Depuis quelques années, les voitures électriques interrogent en France et bien au-delà. Bien que le gouvernement et les constructeurs automobiles aient multiplié les incitations, les Français semblent de plus en plus réticents à franchir le pas, selon deux sondages.
Voitures électriques : une adoption en recul malgré les efforts
Les chiffres sont révélateurs : seulement 22 % des Français envisagent d’acheter une voiture électrique dans les prochaines années, contre 33 % en 2021. Selon l’Ifop, cette baisse d’intérêt s’explique par une combinaison de méfiance, de méconnaissance et de préoccupations économiques. Les véhicules hybrides, qui combinent moteur thermique et électrique, séduisent en revanche davantage.
Malgré les avantages revendiqués, tels que le confort de conduite et des coûts d’entretien réduits, les utilisateurs actuels peinent à convaincre leur entourage. Jérôme Fourquet, directeur à l’Ifop, souligne que « le bouche-à-oreille reste limité », freinant la diffusion d’expériences positives.
Le coût élevé des voitures électriques est l’un des obstacles majeurs. Près de 47 % des sondés citent ce facteur comme leur principale raison de ne pas envisager un tel achat. À cela s’ajoute la complexité des mécanismes d’aides. Seulement 27 % des Français savent s’ils sont éligibles à ces subventions, et beaucoup estiment qu’elles restent insuffisantes pour compenser l’écart de prix avec les véhicules thermiques. Paradoxalement, sans ces aides, 77 % des foyers modestes et des jeunes affirment qu’ils renonceraient complètement à l’achat d’un véhicule électrique.
Un avenir encore incertain
L’enquête de CSA identifie cinq catégories principales d’attitudes :
- Les électro-sceptiques (37 %), méfiants, mais curieux d’en savoir plus.
- Les électro-allergiques (11 %), totalement opposés à l’idée d’un passage à l’électrique.
- Les électro-prudents (25 %), en attente d’une meilleure offre ou d’un contexte plus favorable.
- Les électro-enthousiastes (16 %), convaincus des avantages écologiques et économiques.
- Les mal informés (11 %), souvent éloignés des débats sur l’énergie.
Le scepticisme ambiant repose également sur des considérations environnementales. Selon Julie Gaillot, responsable de l’étude chez CSA, beaucoup de Français ne perçoivent pas clairement les bénéfices écologiques des véhicules électriques. Certains estiment que ces voitures polluent « peu ou prou » autant que les thermiques en raison de la fabrication des batteries (ce qui n’est pas complètement faux). De plus, les Zones à Faibles Émissions (ZFE), imposées dans plusieurs grandes villes, sont perçues comme une contrainte supplémentaire par les habitants des zones rurales et périurbaines.
En revanche, les experts, tels que Gilles Le Borgne, ancien directeur technique chez Renault, insistent sur les avantages mesurés. Il rappelle que « le cycle de vie d’un véhicule électrique émet trois à quatre fois moins de CO2 qu’un modèle thermique en France », notamment grâce à l’énergie décarbonée du pays.