En amont de la 21e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), les 196 Etats qui participeront aux négociations à Paris du 30 novembre au 15 décembre sont tenus de présenter leurs contributions, qui recensent leurs engagements en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Pour rappel, la COP21 doit permette de parvenir à un accord international juridiquement contraignant afin de limiter le réchauffement en-deçà de 2°C d’ici 2100.
Pourquoi des contributions nationales ?
Suite à l’échec de la conférence de Copenhague en 2009 (Danemark, COP15), les négociateurs onusiens ont souhaité faire participer le plus grand nombre d’Etat à l’effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Quatre ans plus tard, à Varsovie (Pologne, COP19), les Etats se sont vus obligés de soumettre leurs propositions de plans nationaux de transition énergétique. L’objectif ? Ne pas retarder l’évaluation ou les comparaisons portant sur les réformes à mettre en place pour endiguer le réchauffement climatique. Il s’agit également de mesurer les écarts entre les promesses formulées pour la COP21 et les objectifs qui étaient initialement fixés à Copenhague.
Les contributions reposent essentiellement sur trois principes : l’ambition, d’une part, qui doit permettre aux Etats de dépasser leurs engagements passés ; la différentiation, d’autre part, qui vise à prendre en compte les réalités nationales (pays développés ou en voie de développement, territoires insulaires, etc.) ; la transparence, enfin, puisque les contributions sont communiquées au secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques avant d’être publiées.
L’an dernier, à Lima (Pérou, COP20), les négociateurs internationaux ont ainsi appelé les 196 Etats qui seront présents à Paris à communiquer leurs engagements au plus tôt. Deux dates butoir étaient proposées : la fin du premier semestre 2015 pour les “pays prêts à le faire” et le 1er octobre pour les autres.
Des engagements différenciés
Au 1er juillet, 44 pays ont publié leur contribution en amont de la COP21. Le premier d’entre eux fut la Suisse (27 février), suivie au mois de mars par l’Union européenne, la Norvège, le Mexique et la Russie. Dernier pays en date, et non des moindres : la Chine, qui est à ce jour le premier pollueur mondial. Si les objectifs sont souvent formulés de manière claire et compréhensible, il faudra toutefois attendre le mois de décembre pour en savoir plus sur les moyens déployés pour parvenir à limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Surtout, les contributions étatiques présentent des profils très variés. Par exemple, un objectif de réduction des émissions peut être formulé en valeur absolue par rapport à une date : il en va ainsi de l’Union européenne, qui propose un objectif de -40% d’ici 2030 par rapport au niveau atteint en 1990. Mais un objectif peut également être exprimé en valeur relative : le Mexique s’est par exemple engagé à réduire ses émissions de 22% d’ici 2030 par rapport à un scénario constant.
Si l’on salue la logique de transparence qui transparaît à travers la communication de ces objectifs, la lecture des chiffres peut parfois être brouillée. Ainsi, si la Russie comme les Etats-Unis se sont engagés, en valeur absolue, à réduire leurs émissions (respectivement à hauteur de 25-30% d’ici 2030 et 26% d’ici 2025), la date initiale retenue n’est pas la même : 1990 pour la Russie, 2005 pour les Etats-Unis. Or, les émissions de gaz à effet de serre n’ont cessé d’augmenter entre ces deux dates…
Crédit photo : Marshallmar