Présenté le mardi 14 octobre 2025 en Conseil des ministres, le projet de loi de finances (PLF) 2026 acte une évolution majeure pour les automobilistes. La borne de recharge, symbole de la mobilité électrique à domicile, perdrait son avantage fiscal. Ce dispositif, qui permettait de réduire jusqu’à 500 euros le coût d’installation, ne serait plus reconduit à partir du 1er janvier 2026. Une décision budgétaire qui s’inscrit dans un contexte de rigueur, alors que le gouvernement cherche à contenir la dépense publique.
Un coup d’arrêt fiscal pour les bornes de recharge
Jusqu’à présent, le crédit d’impôt pour borne de recharge, instauré par l’article 200 quater C du code général des impôts, s’appliquait aux dépenses engagées entre 2021 et 2025. Il couvrait 75 % du montant des travaux, dans la limite de 500 euros par équipement. Selon les données de la direction générale des finances publiques, 46 932 foyers ont bénéficié de cette aide en 2024. Le Projet de Loi de Finances 2026, présenté par Bercy, prévoit désormais la fin du dispositif.
D’après les informations confirmées par Automobile-Propre, cette suppression permettrait à l’État d’économiser environ 23,4 millions d’euros par an. La mesure s’appliquerait à toutes les installations facturées après le 31 décembre 2025. Elle met fin à un coup de pouce qui, depuis quatre ans, soutenait la diffusion des véhicules électriques auprès des particuliers.
Un signal contradictoire pour la politique électrique
Du côté des acteurs du secteur, la décision surprend. « C’est une mesure qui risque de casser une dynamique », alerte Olivier Hamard, directeur général de Zeplug et président de l’Association française des opérateurs de recharge, cité par Automobile-Propre. Selon lui, le crédit d’impôt représentait un levier décisif pour inciter les ménages à investir dans une borne de recharge domestique. Sans ce soutien, l’installation d’une borne coûtera en moyenne entre 900 et 1 500 euros, selon ExpertFiscal.fr.
Une dépense conséquente dans un contexte où le prix des véhicules électriques reste supérieur de 25 % à celui des modèles thermiques. Pour les observateurs, la mesure pourrait accentuer la fracture entre ménages aisés, déjà majoritaires parmi les acheteurs de voitures électriques, et ménages modestes. Cette décision intervient alors que la France s’est engagée à atteindre 1 million de points de charge d’ici 2030, dont une large part installée dans les logements individuels. Pour les associations de consommateurs, supprimer le crédit d’impôt à ce stade reviendrait à freiner la progression de cette infrastructure essentielle à la transition énergétique.
Une mesure inscrite dans la logique du budget 2026
Le budget 2026 se veut celui du redressement des comptes publics. Selon le ministère de l’Économie, la suppression de certaines « niches fiscales » doit permettre de dégager plusieurs centaines de millions d’euros d’économies. Le crédit d’impôt pour borne de recharge entre dans cette catégorie. L’exécutif estime que la diffusion des infrastructures de recharge est désormais suffisamment amorcée pour se poursuivre sans incitation fiscale. Mais pour les industriels, le raisonnement est prématuré.
La croissance du parc électrique marque le pas : les ventes de voitures 100 % électriques n’ont progressé que de 2,1 % entre janvier et septembre 2025, selon les données de l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique. Dans ce contexte, retirer un dispositif incitatif pourrait ralentir davantage la courbe. La borne de recharge à domicile reste, de loin, le mode de recharge le plus utilisé en France : près de 80 % des recharges s’effectuent à domicile, selon l’Ademe. Les experts jugent donc ce levier fiscal encore crucial pour soutenir la montée en puissance de l’électrique et atteindre les objectifs climatiques européens.






