Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a entamé sa visite officielle en Chine jeudi 5 décembre. Axée sur les relations économiques entre nos deux pays, la visite de M. Ayrault était placée sous le signe de la coopération nucléaire. Un voyage symboliquement marqué par le 30ème anniversaire du partenariat scellé entre la France et la Chine dans le domaine du nucléaire civil.
D’ici 2025, la Chine compte développer son parc nucléaire à hauteur de 150 nouveaux réacteurs. Avec des ingénieurs de plus en plus compétents et une envie de sortir de ses frontières, le pays lorgne de plus en plus du côté de l’international. Comme le prouve le développement d’un réacteur nucléaire au Pakistan et l’engagement de la Chine au côté de la France dans le projet de l’EPR britannique d’Hinkley Point. Où en est donc, aujourd’hui, la filière nucléaire chinoise ?
[stextbox id= »info »]Un marché national qui représente la moitié du marché mondial[/stextbox]
Démarré sous Mao Zedong dans les années 50, dans un contexte géopolitique mondial particulier d’après-guerre, le programme nucléaire chinois n’est dans un premier temps qu’à vocation militaire. Ce n’est que plus tard, vers 1970, que la Chine s’intéresse au secteur atomique comme d’une potentielle source d’énergie. La première centrale, de Qinshan, ouvrira ainsi ses portes en 1991 dans la province de Zhejiang. Majoritairement basé sur des transferts de technologies françaises, le nucléaire civil s’est également développé avec le soutien du Canada et de la Russie puis, en 2008, des Etats-Unis.
Aujourd’hui, selon les dernières données de la World Nuclear Association, l’Empire du Milieu compte sur son territoire 17 réacteurs nucléaires en service. Ils sont tous issus de la filière des réacteurs à eau pressurisée sauf deux (Qinshan 3.1 et 3.2) qui sont des réacteurs à eau lourde pressurisée. Majoritairement implantées dans les zones de forte demande en énergie, ils affichent une puissance installée de 14.842 MWe et couvrent 1,5% des besoins du pays en électricité. Une faible part qui n’empêche pas l’atome chinois de représenter la moitié du marché nucléaire au niveau mondial.
La filière nucléaire chinoise se compose de deux organismes publics : la société China General Nuclear Power Corporation (CGN) et le conglomérat China National Nuclear Corporation (CNNC). Le premier, fort de ses nombreuses années d’expérience dans la construction de réacteurs nucléaire, participe actuellement à la mise en place d’un EPR (similaire à celui de Flamanville) sur le site de Taishan, dans la province de Guangdong. Bien que débuter après le chantier normand, le chantier chinois pourrait se terminer avant celui qui lui a servi de modèle.
[stextbox id= »info »]La Chine est-elle le futur du nucléaire mondial ?[/stextbox]
Au jour d’aujourd’hui, 29 réacteurs sont en cours de construction (pour une puissance de 31.610 MWe) et 59 autres sont planifiés (64.420 MWe). D’ici 2020, la puissance nucléaire chinoise devrait avoir plus que quadruplée, avec une puissance de 58 GWe. Des prévisions font même état d’une puissance de 400 GWe d’ici 2050.
Ce développement rapide s’est toutefois heurté temporairement à la méfiance des pouvoirs publics après la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars 2011. Le Conseil d’Etat de la République Populaire de Chine a en effet décidé de geler, le 16 mars 2011, les autorisations de développement pour de nouveaux réacteurs. Mais rapidement, en octobre de la même année, les projets du programme nucléaire chinois ont repris.
En utilisant et en améliorant les technologies occidentales, la Chine est devenue en grande partie auto-suffisante dans la conception et la construction de réacteurs nucléaires. Le pays s’implique ainsi de plus en plus dans le secteur au niveau international : Pékin est membre du « Groupe de propriétaires de CANDU » (un organisme à but non lucratif qui porte sur la coopération et l’échange d’informations pour soutenir cette technologie de réacteur développée par le Canada) et participe au programme de coopération international ITER (qui a pour objectif la construction d’un réacteur à fusion nucléaire à Cadarache, en France).
La Chine n’hésite plus a s’imposer comme un acteur industriel du marché nucléaire international : en plus de sa participation au nouveau projet d’Hinkley Point, en Angleterre l’Empire du Milieu a développé un accord de coopération nucléaire avec l’Argentine, alors que la société State Nuclear Power Technology Corporation ouvrait en septembre dernier son premier siège social en Amérique du Sud, à Rio de Janeiro (Brésil).
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