Grâce à un accord datant de 1993 portant sur le désarmement de l’arsenal militaire de l’ex-URSS, les États-Unis génèrent 50% de leur électricité d’origine nucléaire à partir de l’uranium issu des anciennes têtes nucléaires russes. Jugeant que le prix de vente fixé par cet accord était dorénavant trop faible, la Russie a décidé de ne pas le renouveler tel quel.
Il faut savoir que la production d’énergie nucléaire et la fabrication d’armes nucléaires nécessitent le même processus d’enrichissement (mais à des degrés très différents) et les mêmes matières fissiles. C’est pourquoi la communauté internationale impose un contrôle rigoureux aux pays utilisant les technologies nucléaires civiles. Mais si la production d’énergie nucléaire peut être utilisée à des fins militaires, l’inverse est également valable. C’est ainsi que l’uranium utilisé pour l’armement nucléaire de l’ex-URSS est racheté par les États-Unis pour être réutilisé dans le secteur de la production d’énergie.
[stextbox id= »info »]Les matières fissiles à la base du nucléaire civil et militaire[/stextbox]
La conception d’armes nucléaires nécessite l’utilisation des matières fissiles, quel que soit la manière de fonctionner de ces équipements militaires (fission nucléaire ou fusion thermonucléaire). Egalement utilisées comme combustibles pour les centrales ou pour la propulsion nucléaire (navire et sous-marins), les matières fissiles sont des isotopes dont le noyau est susceptible de subir une fission sous l’effet de neutrons. Ils doivent être suffisamment riches pour pouvoir entretenir une réaction en chaîne.
L’uranium 235 et le plutonium 239 sont les matières fissiles généralement utilisées dans les dispositifs explosifs nucléaires. Lorsqu’il est enrichi, processus indispensable pour du nucléaire à visée militaire, l’uranium contient plus de 90% d’uranium 235 (l’enrichissement ne dépasse pas 5% pour l’usage civil). Le plutonium n’existe pas dans la nature en quantités importantes, contrairement à l’uranium, et doit donc être produit artificiellement. Il se crée en exposant un atome d’uranium 238 à un rayonnement de neutrons. D’autres matières (l’américium, l’uranium 233, le neptunium…) peuvent aussi être utilisées pour fabriquer des armes nucléaires.
[stextbox id= »info »]Un programme pour la non-prolifération d’armes nucléaires[/stextbox]
États-Unis et Fédération de Russie ont signé le 18 février 1993, un accord de recyclage de l’uranium contenu dans les armes nucléaires russes : le programme « Megatons to Megawatts ». Par le biais de ce dernier, les Etats-Unis s’engagent à racheter 500 tonnes d’uranium, auparavant contenu dans les armements nucléaires russes démantelées à la fin de la Guerre Froide. Converti en combustible à usage civil sur le territoire de la Russie, ces matières nucléaires peuvent ensuite être réutilisées dans les centrales américaines.
Selon Rose Gottemoeller, sous-secrétaire d’État américaine pour le contrôle des armements, 500 tonnes d’uranium militaire auraient déjà été « recyclées » dans le cadre de ce programme. Un stock russe qui aurait d’ailleurs permis aux États-Unis de produire 10% de son électricité. Si Washington a déjà consacré près de huit milliards de dollars dans ce combustible vendu à un prix avantageux, Moscou n’a pas souhaité prolonger le contrat en l’état. L’United States Enrichment Corporation (organisme qui fournit le combustible aux centrales américaines) et le consortium russe Technsabexport ont signé un contrat pour la fourniture de combustible mais dont le prix est cette fois basé sur les prix du marché.
En mars 1999, Areva (alors nommé Cogema) signait également, en consortium avec le canadien Cameco et l’américain Nukem Incorporation, un accord avec Technsabexport portant sur l’achat d’uranium issu du démantèlement des armes nucléaires russes.
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