Jusqu’où ira Coca-Cola ? 600 000 tonnes de plastique rejetées par an

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Jusqu'où ira Coca-Cola ? 600 000 tonnes de plastique rejetées par an
Jusqu’où ira Coca-Cola ? 600 000 tonnes de plastique rejetées par an | L'EnerGeek

L’ONG Océana a publié un rapport accablant ce mercredi 26 mars sur l’empreinte plastique du géant américain Coca-Cola. D’ici à 2030, la multinationale serait responsable de plus de 600 000 tonnes de déchets plastiques déversés chaque année dans les océans et les cours d’eau du globe. Une perspective qui pose la question de la légitimité environnementale d’un acteur aussi dominant sur le marché mondial des boissons.

Coca-Cola : champion mondial des déchets plastiques dans l’eau

Qu’on se le dise : Coca-Cola ne se contente pas d’être numéro un des sodas. Il s’impose aussi comme l’entreprise la plus polluante au monde en matière de plastique, dépassant allègrement PepsiCo, Nestlé et Danone, selon une étude parue dans la revue Science Advances en 2024. En analysant les données internes de Coca-Cola sur sa production d’emballages entre 2018 et 2023, et en intégrant des prévisions de croissance, l’ONG Océana estime que la consommation annuelle de plastique du groupe pourrait franchir la barre des 4,13 millions de tonnes d’ici 2030.

En appliquant un modèle scientifique publié dans la revue Science en 2020, Oceana calcule que 602 000 tonnes de plastique pourraient se retrouver dans les écosystèmes aquatiques chaque année, soit l’équivalent de 220 milliards de bouteilles de 500 mL. Et l’image est brutale : « De quoi remplir l’estomac de 18 millions de baleines », selon le rapport cité par Europe 1 le 26 mars 2025.

Les promesses envolées de Coca-Cola sur les emballages réutilisables

En 2022, Coca-Cola s’engageait solennellement à atteindre 25 % d’emballages réutilisables d’ici 2030, reconnaissant même que ces derniers figuraient « parmi les manières les plus efficaces de réduire les déchets », peut-on lire sur Le Parisien. Pourtant, deux ans plus tard, l’ambition est évaporée.

Dans sa feuille de route sur le développement durable publiée en décembre 2024, l’entreprise abandonne discrètement cet objectif pour concentrer ses efforts sur le recyclage et la collecte. Face à cette volte-face, un porte-parole du groupe tente de rassurer : Coca-Cola resterait « déterminée à élargir (ses) options d’emballages réutilisables » dans des propos partagés par Europe 1. Une déclaration qui sonne creux lorsque l’on constate l’ampleur du désengagement.

Recyclage, écran de fumée ou solution de façade ?

Les défenseurs de l’environnement alertent depuis longtemps sur une stratégie bien huilée mais trompeuse : mettre le poids de la pollution sur les épaules des consommateurs en vantant les vertus du recyclage, tout en continuant à produire massivement des contenants à usage unique. « Le recyclage est une bonne chose, ne vous méprenez pas. Mais si vous utilisez du plastique recyclé pour produire plus de plastique à usage unique, c’est un problème », explique Matt Littlejohn, responsable de la campagne d’Oceana, dans les colonnes de Europe 1.

La réalité est implacable : le plastique est produit à partir de pétrole, et toute augmentation de sa fabrication alimente directement les émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, derrière la bouteille de soda se cache une logique industrielle qui contribue activement au dérèglement climatique.

Des alternatives ignorées… sauf dans certains pays

Le rapport d’Oceana ne se contente pas d’énoncer les catastrophes : il propose aussi des pistes concrètes. Le verre réutilisable, capable de servir 50 fois, ou le plastique PET épaissi, réutilisable 25 fois, sont des solutions existantes et éprouvées. Et Coca-Cola ne les ignore pas complètement : l’entreprise les déploie déjà à grande échelle au Brésil, en Allemagne, au Nigeria ou encore dans certaines régions des États-Unis, comme le Texas.

« Ils ont la capacité de développer cela et de montrer la voie au reste de l’industrie », insiste Matt Littlejohn (Europe 1, 26 mars 2025). Mais cette capacité reste largement sous-exploitée, reléguée à une poignée de marchés tests, alors que le problème est global.

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