Hier, la Commission Européenne votait l’adoption de taxes sur les panneaux photovoltaïques chinois, une proposition qui datait du 8 mai dernier : taxer ces panneaux à hauteur de 47%, pour lutter contre la concurrence déloyale de la Chine.
La Commission s’est prononcé pour l’instauration de taxes sur les panneaux solaires chinois. Pour l’instant, la Commission Européenne n’a instauré que des taxes provisoires et progressives : elles seront de 11,8% à partir du 6 juin, et augmenteront ensuite éventuellement jusqu’aux 47%, « soit le niveau requis pour compenser le préjudice causé par cette distorsion sur l’industrie européenne », et donc « assurer une concurrence loyale et le respect des règles du commerce international pour lesquelles l’Europe et la Chine ont signé à l’OMC », indique la Commission dans un communiqué.
Cependant, Bruxelles précise que rien n’est encore joué : l’Europe attend en effet deux mois pour décider d’adopter les taxes antidumping, intervalle pendant laquelle la Commission voudrait pouvoir entreprendre des négociations avec le gouvernement chinois, pour que celui cesse le dumping sur les panneaux photovoltaïques.
[stextbox id= »info »]De quoi la Chine est-elle accusée ?[/stextbox]
La Chine est actuellement soupçonnée de dumping (c’est-à-dire avoir des pratiques commerciales contraires à l’esprit de concurrence instauré par l’OMC). La Commission a lancé en septembre 2012 une enquête sur ces pratiques à propos des panneaux solaires, que les entreprises chinoises vendraient à un prix bien moins élevé que leur valeur réelle grâce à des subventions étatiques illégales : Bruxelles indique ainsi que le prix des panneaux devraient être 88% supérieurs à leur prix actuel.
Cela explique que depuis quelques années, le photovoltaïque chinois a explosé dans le monde : il est en effet passé de 40% en 2009 à 68% du marché mondial en 2011, dont 21 milliards d’euros par an en Europe.
D’après EU ProSun, un groupement de défense d’intérêts des entreprises européennes, à cause de cette concurrence déloyale, plusieurs milliers d’emplois européens ont déjà été sacrifiés, et a conduit à la fermeture d’une soixantaine d’usines.
[stextbox id= »info »]Quelles réponses envisage la Chine ? [/stextbox]
Pékin a annoncé que si les taxes sur les panneaux photovoltaïques étaient adoptées, elles porteraient atteinte aux relations commerciales entre la Chine et l’Europe. La réponse ne sera pas amicale prévient Pékin.
Le lendemain du vote européen, la Chine a déjà répliqué en lançant une une enquête antidumping sur le vin Européen, qu’elle envisage également de taxer davantage.
[stextbox id= »info »]Quelles seraient les conséquences de l’adoption des taxes ? [/stextbox]
L’Europe est divisée sur la question. Philipp Rosler, le ministre fédéral allemand de l’Économie, estime que des taxes punitives envers la Chine seraient malvenues. L’Allemagne, tout comme d’autres pays Européens, craint des représailles commerciales de la part de la Chine.
En effet, comme les exportations de l’Allemagne vers la Chine sont à peu près égales à la somme des exportations de tous les autres pays européens vers ce pays, l’Allemagne risque fort d’être au centre des pressions chinoises en cas de réponse aux taxes européennes.
Cependant, Arnaud Montebourg a montré une volonté de passer à l’action pour combattre ce dumping, et protéger les industries françaises.
D’après Hadrien Clément, président de Prosolia France et membre de l’Afase, l’association qui regroupe l’ensemble des installateurs, de telles mesures seraient désastreuses pour les installateurs.
Le nombre de salariés dans ce secteur a déjà drastiquement baissé, passant de 30.000 en 2009 à 10.000 cette année. Selon Hadrien Clément, l’adoption d’une nouvelle taxe augmenterait le prix des panneaux photovoltaïques, et découragerait encore plus les particuliers à les installer, ce qui mettrait les installateurs encore en activité dans de grandes difficultés.
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