Les importations françaises de GNL russe ont plus que doublé au premier semestre de cette année 2024, une hausse spectaculaire qui contraste avec la volonté affichée par l’Europe de réduire sa dépendance énergétique envers la Russie. Selon les données de l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), la France a importé près de 4,4 milliards de mètres cubes de GNL russe, contre plus de 2 milliards de mètres cubes durant la même période en 2023. Les contrats signés par des entreprises comme TotalEnergies avant l’invasion de l’Ukraine obligent ces dernières à continuer leurs importations.
Oleh Savytskyi, fondateur de l’organisation à but non lucratif Razom We Stand, dénonce ces importations qui, selon lui, sabotent la transition énergétique de l’Europe et financent la guerre en Ukraine. En effet, alors que les pays européens tentent de diversifier leurs sources d’énergie, ils continuent tout de même d’importer du gaz russe, contribuant ainsi indirectement à l’effort de guerre du Kremlin. Par ailleurs, les analystes soulignent que l’augmentation temporaire des importations de GNL russe ne remet pas en cause les efforts de l’UE pour diversifier ses sources d’énergie. “Nous avons diversifié nos importations et la majeure partie du gaz nécessaire est fournie par des partenaires fiables, tels que la Norvège et les États-Unis“, a déclaré Adalbert Jahnz, porte-parole de la Commission européenne.
L’augmentation des importations de GNL russe a des répercussions économiques et géopolitiques majeures pour la France et l’Union européenne. D’un point de vue économique, cette dépendance au gaz russe pourrait exposer l’Europe à des fluctuations des prix et à des pressions politiques de la part de Moscou. De plus, les importations massives de GNL russe pourraient ralentir les efforts de l’UE pour atteindre ses objectifs climatiques et réduire ses émissions de CO2.
Sur le plan géopolitique, cette situation renforce la position de la Russie comme fournisseur clé d’énergie pour l’Europe, malgré les sanctions occidentales et les tensions croissantes liées au conflit en Ukraine. Les gouvernements européens, craignant une hausse des factures d’énergie et des perturbations pour les utilisateurs industriels, hésitent à imposer un embargo total sur le gaz russe.