La France au coeur du futur réseau électrique transeuropéen

La France au coeur du futur réseau électrique transeuropéen

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Le 3 décembre 2019, la Commission Européenne a signé un accord avec RTE et Eirgrid. La Commission va subventionner le projet Celtic Interconnector, qui doit relier l’Irlande au réseau électrique européen. Alors que la date effective du Brexit reste toujours inconnue, l’Europe s’organise pour renforcer le maillage de son réseau électrique. L’enjeu était déjà stratégique dans le cadre du développement des énergies vertes ; il est devenu urgent pour faire face aux conséquences du Brexit.

L’Irlande bientôt raccordée à l’Europe

“Un signal de solidarité européenne en cette période cruciale”. C’est par ces mots que Leo Varadkar, le premier ministre irlandais, a salué la décision de la Commission Européenne de subventionner le projet Celtic Interconnector. Cette décision intervient dans un contexte tendu pour l’Irlande. A l’heure actuelle, l’île est reliée au réseau électrique britannique, mais elle reste indépendante du réseau européen. Une position difficile car le Brexit risque de changer la donne énergétique pour l’Irlande. Jusqu’à présent, l’île était dépendante de son voisin britannique pour son raccordement électrique et gazier (51,1% de l’électricité irlandaise est produite grâce au gaz naturel).

Le projet Celtic Interconnector est porté par deux entreprises, le français RTE et l’irlandais Eirgrid. Ensemble, ils veulent déployer la première liaison électrique entre l’Irlande et l’Europe, en utilisant la France comme point d’ancrage de la nouvelle ligne.

Le chantier devrait coûter 930 millions d’euros. Les travaux de construction de la future interconnexion doivent commencer en 2023. Cette future ligne de câbles sous-marins devra couvrir une distance de 575 km pour raccorder l’Irlande à la France (entre Cork et Landerneau), sans passer par la Grande-Bretagne. La mise en service est prévue pour 2026.

Le projet a déjà reçu l’appui du gouvernement français. Il peut désormais compter sur le soutien financier de l’Europe. La Commission Européenne a signé un accord, le 3 décembre dernier, pour subventionner le projet à hauteur de 530 millions d’euros.

Mise en place de la “solidarité électrique” dans l’UE

Dans le contexte de la transition énergétique, l’Union Européenne s’est prononcée en faveur du principe de la “solidarité électrique”. Concrètement, l’UE souhaite renforcer les interconnexions entre ses différentes zones géographiques pour améliorer la sécurité d’approvisionnement des états membres. La construction de ce nouveau réseau électrique européen doit permettre une libre circulation des productions électriques. Et il doit notamment offrir un coup d’accélérateur à la production d’électricité verte.

Dès 2014, l’UE a fixé un objectif à ses états membres. Ils doivent tous augmenter leurs capacités d’interconnexion électriques pour atteindre “au moins 10%” en 2020. Ce pourcentage obligatoire sera ensuite porté à 15% à partir de 2030. D’après ses premières constatations dans un rapport de 2018, 17 pays, dont la France, ont atteint ce stade, ou sont en bonne voie d’y parvenir.

Afin d’accélérer le développement du grand réseau électrique européen, l’UE a mis en place des PIC. Ces Projets d’infrastructures d’Intérêt Commun désignent des projets qui “bénéficient de procédures accélérées d’octroi d’autorisations, de conditions réglementaires plus favorables et, pour certains, d’un accès à un soutien financier.” C’est le cas avec le Celtic Interconnector qui va bénéficier d’une subvention européenne.

Le rôle stratégique de la France

Avec le futur raccordement de Celtic Interconnector, la France conforte un peu plus son rôle stratégique dans la création du réseau électrique transeuropéen. Avec l’Allemagne, la France est en effet l’un des deux pays d’Europe qui exporte le plus d’électricité (51,7 TWh en 2018). La France est déjà reliée au reste de l’Europe par six interconnexions. La liaison avec l’Irlande sera donc la septième.

Par ailleurs, quatre autres interconnexions depuis la France sont actuellement en projet. Elles ont même déjà été approuvées par la Commission de Régulation de l’Energie : deux liaisons avec le Royaume-Uni, une liaison avec l’Espagne et une autre avec l’Italie. Autant d’interconnexions qui permettront d’augmenter la capacité de transport d’électricité de l’Hexagone.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • La capacité de transport d’électricité d’une liaison est l’intensité (A) ou la puissance (MW) que celle-ci est capable de transiter (limite de fonctionnement principalement lié à l’effet Joule). Il me semble que c’est plutôt de la capacité d’interconnexion qu’il s’agit à la fin de l’article, dont la conclusion deviendrait : “Autant de liaisons qui permettront d’augmenter la capacité d’interconnexion de l’Hexagone”.

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  • Un tel celtic connector est il rentable ?
    Plus généralement quel est le but financier ultime du développement des interconnexions ?
    Quel est l’impact sur le marché de l’électricité en Europe et plus particulièrement en France ?
    Les interconnexions ne sont elles pas là en réalité uniquement pour faire gagner de l’argent aux sociétés de négoce en électricité ?
    En favorisant le développement de l’électricité verte intermittente ne risque t’on pas de fragiliser le réseau électrique européen tout entier, ce qui est le contraire d’un des buts affichés officiellement ?

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