Au cours du mois de mars 2013, le Japon a annoncé avoir réussi à extraire du méthane des fonds océaniques. L’exploitation de ces ressources fossiles pourrait permettre à l’archipel nippon de lutter contre une dépendance énergétique très importante.
Les hydrates de méthane (ou clathrates) représentent la plus grande accumulation d’hydrocarbures sur la planète. Cependant, la dispersion de la ressource sur le globe et les difficultés pour l’atteindre ont retardé son exploitation. En effet, les hydrates de méthane se trouvent soit sous la roche gelée des régions polaires (permafrost), soit tout au fond des océans, à plus d’un kilomètre de profondeur. Dans les deux cas, le méthane est piégé à très basse température à très forte pression. Si un bloc d’hydrates de méthane extrait est présenté à une allumette, il prend feu, donnant aux hydrates de méthane ce surnom de « glace qui brûle ».
Il faut donc extraire le méthane prisonnier dans la roche, soit par réchauffement, soit par augmentation de la pression. C’est cette deuxième technique qui a été utilisée par les Japonais au cours du mois de mars. Au large de la province d’Aïchi, ils ont percé au fond de la fosse de Nakaï, à plus de 1300 mètres de fond afin de faire remonter les débris de roche. C’est lors de la remontée à la surface que s’est produite la dépressurisation, ce qui a permis la dissociation du gaz et de l’eau.
Lutter contre la pénurie énergétique
Depuis l’accident de Fukushima, le Japon a progressivement fermé l’ensemble de ses centrales nucléaires (même si deux réacteurs ont depuis été relancés). Shinzo Abe, le nouveau Premier ministre, a promis la prochaine remise en marche des centrales, mais celles-ci ne redémarreront pas tant qu’un nouveau protocole de sécurité ne sera pas effectif. Si bien que depuis 2011, la dépendance énergétique du Japon n’a cessé de croître. Aujourd’hui, l’archipel nippon importe 95% de l’énergie qu’il consomme.
Les hydrates de méthane pourraient être une solution pour réduire cette dépendance énergétique. En effet, les sous-sols océaniques du Japon sont très riches en hydrates de méthane. Selon certains scientifiques, les réserves de la côte sud – entre les villes de Shizuoka et de Wakayama – représentent près d’une décennie des besoins en gaz du pays. Et les autres côtes en seraient également pourvues. Au total, près d’un siècle de consommation de gaz du Japon se trouverait dans les sous-sols océaniques qui entourent l’archipel.
Si le Japon est bien pourvu, ce n’est pas le cas de toutes les régions du monde. La chercheuse Chiharu Aoyama explique que les hydrates de méthane sont très présents dans les zones sismiques. Ainsi, on en trouve peu le long des côtes africaines.
Fiabiliser la technologie
Suite aux premières réussites d’extraction au cours du mois de mars, le ministre de l’Industrie japonais a mis en avant l’objectif de « fiabilisation » de cette technologie. D’autant plus que l’exploitation des hydrates de méthane est plus complexe que celle des gaz de schiste. Le gouvernement nippon envisage réalise une extraction stable sur une période de deux semaines afin de juger de la pérennité de cette technologie.
Il faut en effet que l’extraction soit propre et sans rejet accidentel, car le méthane rejeté dans l’atmosphère provoque un effet de serre 20 fois supérieur à celui engendré par le rejet de dioxyde de carbone.
Représentant un réel enjeu d’indépendance énergétique pour l’archipel nippon, l’exploitation des hydrates n’en est qu’à ses balbutiements. Une commercialisation ne pourrait pas s’organiser avant l’horizon 2020 voire 2030.
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