Après plusieurs moins de tergiversations, le ministère de la Recherche a confirmé la fermeture du réacteur expérimental Osiris d’ici la fin de l’année 2015. Implanté au centre de Saclay du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), dans le département de l’Essonne, cette infrastructure vieille d’une cinquantaine d’années assure la fabrication de radioéléments indispensables à plusieurs examens médicaux. Quel impact aura cette fermeture ?
[stextbox id=”info”]Osiris : une infrastructure stratégique[/stextbox]
Le réacteur Osiris, doté d’une puissance thermique de 70 MW, a été mis en service en 1966 afin, d’une part, d’étudier les matériaux et les combustibles mobilisés dans les centrales nucléaires et, d’autre part, afin de produire des radioélements destinés à la médecine.
Osiris est ainsi l’un des huit réacteurs au monde – et le seul en France – à produire du technétium 99m destiné à la réalisation de scintigraphies, lesquelles visent à dépister les cancers, les affections osseuses ou cardiaques, pulmonaires ou rénales. Le réacteur assure aujourd’hui 8% de la production mondiale de technétium 99m.
Pour Guy Turquet de Beauregard, président de l’Association européenne des producteurs de moyens d’imagerie médicale, le savoir-faire français agit comme “une assurance pour pouvoir subvenir à tout moment à la demande mondiale”. Pourtant, comme le craignaient les syndicats, mobilisés sur le terrain depuis la mi-juin, le gouvernement a décidé de procéder à l’arrêt du réacteur avant la fin de l’année 2015 pour des raisons de sûreté (en cas de survenue d’un événement extrême, par exemple, tel qu’un séisme).
[stextbox id=”info”]Fermeture du réacteur : quelles conséquences ?[/stextbox]
En 2008 déjà, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) envisageait un arrêt du réacteur en 2015. Depuis, des travaux de rénovation ont été réalisés et, en 2013, le CEA a souhaité que la fermeture soit reportée à 2018. Cette décision du gouvernement ne fait pas l’unanimité. En effet, le successeur d’Osiris, le réacteur Jules Horowitz, est encore en cours de construction au centre de Cadarache du CEA, dans les Bouches-du-Rhône. Celui-ci devrait être opérationnel à l’horizon 2020.
D’ici là, une “période de pénurie” est à prévoir “de 2016 à 2018 si rien n’est fait pour la prévenir”, redoute l’Académie de médecine. Car le plus gros pourvoyeur de technétium 99m, le réacteur canadien NRU, ainsi que le réacteur belge BR2, seront également arrêtés à partir de 2015 et 2016 – définitivement pour le premier, temporairement pour le second (en raison de travaux de maintenance). Or, il n’est pas possible de stocker le technétium 99m, dont la durée de vie est estimée à six heures, ni de le remplacer par des radionucléides de substitution.
Guy Tarquet de Beauregard indique ainsi qu’ “il suffit alors d’une panne sur un autre réacteur pour se retrouver dans une situation de pénurie”. Le syndicat CGT abonde dans ce sens : “arrêter Osiris fin 2015, avant que le réacteur Jules Horowitz ne soit opérationnel vers 2020 est une hérésie tant financière que sanitaire. Elle aura pour conséquence une pénurie de radioéléments technétium99 dès fin 2015, éléments nécessaires pour la scintigraphie médicale”.
Autre conséquence de la fermeture du site : cette mise à l’arrêt constitue un coup dur pour l’énergéticien EDF, qui ne pourra plus mener de tests de recherche sur les matériaux et les combustibles nucléaires.
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