Côte d’Ivoire : pour Guillaume Soro, « la question de l’écologie est une préoccupation majeure »

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Jacques Mirat

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Face aux enjeux du changement climatique, la conscience « verte » se développe à travers le monde et elle n’est pas l’apanage des ...

guillaume-soroFace aux enjeux du changement climatique, la conscience « verte » se développe à travers le monde et elle n’est pas l’apanage des pays occidentaux. L’exemple de la Côte d’Ivoire le montre. A travers un ensemble d’initiatives, le pays, qui vise l’émergence à l’horizon 2020, semble avoir fait le choix d’une société écoresponsable.

Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, « l’économie verte vise l’amélioration du bien être humain et de l’équité sociale tout en réduisant significativement les risques environnementaux et les catastrophes écologiques » (PNUE, 2010). Autrement dit, il s’agit d’encourager l’accroissement des revenus et de l’emploi tout en réduisant les risques et dommages environnementaux. L’économie verte recouvre toutes les activités économiques respectueuses de l’environnement dans des secteurs traditionnels (bâtiment, transports, agriculture, etc.) ou de nouveaux secteurs (recyclage, valorisation des déchets, etc.) Pour pouvoir pleinement se développer, elle doit être alimentée par les investissements privés, mais aussi publics, et à ce titre doit être encouragée par une politique volontariste des pouvoirs publics.

Si les pays européens ont été pionniers de cette démarche, l’économie verte est aujourd’hui présente un peu partout dans le monde, notamment sur le continent africain. La problématique de la pérennité des ressources se pose en effet aujourd’hui avec plus de force que jamais. Et parmi les pays les plus investis, on trouve la Côte d’Ivoire, qui a fait le choix d’une transition durable. Pour consacrer cette volonté de changement, le gouvernement ivoirien a inscrit au titre des missions du ministère de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement durable (MINESUDD), l’impulsion d’une transition du modèle économique national vers une économie verte. Le ministère a ainsi planché à l’élaboration d’un cadre institutionnel ad hoc, à même de soutenir et de promouvoir cette dynamique.

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Lors du lancement officiel de l’Etude Nationale sur les Opportunités et Stratégies d’une « transition de la Côte d’Ivoire vers l’économie verte », en 2013, le ministre de l’Environnement Rémi Allah-Kouadio avait présenté les ambitions du pays en matière d’économie verte : « le développement durable exige une recherche constante de solutions appropriées pour des nombreuses questions complexes auxquelles sont confrontées les populations ivoiriennes. Ceci implique de reconsidérer radicalement le comportement de l’Ivoirien et de changer les paradigmes politiques, sociaux et économiques établis depuis quelques siècles, à la suite de révolutions techniques et de l’explosion démographique humaine. » Et des efforts ont été déployés pour passer des discours à la pratique, en vue d’absorber le dynamisme démographique du pays (la moyenne d’âge y est de 21 ans).

Ce changement de mentalité est tout d’abord porté par un marché du travail revitalisé. Les changements nécessaires impliquent de fait de nombreuses créations d’emplois dans des filières jusqu’alors inconnues comme la « criminologie verte », discipline visant à faire appliquer les mesures prises et à traquer les contrevenants. On peut y ajouter les métiers de la « sociologie verte », nécessaires pour sensibiliser la population et éduquer les générations à venir non seulement au respect de leur environnement mais aux métiers de l’économie durable de demain. L’essor du « tourisme vert » a, quant à lui, souligné l’importance de la sauvegarde du couvert forestier d’un pays, de sa faune et de sa flore. Autant de « métiers verts » dans les domaines du reboisement, des énergies renouvelables ou encore de la gestion et du traitement des déchets dont la multiplication, tout en contribuant à lutter contre la pauvreté, assure un environnement sain aux générations futures.

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La Côte d’Ivoire s’est dotée d’une feuille de route pour la transition vers une économie verte, qui a permis de planifier les réformes juridiques adaptées, et met en œuvre des programmes expérimentaux, à l’image du projet de modélisation et de planification de la stratégie de développement à faible émissions en Afrique (LEDS), lancé le 5 août dernier à Abidjan. Ce dernier vise à développer des connaissances et de l’expertise locale, qui portera des politiques et des actions concrètes pour un développement à faible émission de gaz à effet de serre. Acteur majeur dans la transition verte du pays, l’ancien Premier ministre et actuel président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, a porté ces projets qui ont lancé la dynamique verte dans le pays. Pour lui, « la question de l’écologie est une préoccupation majeure ».

Ses actions ont notamment visé au développement du secteur de l’agro-business. En Côte d’Ivoire, l’agriculture est le moteur de la croissance et le poumon de l’emploi. Elle contribue à hauteur de 22% au PIB national, représente plus de 50 % des recettes d’exportation du pays et les deux tiers des sources d’emploi et de revenu de la population, selon la Banque mondiale. Elle présente également un potentiel vert inégalé. Les cultures traditionnelles sont en train d’être revisitées, et les modes de production du coton, de l’anacarde, du café, du cacao ou de l’hévéa sont optimisés tant sur le plan de la productivité que du maintien des écosystèmes voisins. Les modes de productions durables sont plus adaptés aux structures agricoles du pays (familiales et décentralisées), ce qui facilite cette transition. En parallèle, le développement de la phyto-cosmétologie (tisanes, médecine traditionnelle, produits cosmétiques naturels), est en plein essor.

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Autant de chantiers pour lesquels la jeunesse ivoirienne, représentant 77 % de la population du pays, est largement mise à contribution. A l’occasion de la journée mondiale de la jeunesse, le 12 août dernier, le ministre de la Promotion de la Jeunesse, Sidi Tiémoko Touré, rappelait ainsi que l’objectif du gouvernement est de « fournir les compétences et les opportunités aux jeunes afin de leur permettre de devenir acteurs du changement pour le développement durable ». Une ambition qui passera nécessairement par une meilleure sensibilisation de ce segment de population à ces problématiques, et ça tombe bien, le 26 juillet dernier, à l’initiative du ministère de l’Environnement et de l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), un atelier de sensibilisation et de renforcement des capacités des médias sur le sujet de l’économie verte était organisé à Abidjan.

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Crédits photo : Jeune Afrique

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