S’il ne sert à produire qu’une faible part de l’électricité française, le parc thermique n’en reste pas moins indispensable, au même titre que certains barrages hydrauliques, pour ajuster la production à la demande d’électricité. Et notamment en cas d’aléas, comme les pics de consommation ou l’intermittence des énergies solaire et éolienne. En plus de la construction de centrales flambant neuves comme les CCG (cycles combiné gaz), le projet Charbon 2035 est l’un des principaux programmes menés actuellement par EDF pour moderniser son parc thermique. Le but de cette opération d’un montant global de 480 millions d’euros ? Améliorer les performances environnementales et techniques de trois tranches à charbon de 600 MW (une au Havre et deux à Cordemais) afin de pouvoir poursuivre leur exploitation jusqu’en 2035 dans le respect des nouvelles normes européennes sur les émissions de gaz à effet de serre.
Commencés en mars, les travaux de modernisation de la centrale du Havre sont maintenant terminés. Depuis le mois de mai, une cinquantaine de personnes s’attèlent à réaliser les essais permettant de s’assurer de la conformité de l’unité de production. Cette phase d’essais est d’autant plus importante du fait que le Havre est la première de trois tranches concernées par le programme Charbon 2035 à être rénovée, avant celles de Cordemais. De plus, son système de contrôle-commande est désormais entièrement numérique, ce qui exigent des ajustements supplémentaires.
« Les essais sont une condition sine qua non pour remettre l’unité 4 en service. Ils consistent à valider les travaux, les rénovations, les opérations de maintenance effectuées, afin de s’assurer que tout fonctionne bien avant son retour sur le réseau d’électricité », explique le responsable de l’équipe d’essais Jérémy Dupin.
Pour rappel, pas moins de 3400 activités de maintenance ont été réalisées pendant les travaux de l’unité 4 du Havre, ce qui permet d’imaginer l’importance de cette phase d’essais.
Car depuis notre dernier état des lieux en août, de nombreuses opérations ont été achevées sur le site du Havre : la mise à l’épreuve du générateur de vapeur pour s’assurer de sa résistance à la pression, l’installation des nouvelles bornes de l’alternateur, la rénovation de la turbine, ou encore la rénovation de l’absorbeur qui permet de capter 90% du dioxyde de souffre contenu dans les fumées (une fois capté, il est valorisé dans la production de plâtre).
Si la page des travaux est désormais tournée au Havre (les essais devant déboucher sur la relance de la centrale en janvier 2015), ils viennent tout juste de débuter à Cordemais. En Loire-Atlantique, les équipes chargées des travaux devront redoubler d’efforts, puisque que ce n’est pas une mais deux tranches de 600 MW qu’il s’agit de rénover pour assurer le prolongement de l’activité jusqu’en 2035.
Ce colossal chantier de modernisation va s’étaler sur deux ans et mobilisera au total quelques 1500 entreprises prestataires, en plus de 500 salariés d’EDF et de 200 prestataires permanents. La première phase de travaux, lancée mi-octobre, concerne les prises d’eau de la centrale. La modernisation de la station de pompage doit ainsi garantir un respect maximal de l’éco-système fluvial de la Loire.
Et comme au Havre, des systèmes de captage garantiront la rétention de 90% du dioxyde de soufre et de 99,9% des particules contenues dans les fumées. Selon Denis Florenty, le directeur de Cordemais interviewé cet été par Ouest-France, la centrale dans sa future version à vocation à devenir un « vitrine mondiale de référence technique et environnementale pour les pays utilisateurs de l’énergie charbon ».
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