les centrales à charbon peinent à être rentables (notamment en Allemagne) en raison d’une cause plus durable : le raccordement de nouvelles installations produisant de l’énergie renouvelable engendre une augmentation continuelle des capacités de production.
Certes, cette production accrue d’énergie propre, prioritaire sur le réseau électrique, est un pas vers la transition énergétique. Mais ces sources d’énergie sont, dans le cas de l’éolien et du solaire, à la fois subventionnées et intermittentes. Par conséquent, de nombreuses centrales thermiques qui ne bénéficient pas du même soutien financier ferment faute de rentabilité (le prix du marché de gros de l’électricité s’est effondré avec la surcapacité).
Ces mêmes centrales thermiques qui sont justement à même de prendre rapidement le relais des énergies vertes lorsque les conditions climatiques sont défavorables. Une situation qui pourrait menacer la sécurité énergétique européenne ?
Les énergéticiens sont nombreux à souffler l’idée d’un système de marché des capacités qui assurerait aux exploitants des centrales thermiques d’être rémunérés à condition de garantir la sûreté d’approvisionnement en période de pointe.
Les tranches au fioul de Porcheville, Cordemais et Aramon ne doivent normalement pas fermer avant 2023.
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