Se détournant progressivement des combustibles fossiles, l’Afrique du Sud entend depuis plusieurs années déjà transformer son mix énergétique et favoriser le développement rapide des énergies décarbonées. Un contexte favorable aux énergies renouvelables qui aura permis à la société Bio2Watt de mettre sur pied au mois d’octobre la première centrale de valorisation énergétique d’excréments bovins à quelques kilomètres de Pretoria.
Une production d’électricité locale et renouvelable
Mise en service depuis le 10 octobre dernier, la centrale électrique Bio2watt située à Bronkhorstspruit en pleine campagne à l’est de la capitale sud-africaine, met à profit les excréments des troupeaux avoisinants pour générer une électricité à la fois propre et renouvelable.
Concrètement, la bouse de vache est récoltée auprès des éleveurs locaux pour 7 euros la tonne, puis mélangée à d’autres déchets organiques tant liquides que solides provenant des particuliers, des marchés ou des abattoirs de la région. Ce compost est finalement chauffé à 52 degrés pendant 22 jours dans des cuves pour en extraire un gaz (le biométhane) qui alimente à son tour des générateurs d’électricité.
« Chaque jour, 120 tonnes de lisier et 66 tonnes de papier à recycler sont mixés dans une de ces cuves », explique Steven Roux, chef de projet pour Bio2Watt, devant un des grands réservoirs de 9.000 m3 où sont traités les déchets. La bouse de vache « contient des bactéries qui aident à la digestion des déchets et à leur transformation en méthane », ajoute-t-il. Au total, plus de 40.000 vaches fournissent près de 60% des déchets récoltés et permettent à Bio2watt de générer 4,4 MW d’électricité.
Une électricité potentiellement compétitive
D’une capacité de 4,4 MW, la centrale Bio2watt génère donc une production d’électricité équivalente à la consommation d’un village de 1.500 habitants et revend l’ensemble de sa production à l’usine du constructeur allemand BMW à Pretoria. « L’usine a reçu ses premiers mégawatts d’énergie le 10 octobre. Aujourd’hui nous avons besoin de 12 MW pour la faire fonctionner et 30% de cette énergie nous est fournie par Bio2Watt », explique Edward Makwana, directeur de la communication de BMW en Afrique du Sud.
Si le prix d’achat n’a pas été révélé, il reste supérieure au tarif de l’électricité proposé par la compagnie nationale d’électricité sud-africaine Eskom. Sean Thomas assure toutefois qu’il pourra s’aligner sur les prix d’Eskom d’ici trois ans et produire ainsi une électricité à la fois renouvelable et compétitive.
A l’issue du processus de production électrique, les déchets liquides sont quant à eux utilisés pour irriguer les fermes alentours et les déchets solides sont revendus aux fermiers comme un engrais de haute qualité, permettant ainsi une mise en valeur optimale des résidus.
Le biogaz, une filière d’avenir en Afrique du Sud
Financé à hauteur de 6,32 millions d’euros (soit 70% de l’investissement) par l’Agence française de développement (AFD), le projet de Sean Thomas marque sans aucun doute le début d’une exploitation plus avancée du biogaz en Afrique du Sud.
D’autres projets sont actuellement en cours de réalisation et la mise en place en 2014 d’une nouvelle loi interdisant la présence de déchets organiques dans les décharges, devrait logiquement encourager leur valorisation énergétique.
Crédits photo : Bio2Watt (Twitter)
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