Plus gros consommateur d’énergie en France, le secteur du bâtiment fait l’objet d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics qui souhaitent réduire son impact environnemental en l’inscrivant dans une démarche de développement durable.
Deuxième source d’émissions de gaz à effet de serre
Le secteur du bâtiment, également appelé résidentiel-tertiaire, représente 45 % de la consommation d’énergie en France et concentre à lui seul 25% des émissions de gaz à effet de serre du pays. A ce titre, l’habitat est devenu pour le gouvernement l’un des volets majeurs de son programme de transition énergétique. Promulguée en août 2015, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTE) prévoit d’améliorer l’efficacité énergétique des constructions neuves et existantes. Elle fixe pour en ce sens un objectif de rénovation de 500.000 logements par an à compter de 2017. L’ambition étant de faire diminuer de 38 % la consommation énergétique du secteur et de réduire massivement ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2020.
Entre 1990 et 2012, le secteur résidentiel a vu ses émissions de GES diminuer de 5 %, quand celles du tertiaire sont restées stables. Une inertie à laquelle l’accord de Paris sur le climat et l’engagement de la France en faveur d’une politique bas carbone devraient définitivement mettre fin. La France s’est engagée à réduire de 40 % ses émissions de GES d’ici 2030 et de 75 % à l’horizon 2050. Des objectifs ambitieux qui qui nécessitent l’adoption de mesures à la hauteur de ces ambitions.
En réformant le bâtiment, le gouvernement souhaite également combattre le phénomène de précarité énergétique, fléau national qui touche actuellement près d’un ménage sur cinq. D’après l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), 12 millions de français rencontrent aujourd’hui d’importantes difficultés à régler leur facture d’électricité. En cause selon l’ONPE, la crise économique et la hausse du prix de l’énergie, deux facteurs majeurs qui contraignent désormais de très nombreux de ménages à se priver de chauffage durant l’hiver.
« En réformant le bâtiment, le gouvernement souhaite faire baisser de 15 % la précarité énergétique en France d’ici 2020 »
Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), « une hausse de 10% du prix de l’énergie ferait basculer 400.000 nouveaux ménages dans la précarité énergétique« . Dès lors pour le gouvernement, la question du « verdissement » du secteur de l’habitat ne relève plus uniquement de la lutte contre le réchauffement climatique mais également d’une réduction des inégalités sociales.
Accompagner la rénovation des logements des particuliers
Au ministère de l’environnement, le cas des constructions neuves est également au coeur des discussions. Le gouvernement cherche en effet à définir les normes sur lesquelles pourra se développer un parc résidentiel et tertiaire conforme aux exigences énergétiques et environnementales. La ministre du logement Emmanuelle Cosse a lancé en ce sens le 17 novembre dernier un comité de pilotage dédié à l’expérimentation nationale du label « Énergie-Carbone ». Baptisé « E+C- » (énergie positive et réduction carbone), ce label fixe quatre niveaux de performance énergétique et deux niveaux de performance environnementale à atteindre pour les bâtiments à énergie positive (Bepos).
« L’empreinte carbone sera prise en compte dès la construction. L’objectif est d’améliorer la performance environnementale du bâtiment en s’appuyant sur une réduction des impacts environnementaux tout au long du cycle de vie« , précise le gouvernement. Cette initiative devra contribuer à préparer la prochaine réglementation thermique (RT) et environnementale des bâtiments neufs à l’horizon 2018-2020.
Afin de mener à bien cette expérimentation, le gouvernement a lancé un appel au rassemblement des maîtres d’ouvrages volontaires prêts à tester des solutions permettant « la réduction des consommations énergétiques non renouvelables, le déploiement des énergies renouvelables et le recours à des matériaux, systèmes énergétiques ou encore techniques constructives à faible empreinte carbone« . Mais si le bâti de demain mobilise beaucoup d’efforts, des ressources doivent nécessairement aussi être déployées pour faire évoluer l’existant. C’est l’objet du Plan pour la rénovation énergétique (PREH) grâce auquel le gouvernement entend inciter les Français à envisager la rénovation de leurs logements.
Généralement élevé, le coût des travaux de rénovation, et notamment de l’installation de nouveaux systèmes de chauffage constitue un frein à leur réalisation. Il faut en effet compter quelques dizaines de milliers d’euros pour obtenir un logement performant d’un point de vue énergétique. Aussi, afin d’encourager les Français à franchir le pas, le gouvernement les accompagne en mettant en place une panoplie de mesures censées faciliter le financement des travaux. Ainsi, l’Éco-prêt à taux zéro et le crédit d’impôt pour la transition énergétique viennent en soutien financier aux particuliers. L’Agence nationale pour l’Habitat prévoit également des aides octroyées suivant les ressources des ménages. Ces initiatives trouvent un certain écho auprès de la population puisque 120.000 prêts à taux zéro ont été accordés en 2016.
Néanmoins, malgré la mise en oeuvre de ces mesures et l’engouement qu’elles paraissent susciter, les Français ont encore du mal à se sentir concernés par la rénovation de leur habitat. Selon une étude menée par Greenkub, société spécialisée dans les constructions modulaires en bois, seules 59 % des personnes interrogées sont prêtes à investir d’avantage dans des constructions éco-responsables alors même qu’elles sont 78 % d’entre elles à considérer que leur logement « ne participent pas à un monde meilleur« .
Au gouvernement d’intensifier ses efforts de pédagogie sur le sujet afin de mettre en avant les outils et dispositifs de soutien à disposition des ménages et d’éveiller davantage les consciences sur les enjeux de rénovation thermique des bâtiments.
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