Handicapé par des années de crise énergétique, le Ghana se tourne désormais vers les énergies d’avenir. Le nouveau gouvernement au pouvoir depuis décembre 2016, entend mettre fin aux délestages réguliers qui touchent les grandes agglomérations, et a dévoilé fin mars 2017, un nouveau plan de relance énergétique centré sur la privatisation du secteur et le développement croissant de l’énergie photovoltaïque.
Largement dépendant de ses centrales hydroélectriques pour son approvisionnement en électricité, le Ghana enregistre depuis les années 1980 une forte dégradation de sa situation énergétique. Les crises et délestages se sont répétés à intervalles réguliers ces dernières décennies sans que les gouvernements successifs ne semblent trouver la solution. La mise en service de nouveaux moyens de production thermique à partir de 1997 a légèrement amélioré la situation pour une durée déterminée, mais ne suffisent plus aujourd’hui à répondre à l’augmentation des besoins à mesure que l’économie nationale progresse.
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“Le Ghana a connu pas moins de quatre crises énergétiques depuis 1982 en raison du faible niveau d’eau dans les barrages du pays”, et la situation actuelle ne fait qu’empirer, explique à l’AFP Ishmael Ackah, responsable de la coordination des politiques à l’Africa Centre for Energy Policy, basé à Accra. Les pénuries d’électricité se sont en effet multipliées ces cinq dernières années, provoquant l’exaspération de plusieurs millions de particuliers soumis à des coupures quotidiennes.
Outre la gène occasionnée pour la population, ces pannes de courant régulières visant à rationner l’énergie, coûtent également des points de croissance non négligeables dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest. Elles pèsent sur la productivité des entreprises et handicapent l’activité économique nationale. Selon un rapport publié en 2015 par l’Institut ghanéen de recherche statistique, sociale et économique, le pays perdrait près 2,2 millions de dollars par jour à cause de ces rationnements.
Pour ne rien arranger, le nouveau gouvernement du Président Nana Akufo-Addo, arrivé au pouvoir le 7 décembre dernier, ne dispose, pour redresser la barre, que d’une marge de manœuvre limitée compte tenu des finances de l’Etat. Nana Akufo-Addo accuse notamment son prédécesseur, John Dramani Mahama, dont la politique énergétique aurait laissé selon lui une “dette gargantuesque“.
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Pour le seul secteur de l’énergie, celle-ci s’élèverait à quelque 2,4 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros), et serait alimentée principalement par le coût du carburant, le paiement des fournisseurs d’énergie et une gestion des entreprises publiques catastrophique. Cette situation financière “constitue l’obstacle majeur à l’accès des Ghanéens à une électricité fiable et bon marché”, expliquait Nana Akufo-Addo le mois dernier lors d’un discours à la nation.
Pour remédier à cette situation, le Nouveau parti patriotique (NPP) du président entend changer totalement d’orientation en engageant progressivement la libéralisation du secteur de l’énergie. Le gouvernement travaille actuellement sur un nouveau programme de développement du réseau basé sur l’acquisition de capitaux via l’introduction en bourse des entreprises publiques de production et de fourniture d’électricité. Ces ventes d’actifs visent à soulager les finances du gouvernement, à rendre plus performants certains services publics et à financer le développement de nouveaux moyens de production renouvelable. Le budget 2017 fait d’ailleurs état d’un programme ambitieux en matière d’énergies vertes, avec l’objectif de fournir 2 à 3% de la production nationale et d’approvisionner en énergie solaire 38.000 foyers dans des collectivités “hors réseau”.
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A l’instar des pays d’Afrique de l’Ouest, le Ghana dispose en effet d’un potentiel de production solaire considérable qu’il entend désormais mettre à profit. Le gouvernement ghanéen table notamment sur une forte croissance d’ici 2020 pour atteindre 10% de la production totale d’énergie contre seulement 0,5% aujourd’hui. Il espère dans un premier temps, que la population adhérera plus massivement au grand projet de panneaux solaires lancé sous la présidence Mahama afin d’équiper les foyers et les entreprises. Avec seulement 409 unités installées depuis son lancement en février 2016, ce programme gouvernemental peine à décoller et aura bien du mal à atteindre les 200.000 systèmes annoncés par la Commission de l’énergie. Un grand projet de centrale solaire de 155 MW, emmené par l’entreprise britannique, Blue Energy, est également prévu dans l’ouest du Ghana d’ici le mois de décembre 2017.
Crédits photo : News Ghana