Deux ans jour pour jour après la COP21, un nouveau sommet étape baptisé « One Planet Summit » dédié au financement de la lutte contre le changement climatique s’est ouvert mardi 12 décembre 2017 à Paris. Co-organisé avec les Nations Unies et la Banque Mondiale, cet événement doit permettre de mettre en exergue tous les moyens dont disposent les acteurs engagés dans la finance publique et privée pour innover et agir en faveur du climat.
Plusieurs dizaines de dirigeants internationaux se réunissent une nouvelle fois à Paris ce mardi 12 décembre, afin de donner un coup d’accélérateur à la lutte contre le changement climatique et de redonner de l’élan à l’Accord de Paris après la défection des Etats-Unis annoncée en début d’année. Ce sommet co-organisé par la France, l’ONU et la Banque mondiale avait en effet été proposé par Emmanuel Macron suite au retrait américain, et entend donc remobiliser les troupes dans le combat contre le réchauffement des températures, via l’apport de nouveaux financements.
S’il s’inscrit dans l’agenda et la logique de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, cet événement a donc surtout pour objectif de sensibiliser les institutions financières publiques ou privées encore frileuses en la matière. Pourtant comme le réaffirme Xavier Girre, Directeur exécutif en charge de la Direction financière d’EDF “Depuis la première émission d’EDF en 2013, les obligations vertes sont devenues essentielles au financement des ambitions du groupe dans les énergies renouvelables”.
Les financements n’ont pour le moment jamais atteint les promesses faites par les 196 pays signataires de l’Accord de Paris, et sont donc trop insuffisants pour espérer maintenir la hausse des températures sous la barre des 2°C. L’Agence internationale de l’Energie estime par exemple qu’il faudrait en moyenne 3.500 milliards de dollars (d’investissements dans le secteur énergétique) chaque année pendant 30 ans pour atteindre cet objectif. « Il s’agit de trouver de nouveaux moyens de financer l’adaptation de nos modes de vies aux transformations inéluctables, d’accélérer encore la réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’ancrer les problématiques climat au cœur de la finance », est-il expliqué sur le site internet One Planet Summit.
Ce nouveau sommet international s’attachera pour cela plus particulièrement aux questions de financement des actions climat et à l’alignement des flux financiers qui permettront d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris aussi bien en termes de réduction des émissions de CO2 que de protection des populations face aux conséquences du dérèglement climatique. « Cette question est indispensable pour crédibiliser l’action climat et opérer sur le terrain, le changement d’échelle qui est nécessaire à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris », précise le ministère de la Transition écologique dans un communiqué. Celui-ci vise d’ailleurs à travers cette manifestation, des résultats très concrets via la mobilisation et l’allocation de fonds supplémentaires pour les nombreux projets en cours dans tous les domaines de la lutte contre le changement climatique : énergies renouvelables, transports propres, agriculture, bâtiments et ville durables, protection des populations face aux impacts du changement, etc.
Mais le gouvernement se refuse toutefois à parler de simple « conférence de donateurs », et plaide pour un verdissement global de la finance et la mise en œuvre de nouveaux outils de financement durables comme les obligations vertes d’Etat, la tarification du carbone, la taxe sur les transactions financières ou encore les fonds privés dédiés au climat et à la sortie des énergies fossiles. Ces fonds mettant en avant des critères environnementaux, sociaux et gouvernementaux (ESG) sont en pleine croissance, notamment en France où, selon l’institut de recherche Novethic, 361 fonds étaient commercialisés fin 2016 représentant un encours de 110 milliards d’euros. Ce sommet a pour ambition de « rassembler l’ensemble des acteurs clés du monde de la finance et du climat afin de co-construire les outils, alliances et initiatives indispensables au verdissement de la finance et accélérer la mise en œuvre de projets climat sur le terrain », poursuit le gouvernement.
Au total, plus de 50 intervenants (ONG, entrepreneurs, investisseurs, membres de gouvernement, acteurs locaux, scientifiques) se réuniront tout au long de la journée autour des quatre tables rondes afin d’identifier, de mettre en œuvre ces solutions concrètes et de mobiliser la finance publique et privée pour pouvoir les déployer largement, y compris dans les pays les plus vulnérables. Une vingtaine de projets seront mis en valeur à cette occasion afin d’illustrer le fait que des solutions concrètes (locales ou globales) existent pour répondre aux enjeux auxquels nous faisons face. « Ils doivent être amplifiés et répliqués et servir de source d’inspiration à travers le monde. Ils démontrent que nous sommes engagés dans un monde nouveau pour préserver l’avenir de notre seule et unique planète », ajoute le ministère.
Plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement devraient être présents sur l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt, dont le Mexicain Enrique Pena Nieto, le roi du Maroc Mohammed VI, des présidents africains et de petites îles vulnérables au réchauffement, ainsi que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Mais la Chine, l’Inde ou le Canada, grands émetteurs de gaz à effet de serre, ne doivent être représentés qu’au niveau ministériel. Les Etats-Unis, dont le président n’a pas invité, ne seront représentés quant à eux que par un chargé d’ambassade.
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