Alors que les ambitions écologiques semblent s’effacer, une entreprise relance sa quête énergétique dans les sous-sols les plus disputés de la planète.
Un puits, deux découvertes, et un virage assumé : BP redessine sa cartographie du profit à 190 kilomètres au large de la Louisiane.
Retour sous pression : BP mise tout sur les hydrocarbures
En annonçant le 14 avril 2025 une nouvelle trouvaille pétrolière dans le Golfe du Mexique, BP confirme ce que ses orientations laissaient présager depuis février 2025 : la transition énergétique peut attendre. L’excavation a été menée dans le bloc 584 de Green Canyon, un périmètre situé à environ 120 miles de la côte louisianaise. Les deux sondages menés y ont révélé un volume de pétrole et de gaz jugé « potentiellement commercial », selon le communiqué officiel. Plus qu’un simple réservoir, cette découverte consolide un virage stratégique majeur : celui d’un désengagement progressif des projets renouvelables, considérés comme moins rentables à court terme.
Il serait impossible d’évoquer les ambitions de BP dans cette région sans rappeler l’ombre pesante de Deepwater Horizon. En avril 2010, l’explosion de cette plateforme d’extraction avait provoqué la pire pollution marine jamais enregistrée aux États-Unis, causant la mort de 11 salariés et engendrant des réparations financières de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Aujourd’hui, le même Golfe devient à nouveau le théâtre des grandes manœuvres pétrolières. Andy Krieger, vice-président de BP, l’assume : « l’activité dans ce golfe est centrale dans la stratégie de l’entreprise ».
Un terrain devenu symbole géopolitique
Loin d’être anodin, le choix du Golfe du Mexique s’inscrit dans une lecture politique assumée. La zone maritime est désormais désignée par BP comme le « golfe d’Amérique », une terminologie adoptée après sa promotion par le Président des États-Unis Donald Trump, lequel l’avait qualifiée de « partie indélébile de l’Amérique » et de « destination préférée des Américains pour le tourisme et les activités de loisirs ». Derrière la rhétorique nationaliste de l’homme d’État, se dessine un espace économique stratégique, à la fois productif, symbolique et disputé. BP y détient à présent 57,5 % du champ Far South, en partenariat avec Chevron (42,5 %), et y projette une production de 400 000 barils équivalent pétrole par jour d’ici à 2030.
En visant une production mondiale de 2,5 millions de barils par jour d’ici à la fin de la décennie, BP se repositionne comme un acteur central du secteur énergétique conventionnel. L’entreprise prévoit pas moins de 40 forages dans les trois prochaines années, dont une quinzaine dès cette année.