Dans le sud de la Chine, d’imposantes éoliennes se dressent avec assurance pour défier la fureur de la nature. Ces mastodontes, aussi hauts qu’un immeuble de 30 étages, sont conçus pour tenir bon face aux typhons qui s’invitent entre mai et novembre. Alors que le changement climatique amplifie ces phénomènes, la Chine repense ses installations pour non seulement les protéger, mais aussi capter les vents violents et produire de l’électricité.
Une techno qui tient la route face aux tempêtes
Sur les côtes chinoises, même si le risque de typhons plane en permanence, le potentiel des ressources éoliennes marines est impressionnant. Des tempêtes comme le typhon Ragasa, avec des vents pouvant atteindre 241 km/h, rappellent qu’il faut des installations solides pour encaisser le tout. Le souvenir du super-typhon Saomei en 2006, qui avait fauché 27 turbines et engendré des pertes évaluées à 70 millions d’euros, reste bien présent dans les mémoires. Pour se prémunir contre ces rafales, les éoliennes intelligentes bénéficient d’un « mode survie » qui se déclenche dès que le vent dépasse 90 km/h, explique Selectra. Ce système oriente les pales pour atténuer la pression du vent et surveille en temps réel l’intensité et la trajectoire des tempêtes.
Par exemple, Goldwind a démontré l’efficacité de cette innovation : 260 éoliennes sont restées opérationnelles lors d’un récent typhon, générant 2,1 GWh d’électricité – assez pour alimenter près de 800 familles pendant une année. Zhu Ronghua rappelle que les éoliennes installées dans ces régions doivent non seulement résister aux typhons, mais aussi tirer parti des vents violents qui les annoncent.
Des solutions innovantes sur l’eau et dans l’air
Mais les idées ne manquent pas. Mingyang Smart Energy a imaginé Ocean X, une plateforme flottante équipée de deux turbines spécialement conçues pour encaisser les typhons. Ancrée à un seul point, elle peut pivoter pour s’aligner face au vent et a déjà prouvé sa robustesse lors du super-typhon Yagi, avec des rafales atteignant 133 km/h.
De son côté, Pékin vient de tester le S1500, présenté comme « la première centrale éolienne volante du monde ». Assemblé à Changsha, dans le Hunan, et testé dans le désert de Gobi au Xinjiang, ce zeppelin de 60 mètres d’envergure peut voler à plus de 1 500 mètres d’altitude. Conçu par Linyi Yunchuan, il intègre douze microgénérateurs capables de produire plus de 6 millions de kilowattheures par an, soit assez pour alimenter 6 000 foyers.
Se préparer aux caprices du climat
La Chine s’apprête à déployer des turbines éoliennes de 25 MW pour renforcer son leadership mondial dans ce secteur. Le nombre de typhons ayant triplé en quarante ans, il n’y a plus de temps à perdre pour innover. Parmi les projets à venir, certains travaillent sur des pales inspirées des palmiers, capables de se plier sous la pression du vent grâce à une approche biomimétique. Cette flexibilité pourrait permettre de construire des turbines plus grandes et plus résistantes.
La centrale volante S1500 présente aussi un potentiel considérable pour réduire les coûts et la quantité de matériaux nécessaires à la production d’énergie renouvelable. Gonflé à l’hélium et réalisé en fibre de carbone, il capte des vents trois fois plus forts qu’au sol et peut produire jusqu’à 27 fois plus d’électricité, selon Weng Hanke.






