Glace combustible : une ressource énergétique qui fait rêver la Chine - L'EnerGeek

Glace combustible : une ressource énergétique qui fait rêver la Chine

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Depuis une vingtaine d’années déjà, la Chine s’intéresse à de nombreuses pistes énergétiques. Les besoins du pays, tant pour l’industrie que pour la population, n’ont jamais été aussi importants, et ils vont encore connaître une forte croissance dans les prochaines années. La Chine a donc désespérément besoin de ressources énergétiques et elle est prête à explorer toutes les pistes. Celle de la glace combustible ne semblait pas la plus prometteuse, et pourtant Pékin a annoncé en juillet 2017 que les chercheurs chinois avaient enfin réussi à mettre au point une méthode d’exploitation viable. Une véritable révolution qui ouvre des perspectives : les gisements de glace combustible sont énormes et leur potentiel énergétique est sans commune mesure avec les énergies fossiles conventionnelles. D’autres pays, comme le Japon et les Etats-Unis, sont déjà très intéressés par ce nouvel or blanc.

La glace combustible : un concentré de méthane à portée de main

La glace combustible est connue depuis longtemps : dès les années 1970, elle a été identifiée comme une ressource potentielle pour l’exploitation du méthane qu’elle contient. Pourtant, ce n’est que depuis le début des années 2000 que des scientifiques travaillent réellement sur ce potentiel, notamment en essayant de déterminer la quantité de gisements à disposition et en mettant au point des techniques d’extraction.

On parle de glace combustible pour désigner un type de glace qu’on trouve dans les fonds marins et le permafroste, une terre gelée située dans les régions arctiques. Cette glace combustible s’est formée en emprisonnant des molécules de méthane (les hydrates de méthanes) à l’intérieur des molécules d’eau cristallisée. Selon les gisements et la qualité de la glace, la concentration d’hydrates de méthane peut être plus ou moins élevée. Ce sont ces hydrates qui présentent un intérêt énergétique puisqu’une fois traités, ils peuvent générer du gaz de méthane. Le Département Américain de l’Energie estime qu’un seul mètre cube d’hydrate de méthane peut produire 164 mètres cubes de gaz de méthane. Une véritable mine d’or énergétique d’autant que les gisements sont nombreux : le Service Géologique Américain a recensé une quantité de près de 20 millions de km3 d’hydrates de méthane sous le plancher océanique.

Les gisements de glace combustible représentent un plus grand potentiel énergétique que les énergies fossiles conventionnelles.

Le marché énergétique de 2030

Etant donné le potentiel énergétique de la glace combustible et l’étendue des réserves, la Chine a décidé d’investir dans cette nouvelle ressource, et elle travaille activement à trouver des solutions d’exploitation depuis environ vingt ans. Début juillet 2017, Pékin a annoncé que les techniciens avaient fait une avancée historique en réussissant à lancer des forages en mer de Chine méridionale. En six semaines d’exploitation, les Chinois sont parvenus à extraire plus de 235 000 mètres cubes d’hydrates de méthane. Une avancée majeure qui devrait bientôt être rattrapée par celles des Etats-Unis et du Japon. Ces deux pays sont également très intéressés par les ressources de glace combustible, et les Etats-Unis ont même déjà effectué des tests dans le golfe du Mexique en prévision de l’exploitation d’un gisement.

Mais avant que la glace combustible s’installe comme une énergie d’avenir, il faudra encore du temps. Certes, le potentiel est élevé à tel point que les experts chinois estiment que la glace combustible offre plus de potentiel que tous les gisements d’énergie fossile conventionnelle. Mais pour l’instant, l’exploitation des hydrates de méthane n’en est pas encore à l’échelle industrielle, et il faudra encore attendre une dizaine d’années avant que le processus soit viable. C’est surtout la technologie d’extraction qui doit évoluer car le permafroste est une zone difficile d’accès, ce qui complique d’exploitation des gisements. A l’heure actuelle, seules deux méthodes permettent d’extraire le méthane : le chauffage ou la réduction de la pression intérieure du puits d’extraction. Ces méthodes permettent de décomposer les hydrates de méthane en gaz et en eau, ce qui les rend plus faciles à capter mais entraîne aussi un surcoût d’exploitation. Pour Pékin, le marché de la glace combustible ne devrait pas voir le jour avant l’horizon 2030.

Vue aérienne de la plateforme offshore qui exploite les gisements de glace combustible en Chine.

La glace combustible : des dangers à prévoir ?

Mais la viabilité économique n’est pas le seul problème soulevé par l’exploitation de la glace combustible. A l’heure où les énergies fossiles sont pointées du doigt à cause de leur impact environnemental et où les pays sont nombreux à s’engager pour diminuer leurs rejets de gaz à effet de serre, la glace combustible promet d’afficher un très mauvais score en matière de pollution. Quand il est libéré, le méthane est un gaz bien plus nocif que le dioxyde de carbone… qui n’a déjà pas très bonne presse ! En théorie, l’exploitation de la glace combustible ne devrait pas rejeter de méthane dans l’atmosphère, mais les procédés d’extraction présentent des risques.

Autre point noir : l’instabilité des gisements de glace combustible. Du fait du réchauffement climatique, les fonds marins ont vu leurs températures évoluer ces dernières années, ce qui influe aussi sur la pression. Or, ce sont précisément les températures basses et la pression stable qui maintiennent la glace combustible dans son état de solide. Les variations de températures et de pression fragilisent les gisements et risquent d’entraîner la libération de grandes quantités de méthane. Ce phénomène pourrait encore être accéléré par l’exploitation des gisements. Outre la libération du méthane, la fragilisation des gisements de glace combustible pourrait aussi fragiliser les fonds marins et causer des glissements de terrains voire des tsunamis. Autant de risques que les exploitants devront contourner s’ils veulent atteindre l’or blanc des fonds marins.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • En fait de rêve sinon pour le BAU (business as usual) c’est un cauchemar !

    Les hydrates de méthane contiennent en plus des mélanges de dioxyde de carbone, hydrogène sulfuré, éthane, butane, propane, etc donc bilan très négatif

    Un dégagement de méthane accidentel au cours d’une exploitation présente un risque important (effet de serre du méthane 28 à 30 fois) et c’est inévitable.

    Ils jouent le rôle de ciment dans les sédiments des pentes continentales. Lorsqu’ils se dissocient, ils se transforment en un mélange d’eau liquide et de gaz et les sédiments deviennent alors instables avec risque de déstabilisation des pentes et glissements sous-marins qui peuvent représenter un danger pour les populations côtières etc.

    L’exploitation sous forme combustible nécessite de capter tout le C02 de manière durable.

    Bref une voie à éviter et même à proscrire.

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