La première araignée modifiée génétiquement tisse de la soie fluorescente

Des araignées génétiquement modifiées produisent une soie rouge fluorescente, une première mondiale.

Publié le
Lecture : 2 min
La première araignée modifiée génétiquement tisse de la soie fluorescente
La première araignée modifiée génétiquement tisse de la soie fluorescente | L'EnerGeek

Des chercheurs de l’Université de Bayreuth en Allemagne ont fait un pas de géant en biotechnologie. En modifiant génétiquement une araignée, ils arrivent désormais à lui faire produire une soie rouge qui brille sous les UV (grâce à l’usage du fameux CRISPR-Cas9). Leur travail, publié le 13 avril 2025 dans la revue Angewandte Chemie, constitue une première mondiale et ouvre la porte à plein d’applications dans les sciences des matériaux et en médecine.

Découverte du CRISPR chez les araignées

Le CRISPR-Cas9, souvent surnommé « les ciseaux génétiques », permet de tailler l’ADN pour y insérer, modifier ou enlever des gènes précis, un procédé central dans l’ingénierie génomique. Même s’il a fait ses preuves dans de nombreux domaines, personne ne l’avait appliqué aux araignées avant cette expérience. Le Dr Thomas Scheibel, qui dirige l’étude à l’Université de Bayreuth et préside le département de biomatériaux, a lancé : « Vu le nombre de possibilités, c’est étonnant qu’on n’ait jamais testé CRISPR-Cas9 chez les araignées. »

Pour réaliser l’expérience, l’équipe a choisi l’espèce Parasteatoda tepidariorum, une araignée assez courante et souvent utilisée comme modèle. Les femelles ont été anesthésiées au CO₂ avant que leurs œufs non fécondés ne reçoivent une injection contenant les outils CRISPR-Cas9 et un gène codant pour une protéine rouge fluorescente.

Grosse réussite et conséquences des modifs

Les résultats ne se font pas attendre : la descendance des araignées modifiées produit bien une soie rouge qui fluoresce sous lumière UV. Cela montre que l’édition des gènes a bien fonctionné, sans pour autant altérer les qualités naturelles de la soie – connue pour sa robustesse, son élasticité, sa légèreté et sa biodégradabilité. Cette avancée montre que le CRISPR-Cas9 peut être utilisé pour intégrer des séquences particulières dans les protéines de la soie, et ainsi donner de nouvelles propriétés aux fibres.

Les scientifiques expliquent : « Notre étude étend l’usage de CRISPR aux araignées et fournit des infos précieuses pour la génétique du développement et la science des matériaux. » Ces modifications pourraient, par exemple, permettre de fabriquer des fibres avec des propriétés inédites ou de nouvelles fonctionnalités destinées aux applications médicales et technologiques.

Les galères et les pistes d’avenir

Travailler avec des araignées n’est pas de tout repos. Leur grande diversité, leur génome compliqué et leur comportement cannibale compliquent vraiment la tâche en laboratoire.

Parallèlement aux recherches sur la soie fluorescente, l’équipe a aussi examiné d’autres aspects de l’édition génétique. Ils ont mis en place une technique de « CRISPR knockout » pour désactiver un gène précis, le gène so, suspecté d’influencer le développement des yeux. Les résultats ont montré que les araignées modifiées se retrouvaient sans yeux, confirmant ainsi le rôle de ce gène dans la formation des organes visuels.

Ce travail, piloté par le Dr Thomas Scheibel, pourrait bien changer notre manière de voir les matériaux biologiques et inciter à explorer encore plus ce domaine fascinant.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.