Le 6 octobre 2024, le peuple du Kazakhstan avait voté pour la construction d’une première centrale nucléaire dans le pays. Après que Kassym-Jomart Tokaïev a annoncé que sa construction serait confiée à un consortium international, différents pays se poussent les coudes pour y participer.
Centrale nucléaire : un programme fort pour présenter l’offre française
Qui construira la première centrale nucléaire du Kazakhstan ? Alors que la question reste en suspens, différents pays avancent leurs pions. Du 4 au 6 décembre 2024, une délégation kazakhe menée par le ministre de l’Énergie, Almasadam Satkaliyev, a effectué une visite de travail en France, l’un des pays désignés comme candidats. Au cours de leur séjour, les représentants kazakhs ont eu des discussions avec des figures clés du gouvernement français, notamment le ministre délégué au Commerce extérieur ainsi que le ministre délégué chargé de l’Énergie. La délégation a également rencontré plusieurs acteurs majeurs de l’industrie nucléaire française, dont EDF, principal opérateur des centrales nucléaires en France, ainsi que Framatome, concepteur et fabricant d’équipements pour les centrales. Arabelle Solutions, spécialiste des turbines nucléaires, a aussi été impliquée dans ces discussions, témoignant de l’intérêt des entreprises françaises à contribuer à ce projet ambitieux.
Outre ces rencontres industrielles, les délégués kazakhs ont visité des installations françaises emblématiques, telles que le centre de crise de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et une usine de fabrication d’équipements pour centrales nucléaires. Ces visites ont illustré l’expertise et le savoir-faire technologique français, des atouts que Paris souhaite mettre en avant pour décrocher ce contrat stratégique. La France, où l’énergie nucléaire représente environ 70% de la production d’électricité, apparaît comme un partenaire incontournable dans ce projet, alliant expérience, innovation et capacité à répondre aux défis énergétiques de demain.
Centrale nucléaire : la Russie souhaite faire partie du consortium, le Kazakhstan se montre réticent
La Russie, elle aussi, espère participer à ce « chantier du siècle ». « La société publique russe dispose de compétences et solutions techniques uniques, qui n’ont pas d’équivalents à l’étranger, et est prête pour de nouveaux projets d’envergure avec le Kazakhstan », écrivait Vladimir Poutine en référence à Rosatom dans une tribune publiée dans le journal Kazakhstanskaya Pravda le jour de sa visite d’État à Astana, le 27 novembre 2024. Le 7 novembre 2024, c’est Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères de Vladimir Poutine, en visite à Astana, déclarait que « Rosatom est prêt à mettre à disposition du Kazakhstan ses compétences pour la construction de la centrale nucléaire ».
Le ministre kazakh de l’Énergie, Almasadam Satkaliev, ne souhaite cependant pas afficher la volonté de son gouvernement d’avoir recours aux services des Russes. Dans une réponse lors des Questions au gouvernement au parlement kazakh, le 25 novembre 2024, il a souligné que ce dossier ne serait abordé lors de la visite de Vladimir Poutine que si la délégation russe en prend l’initiative. « Si ce dossier est évoqué par la Russie, alors nous sommes prêts à en discuter. Une commission gouvernementale a été créée au Kazakhstan pour étudier les propositions de tous les fournisseurs sur une base concurrentielle. »
En tout, pour ce projet de centrale nucléaire, le Kazakhstan est en train d’étudier les offres de quatre pays. Il s’agit des pays qui disposent de centrales nucléaires de même type que celle que souhaite le Kazakhstan. « En ce qui concerne l’acceptabilité de certaines technologies de réacteur pour la construction de centrales nucléaires au Kazakhstan, le Centre nucléaire national a élaboré des critères préliminaires pour évaluer les technologies de réacteur proposées, dont les principaux déterminent les éléments suivants : le réacteur doit être une référence un, c’est-à-dire avoir un modèle déjà construit et une expérience d’exploitation positive ; la centrale nucléaire basée sur le réacteur en question doit appartenir à la génération III ou III+ ; le réacteur devrait être un réacteur à neutrons thermiques eau-eau à double circuit, car c’est le plus répandu et le plus éprouvé au monde ; La plage de puissance du réacteur devrait être comprise entre 1 000 et 1 400 MW », avait détaillé Erlan Batyrbekov, directeur général du Centre nucléaire national du Kazakhstan, dans un entretien à l’agence Kazinform en juillet 2024.
Ces quatre pays sont donc la France, dont EDF exploite le réacteur EPR-1200, la société russe Rosatom avec le réacteur VVER-1200, la société coréenne KHNP avec le réacteur APR-1400 et la société chinoise SNNC avec le réacteur HPR-1000.
Énergies renouvelables : la Russie, la France, la Chine et l’Arabie saoudite ont des intérêts au Kazakhstan
Les énergies renouvelables, au sens classique du terme, suscitent elles aussi l’intérêt d’acteurs étrangers. Le gouvernement du Kazakhstan s’est fixé l’objectif d’augmenter la capacité des énergies renouvelables de 26,5 GW d’ici à 2035, ce qui passera par la mise en service de parcs éoliens d’une capacité totale de 9 GW. Au cours de la prochaine décennie, cinq entreprises – Masdar, TotalEnergies, ACWA Power, Unigreen Energy et China Power International Holding – construiront chacune un parc éolien de 1 GW.
À ce jour, le Kazakhstan dispose de 147 installations d’énergie renouvelable, d’une puissance cumulée de 2,9 GW.