Confronté à une crise énergétique sans précédent, le Pakistan souhaite diversifier ses sources d’approvisionnement électrique et compte notamment sur le développement du nucléaire civil pour réduire à la fois son déficit énergétique et sa dépendance aux combustibles fossiles. Islamabad a inauguré dans ce cadre, vendredi 8 septembre 2017, son cinquième réacteur nucléaire d’une puissance de 340 mégawatts réalisé en collaboration avec la Chine.
Un déficit énergétique récurrent au Pakistan
Avec plus de 185 millions d’habitants, le Pakistan est le sixième pays le plus peuplé au monde, mais consomme pourtant près de trois fois moins d’énergie que la France. Le coût élevé de l’énergie et les problèmes d’infrastructures de distribution de gaz et d’électricité ont contribué à plonger le pays dans une crise énergétique de grande ampleur qui affaiblit logiquement l’économie nationale. Impayés, corruption, inefficacité, manque d’investissements, la production d’énergie reste très inférieure à la demande, et plus de 30% des pakistanais n’ont toujours pas accès à l’électricité (soit l’équivalent de 56 millions d’habitants). Selon les dernières données disponibles de l’Agence internationale de l’énergie, près de 62% de la population utilisent encore la biomasse traditionnelle pour cuisiner et le bois énergie pour se chauffer, provoquant de fait d’importants problèmes de déboisement (seul 2,1% du pays est recouvert de forêts contre 23% dans l’Inde voisine).
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Pour remédier à cette situation critique, le gouvernent s’efforce désespéramment de combler un déficit énergétique qui peut atteindre 7.000 MW au pic de l’été, et compte pour cela sur l’exploitation croissante du gaz, du charbon et de l’énergie nucléaire. Le pays poursuit en effet le développement du nucléaire civil et vient de mettre en service deux réacteurs supplémentaires en l’espace de quelques mois seulement.
Un cinquième réacteur nucléaire en service
Le réacteur de Chashma-IV, d’une puissance de 340 mégawatts, situé à 250 kilomètres au sud-ouest de la capitale Islamabad, est le quatrième bâti dans le cadre de la collaboration entre la commission de l’énergie atomique du Pakistan (PAEC) et la Corporation nationale du nucléaire de Chine (CNNC). La précédente avait été inaugurée en décembre 2016 par l’ancien ministre Nawaz Sharif, destitué en août dernier en raison d’accusations de corruption, et qui avait fait de l’électricité un cheval de bataille électoral.
« Mettre fin aux coupures est une priorité de notre gouvernement« , a assuré le Premier ministre pakistanais Shahid Khaqan Abbasi, assurant qu’il n’y en aurait plus dès novembre 2017 lors de l’inauguration retransmise en directe. M. Abbasi a d’ailleurs souligné que la croissance économique, qui a dépassé les 5 pc, atteindrait 6 pc cette année grâce à la mise en service récente de nombreuses centrales, tandis que d’autres sont sur le point d’être achevées. Deux autres centrales nucléaires K2 et K3 doivent en effet être édifiées prochainement dans le centre du pays près de celle de Kanupp (la centrale de Karachi construite il y a 43 ans), et ajouteront 1100 mégawatts au réseau électrique national. Financées en grande partie à l’aide d’un prêt de la Chine, elles seront administrées par le Pakistan et participeront au renforcement de l’approvisionnement de la ville de Karachi et de ses 20 millions d’habitants.
Une nouvelle interconnexion avec l’Asie centrale
En parallèle, les chefs d’Etat et de gouvernement de quatre pays asiatiques ont lancé en mai 2017 le coup d’envoi de la construction d’une ligne électrique traversant l’Asie centrale. Baptisée CASA-1000 et impliquant un financement d’un milliard de dollars pris en partie en charge par les Etats-Unis et la Banque mondiale, cette ligne de 1.200 kilomètres aura une capacité de 1.300 mégawatts.
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Elle reliera d’ici 2018 le Pakistan au Kirghizistan, au Tadjikistan, à l’Afghanistan, et permettra à ces républiques post-soviétiques d’Asie centrale d’envoyer leurs excédents d’électricité vers le Pakistan. Pays montagneux, le Tadjikistan dispose notamment d’importantes capacités de production d’hydroélectricité et fournira plus de 75% du courant exporté.
Crédits photo : PAEC
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