Le projet IDSE (Ile de Sein Energies), visant à approvisionner l’île de Sein uniquement avec des énergies renouvelables, vient contester le monopole réglementé du groupe EDF. Un projet ambitieux qui n’est pas prêt d’aboutir avec le retoquage récent de l’amendement déposé par des sénateurs écologistes visant à permettre aux îles de moins de 2.000 habitants de sortir du monopole EDF.
Un monopole contesté
Patrick Saultier, à la tête du projet Ile de Sein Energies (IDSE) est assez clair sur la nature des intentions de la société par actions simplifiées : « Nous souhaitons rendre l’île de Sein totalement autonome en énergie d’ici dix ans », a-t-il ainsi déclaré à l’AFP.
L’actuelle gestion énergétique de l’île par EDF est jugée coûteuse et peu écologique. Le territoire insulaire, situé à quelques kilomètres de la pointe du raz, non raccordé au réseau électrique continental, est actuellement dépendant de groupes électrogènes diesels qui consomment chaque année quelque 420.000 litres de fioul. Au-delà de l’impact écologique néfaste, le coût est estimé à plus de 450.000 euros d’après IDSE.
La société, créée en 2013 par une soixantaine de personnes, dont quarante Sénans (120 habitants à l’année), dénonce également de nombreuses avaries sur le réseau dues à une mauvaise qualité du courant : pannes électriques, défaillance des appareils électriques électroménagers, ampoules grillées…
Cependant, le projet connait également ses détracteurs au sein de l’île, dont le maire Dominique Salvert, qui ne manque pas de renouveler sa confiance à l’électricien français quant à sa gestion de la production électrique de l’île et de déclarer : «Pour prendre la maîtrise de l’énergie sur une île comme l’île de Sein, il faut des gens qui soient techniquement et financièrement reconnus, actuellement ce n’est pas le cas de la société IDSE ».
Une autarcie électrique verte : pas qu’une utopie
Malgré les limites opposées au projet, IDSE ne perd pas espoir. Le principal atout d’IDSE, qui rejoint les enjeux environnementaux contemporains, se situe dans sa volonté de profiter du potentiel énergétique du territoire et de tourner l’île vers l’exploitation d’énergies renouvelables. On pense notamment aux forts courants marins de la zone, propices à l’exploitation de l’énergie hydroélectrique, ou encore au potentiel éolien.
La gestion de ces énergies est actuellement réglementée : sur les territoires insulaires, l’utilisation d’énergie dite intermittente (éolien, photovoltaïque) est limitée à 30% afin d’éviter le risque de coupure. EDF, qui jouit du monopole énergétique sur l’île, prévoit cependant d’installer une ou deux éoliennes sur l’île afin de couvrir de 40 à 50% des besoins en électricité.
IDSE va cependant plus loin, visant les 100% d’énergies d’origine renouvelable. « Il y a sur l’île suffisamment de vent, de soleil et de potentiel d’économie d’énergie pour couvrir l’ensemble des besoins de ses habitants », argumente Patrick Saultier, qui est à l’origine d’un des premiers parcs éoliens citoyens en France à Plélan-le-Grand.
Patrick Saultier s’appuie sur l’exemple de nos voisins allemands. Schönau, commune de la Forêt-Noire allemande, est à l’origine de la création du premier fournisseur de courant écologique citoyen du pays, il y a près de trente ans. Aujourd’hui, 95% des 2.500 habitants de la petite commune se fournissent en électricité propre auprès des Usines électriques de Schönau (EWS). Un exemple qui place le projet d’IDSE dans le champ des possibles et qui ferait de l’île une première nationale si la société obtenait la gestion du réseau électrique local par le biais d’énergies renouvelables.
Crédit photo: Portalix
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