Canicule : la température du Rhône menace la production nucléaire d’EDF

Tandis que la planète se réchauffe, la production nucléaire française fait face à un défi récurrent : maintenir son efficacité malgré des températures fluviales croissantes. La canicule prévue fin juin 2025 met en lumière cette vulnérabilité technique et interroge la sécurité d’approvisionnement.

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Le 19 juin 2025, EDF a émis un avis de possible réduction de production pour plusieurs réacteurs nucléaires, à compter du 25 juin. En cause : l’élévation anticipée de la température du Rhône. Cette situation, provoquée par un épisode caniculaire plutôt précoce, illustre les limites opérationnelles du système de refroidissement des centrales françaises en période estivale, et pose des questions majeures sur la robustesse du mix électrique national à l’heure du réchauffement climatique.

Refroidissement des centrales nucléaires : un système thermosensible

Les centrales nucléaires à eau pressurisée, qui constituent la quasi-totalité du parc français, utilisent de grandes quantités d’eau pour dissiper la chaleur résiduelle des réacteurs. Dans les installations dites « en boucle ouverte », l’eau est prélevée directement dans les fleuves (ici le Rhône), puis rejetée après utilisation. Ce rejet est soumis à des seuils stricts de température pour préserver la biodiversité aquatique.

Ces seuils réglementaires sont fixés par arrêté préfectoral ou ministériel, et varient selon les sites. Ils déterminent :

  • la température maximale de l’eau rejetée (généralement entre 27 et 30 °C) ;
  • le différentiel admissible entre l’eau entrante et sortante ;
  • les débits minimaux du cours d’eau.

Lorsque ces valeurs sont dépassées ou sur le point de l’être, EDF est tenu de réduire la puissance des réacteurs concernés, voire d’en stopper temporairement certains.

L’alerte canicule frappe sur le site de Bugey

EDF a prévenu dès le 19 juin que « des restrictions de production sont susceptibles d’affecter le parc de production nucléaire d’EDF à partir du mercredi 25 juin, et plus particulièrement le site de Bugey », explique Le Figaro

Ce site, situé sur les rives du Rhône, dispose de quatre tranches de 900 MW chacune. En période caniculaire, sa capacité à maintenir un niveau nominal de production est directement liée à la température du fleuve. En 2018, un précédent avait conduit à l’arrêt simultané de deux réacteurs à Saint-Alban, pour des raisons similaires.

Sécurité d’approvisionnement : un risque maîtrisé mais réel

EDF rappelle que les pertes de production liées aux contraintes thermiques ont représenté « en moyenne 0,3 % de la production annuelle du parc nucléaire depuis 2000 », selon Libération. Ce chiffre masque toutefois une autre réalité : ces pertes sont concentrées sur des périodes critiques, où la demande en électricité augmente fortement. En cas de canicule, la consommation électrique grimpe, notamment à cause de la climatisation. Si plusieurs centrales sont contraintes simultanément, cela réduit les marges de sécurité du système.

RTE (Réseau de Transport d’Électricité) surveille ces périodes de tension via son indicateur d’alerte ÉcoWatt. À ce stade, aucune alerte n’a été émise, mais la situation pourrait évoluer à mesure que la vague de chaleur s’installe. Une réduction temporaire de l’offre combinée à un pic de demande pourrait nécessiter un recours accru aux importations ou à la modulation de la consommation, notamment dans l’industrie.

L’épisode de fin juin 2025 confirme une tendance structurelle : le modèle français de production d’électricité nucléaire, bien que performant, est de plus en plus exposé à des contraintes de refroidissement. Ces contraintes, jusqu’ici marginales, pourraient devenir des déterminants majeurs dans la planification énergétique nationale, notamment en période estivale.

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