Selon une étude publiée mardi 14 janvier par la Fédération de l’Energie allemande, le charbon a été, en 2013, la première source d’électricité outre-Rhin. La production issue du lignite a même atteint un niveau qui n’avait pas été atteint depuis 1990, à l’époque où les centrales polluantes de l’ex-RDA tournaient à plein régime.
Sédiment organique résultant de la transformation de résidus végétaux, le lignite est un des combustibles fossiles les plus polluants en raison de sa forte teneur en carbone (75%). L’Allemagne, qui est le premier producteur mondial de ce dérivé du charbon, en extrait massivement de ses réserves situées en Rhénanie et en Lusace, dans la partie Est du pays. En raison de sa disponibilité, et donc de son coût relativement faible, le gouvernement d’Angela Merkel a décidé d’y recourir massivement pour pallier l’arrêt progressif de son parc nucléaire.
[stextbox id= »info »]Le boom allemand du charbon [/stextbox]
Tirée vers le haut en raison de la politique énergétique allemande qui prévoit une sortie totale du nucléaire d’ici 2022, la production d’électricité des centrales thermiques à charbon, lignite et houille a explosé au cours des 3 dernières années. Ces énergies fossiles polluantes ont été responsables de 45,5% de l’électricité produite en 2013 en Allemagne. Soit un volume de 629 milliards de kWh.
Le lignite, un dérivé du charbon peu cher mais extrêmement polluant, s’est taillé à lui tout seul une place de 25,8% dans le mix électrique de l’Allemagne. Devenant ainsi la première source d’énergie électrique du pays. Avec une production de quelques 162 milliards de kWh, l’électricité issue du lignite retrouve un niveau proche de celui de 1990. C’est également 1,3 milliards de kWh de plus qu’en 2012 et 12 milliards de kWh de plus qu’en 2011.
Alors que le gouvernement d’Angela Merkel prône une transition énergétique exemplaire, les écologistes européens s’interrogent sur la pertinence du modèle allemand dans lequel le recours au charbon entraîne d’importantes émissions de gaz à effet de serre. L’inefficacité actuelle du système européen de certificats d’émissions de CO2 (5€ pour l’émission d’une tonne de carbone) ne faisant d’ailleurs que renforcer la compétitivité du charbon.
[stextbox id= »info »]L’omniprésence des énergies renouvelables[/stextbox]
Malgré la hausse de la consommation du charbon, les sources d’énergies renouvelables, jusqu’ici fortement subventionnées, ont toutefois réussi à atteindre une part record dans le mix électrique allemand. Avec un volume de production de 147,1 milliards de kWh (contre 104 milliards en 2010), les énergies propres (éolien, solaire et biomasse) représentent 24,3% de la production électrique totale.
Malgré cette percée du renouvelable, l’électricité générée grâce à des sources respectueuses de l’environnement reste en dessous de celle issue du lignite. Une situation qui s’expliquerait en partie par des conditions météorologiques défavorables, l’année 2013 ayant été « faible en vent » selon Hildegard Müller, présidente de la Fédération Nationale du secteur de l’eau et de l’énergie.
Les experts notent également une hausse des exportations de l’électricité allemande. En même temps que le charbon et le renouvelable progressent dans le mix électrique de nos voisins d’Outre-Rhin, le solde exportateur d’électricité augmente de 42%. La raison? Le faible prix et l’abondance de l’énergie électrique allemande. D’une part le charbon permet aux énergéticiens allemands de produire une énergie polluante mais compétitive. D’autre part, l’électricité issue du renouvelable est rachetée d’office par les gestionnaires de réseau qui la revendent ensuite à un très faible prix lorsque la demande n’est pas au rendez-vous.
Le charbon et le lignite ne remplacent pas le nucléaire mais le gaz, comme le montrent les dernières statistiques.
http://energeia.voila.net/electri2/allemagne_nucle_charbon.htm
Aussi bien le graphique que le tableau sont très explicites.
Les données provisoires pour 2013 vont dans le même sens.
Entre 2010 et 2013, nous avons :
– lignite +16,1 TWh et charbon +7,0 TWh (total +23,1 TWh)
– gaz -23,3 TWh et pétrole -1,7 TWh (total -25,0 TWh)
– nucléaire -43,6 TWh
– renouvelables + 42,3 TWh
A compléter par le divers et l’augmentation des exportations nettes.